Khamenei, la cause des maux de l’Iran et l’obstacle à tout accord avec Washington

Le discours du Guide suprême à l’occasion du Nouvel An iranien a révélé son attachement à sa ligne dure, en totale contradiction avec une dynamique diplomatique cherchant à trouver des brèches pour sortir de la crise et briser l’impasse des négociations avec les puissances occidentales.
L’Iran évolue sur deux lignes contradictoires : l’une diplomatique, menée par plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghtchi, qui cherche à exploiter des failles ou à créer une ouverture permettant de lever les sanctions et d’atténuer la crise économique, qui menace de déclencher des troubles sociaux. L’autre est incarnée par le Guide suprême, Ali Khamenei, qui tient régulièrement des propos intransigeants, contrecarrant ainsi les efforts visant à résoudre la crise et à débloquer les négociations avec les puissances occidentales, notamment les États-Unis.
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Dans ce contexte d’oppositions internes, Khamenei apparaît comme l’un des principaux obstacles de l’Iran et le responsable du blocage de tout accord nucléaire qui pourrait pourtant sauver Téhéran d’une des pires crises de son histoire, une crise qui s’est aggravée depuis l’arrivée au pouvoir du président républicain Donald Trump.
Bien que Trump ait manifesté une certaine souplesse pour parvenir à un nouvel accord mettant fin aux menaces nucléaires et aux activités iraniennes déstabilisatrices dans la région, il n’a pas renoncé pour autant à sa politique de « pression maximale ». Celle-ci est alimentée par les positions radicales de Khamenei, qui sapent les efforts diplomatiques et entraînent une escalade dont le peuple iranien est la première victime.
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Dans un rapport publié lundi, le journal français Le Monde souligne que le discours du Guide suprême à l’occasion du Nouvel An iranien (Norouz) reflète son attachement à une ligne dure, s’opposant à toute négociation avec les États-Unis, en dépit de la situation critique dans laquelle se trouve son pays.
Ce discours du plus haut dignitaire politique et religieux d’Iran va à l’encontre des efforts diplomatiques menés par Abbas Araghtchi, qui a exprimé la disposition de son pays à négocier, tout en réaffirmant sa capacité à faire face à une guerre. Cette rhétorique ambiguë est fréquemment employée par les responsables iraniens pour ne pas afficher de signe de faiblesse face à leurs adversaires.
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La République islamique, qui a longtemps excellé dans l’art de la manœuvre et de la ruse pour contourner les pressions occidentales, traverse aujourd’hui une phase critique après l’affaiblissement du Hezbollah libanais – l’un de ses alliés les plus influents – et la chute de son soutien historique, le président syrien déchu Bachar al-Assad.
Téhéran se retrouve avec une marge de manœuvre de plus en plus réduite, ce que la diplomatie iranienne mesure parfaitement, surtout après l’effondrement du Hezbollah, la défaite du régime d’Assad et l’affaiblissement du Hamas à Gaza. Désormais, l’Iran tente de retrouver son équilibre dans la région en soutenant les Houthis au Yémen et en alimentant le chaos en Syrie, selon de nombreuses analyses.
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L’Iran mise également sur l’Irak, où il exerce une influence considérable grâce à des milices chiites armées. Toutefois, même Bagdad commence à ressentir le poids de cette emprise et craint d’être exposé à des sanctions américaines ou à des frappes israéliennes.
Selon le journal français, Hamza Haddad, chercheur au Conseil européen des relations internationales, estime que « dans l’hypothèse d’un affrontement avec Washington, il est peu probable que les Irakiens se précipitent pour secourir l’Iran, car son bilan au Liban et en Syrie a terni l’image de sa puissance réelle. »
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Téhéran s’attend à une année difficile en l’absence d’un accord avec Washington, d’autant que les menaces israéliennes visant ses installations nucléaires restent persistantes. L’Iran a pu constater au cours des derniers mois jusqu’où Israël est prêt à aller dans ses avertissements.
Néanmoins, Khamenei, qui détient le pouvoir absolu sur les affaires intérieures et étrangères du pays, ne semble pas préoccupé. La prolongation des tensions sert ses intérêts en lui permettant de se maintenir au pouvoir, tout comme le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui s’appuie sur l’escalade pour éviter la chute et la reddition de comptes.
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La question de la succession du Guide suprême reste un sujet sensible et stratégique, ayant un impact majeur sur l’avenir de l’Iran, influençant ses politiques internes et ses relations extérieures.
En 2024, un membre de l’Assemblée des experts a affirmé qu’un successeur à Khamenei avait déjà été désigné, sans révéler son identité pour des raisons de sécurité. Cette déclaration confirme que la question de la succession reste complexe et entourée de nombreuses spéculations, rendant difficile toute prédiction sur la personnalité qui sera choisie ou les conséquences qui en découleront.
Mais selon la majorité des analystes, aucun changement n’est envisageable tant que Khamenei restera en poste et qu’aucune figure plus équilibrée, pragmatique et réaliste ne prendra sa place.