« Je ne peux plus marcher » : quand les journalistes, les affamés et les secouristes s’effondrent à Gaza

Au cœur d’une crise humanitaire sans précédent, la faim atteint des niveaux alarmants à Gaza, où survivre est devenu un défi quotidien pour tous.
Dans ce contexte, des dizaines d’organisations humanitaires internationales alertent sur les dangers que représente le blocus israélien empêchant l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, mettant directement en péril la vie des médecins, des secouristes et des travailleurs humanitaires.
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Parallèlement, une grande agence de presse internationale a annoncé qu’elle tentait d’évacuer ses derniers journalistes sur place, qualifiant la situation d’« insoutenable ».
Dans une déclaration commune publiée ce mercredi, 111 ONG internationales ont appelé Israël à lever son blocus, à permettre un rétablissement complet des flux de nourriture, d’eau potable et de médicaments vers Gaza, et à accepter un cessez-le-feu.
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Le communiqué, signé notamment par Médecins Sans Frontières, Amnesty International et le Conseil norvégien pour les réfugiés, déclare : « Tandis que le blocus israélien affame la population de Gaza, les humanitaires se retrouvent eux-mêmes dans les files d’attente pour la nourriture, risquant leur vie simplement pour nourrir leurs familles. »
Les signataires soulignent que les stocks sont épuisés et que les humanitaires « voient mourir leurs collègues et partenaires sous leurs yeux ».
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Israël rejette les accusations
Cette déclaration fait suite à une critique sévère émise par 28 pays occidentaux accusant Israël de laisser passer l’aide « au compte-gouttes ».
Israël, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, a rejeté ce communiqué – non signé par les États-Unis – le qualifiant de « déconnecté de la réalité ».
La représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Kaja Kallas, a réagi sur X (ex-Twitter) en déclarant : « Tuer des civils en quête d’aide est injustifiable. »
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Selon le ministère palestinien de la Santé, 15 personnes, dont 4 enfants, sont mortes de faim au cours des dernières 24 heures.
Le Dr Mohamed Abou Salmiya, directeur de l’hôpital Al-Shifa, a confié à CNN que « les cas de malnutrition et de famine arrivent en continu dans les hôpitaux de Gaza ».
Avant le déclenchement de la guerre en octobre 2023, Gaza dépendait déjà fortement de l’aide et des importations alimentaires.
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Israël impute à Hamas la responsabilité des restrictions, accusant le mouvement de détourner l’aide à son profit, ce que Hamas dément.
Israël critique également les agences onusiennes, les accusant de ne pas réceptionner les cargaisons prêtes à être acheminées.
L’ONU, pour sa part, affirme que les forces israéliennes refusent souvent l’autorisation de faire circuler l’aide dans Gaza, où des milliers de tonnes sont en attente.
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Polémique autour de la Fondation d’aide humanitaire de Gaza
Les ONG ont aussi critiqué la Fondation d’aide humanitaire de Gaza, soutenue par Israël et les États-Unis, dénonçant une logistique dangereuse.
Selon Juliette Touma, porte-parole de l’UNRWA, « chercher de la nourriture est devenu aussi dangereux que d’être sous les bombes ».
Elle a qualifié les distributions de cette fondation de « piège mortel sadique », évoquant des tirs de snipers sur des foules affamées.
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« Les médecins, infirmiers, journalistes, humanitaires, tous sont affamés… certains s’évanouissent d’épuisement », ajoute-t-elle.
Mourir pour un morceau de pain
Depuis le 21 juillet, 1054 personnes ont été tuées en tentant d’obtenir de la nourriture à Gaza, selon le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
L’armée israélienne reconnaît avoir tiré des coups de semonce mais nie toute responsabilité directe.
En juin, Israël a annoncé avoir réorganisé les points de distribution pour « éviter les frictions », sans empêcher les décès.
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Récemment, la Fondation de Gaza a admis pour la première fois la mort de 20 personnes lors d’une distribution, dont 19 piétinées.
Journalistes à bout de souffle
L’Agence France-Presse (AFP) a annoncé mardi qu’elle tentait d’évacuer ses derniers collaborateurs à Gaza.
En raison du blocus, les journalistes palestiniens sont les seuls à rapporter les faits depuis le terrain.
Le syndicat de l’AFP a averti que certains journalistes « sont trop faibles pour travailler » et risquent la mort.
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Le photojournaliste Bachar Taleb a déclaré : « Je n’ai plus la force de couvrir les événements. Mon corps est si affaibli que je ne peux plus marcher. »
Il vit depuis février avec sa famille dans les ruines de sa maison. L’un de ses frères s’est effondré de faim.
Une autre journaliste, Ahlem, affirme : « À chaque sortie, je ne sais pas si je vais revenir vivante. »
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Depuis janvier, huit employés de l’AFP et leurs familles ont pu être évacués. L’agence appelle Israël à autoriser les évacuations restantes.
D’après le CPJ, la guerre actuelle est la plus meurtrière pour les journalistes depuis 30 ans : au moins 186 ont été tués, et 89 arrêtés.
L’AFP conclut : « Jamais, depuis 1944, nous n’avons vu nos collègues mourir de faim. »
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