Kaïs Saïed se concentre sur le dossier du phosphate comme une carte pour surmonter la crise économique
Le président tunisien Kaïs Saïed semble s’intéresser de plus en plus au dossier des phosphates, car il s’agit d’un document important pour surmonter la crise économique et financière que traverse le pays. Des économistes affirment qu’un réalignement de la matière à l’étranger par rapport à ce qu’il était avant la révolution pourrait répondre aux besoins de la Tunisie en devises fortes et donc ne pas avoir recours à un prêt du FMI d’environ 1,9 milliard de dollars.
Lors de sa présidence de la réunion du Conseil national de sécurité mercredi après-midi, il a évoqué un dossier sur la production de phosphate qui a connu une crise post-révolutionnaire en raison, entre autres, de conflits avec les syndicalistes de la Compagnie des phosphates de Gafsa, ainsi qu’avec des personnes impliquées dans la corruption dans le secteur qui cherchaient à interrompre la production et à empêcher le transport ferroviaire de la matière.
Selon une déclaration de la présidence tunisienne, il y a plus de 10 ans, le secteur se trouve dans une situation difficile, situation inacceptable à tous égards.
Il a ajouté: « Le phosphate tunisien est l’une des plus belles espèces du monde, et on peut en extraire 10 millions de tonnes par an ».
Les phosphates représentaient environ 10 % des exportations de la Tunisie avant 2011, quand l’huile d’olive a été remplacée par celle d’exportateur. En 2018, la part des phosphates dans les exportations a chuté à environ 4 %.
Il a indiqué que le secteur pouvait fournir beaucoup au budget de l’État et que la Tunisie évitait d’emprunter à l’étranger, soulignant que cela conduirait au rétablissement de l’État et de l’économie tunisiens.
Il a appelé à mettre un terme à la situation difficile du secteur, en rappelant clairement qu’il fallait faire face aux organes de l’État à toutes les parties qui empêchaient la production de phosphate de manière continue pour leurs propres intérêts et qui étaient de ce fait préjudiciables à l’économie nationale.
Le président tunisien parle du fichier de transport ferroviaire de phosphate ainsi que de la corruption définie par l’accord d’achat de wagons non navigables sur la ligne ferrée reliant la région du bassin minier aux ports d’exportation, en particulier dans la wilaya de Sfax.
Depuis le soulèvement de 2011 qui a mis fin au règne de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, la Phosphate Company a affecté des milliers d’employés à des travaux environnementaux après une vague de protestations appelant à l’emploi et au développement, qui a provoqué l’arrêt total de la production de phosphate pendant périodes de plusieurs mois.
Les grèves et l’arrêt de la production de phosphate, une industrie vitale pour la Tunisie et une source importante de devises étrangères, ont causé une perte de 10 milliards de dollars depuis le soulèvement de 2011.
L’économiste Moez El Goudi affirme dans une déclaration à la chaîne privée IX mardi que la réexportation complète des phosphates et le rétablissement de la confiance des marchés étrangers en Tunisie permettraient de sauver l’économie nationale et que les Tunisiens n’ont donc pas besoin d’un prêt du FMI.
Cependant, les observateurs estiment que cette étape nécessite la force des organes de l’État pour confronter certaines parties, notamment les syndicats, qui vont faire échouer les efforts de restauration de la confiance dans les phosphates tunisiens, ce qui explique la rencontre de Kaïs Saïed avec les membres du Conseil de sécurité nationale.