Israël rouvre le passage de Rafah et Trump avertit le Hamas contre toute escalade

Israël a décidé d’assouplir les restrictions sur l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza après la remise des dépouilles de quatre otages par le Hamas, selon ce qu’a rapporté mercredi la chaîne publique israélienne Kan.
L’organisme a précisé que le gouvernement israélien avait annulé les mesures punitives qu’il envisageait d’imposer au mouvement, notamment la réduction de moitié du nombre de camions d’aide autorisés à entrer dans le territoire, à la suite de la remise des corps.
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Remise des dépouilles et désamorçage de l’escalade
La décision est intervenue après que le Hamas, par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge, a livré quatre cercueils supposés appartenir à des otages israéliens tués lors de leur détention à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre 2023. Des responsables israéliens ont indiqué que le mouvement avait informé les médiateurs de son intention de transférer les dépouilles mardi soir, ce qui a effectivement eu lieu.
Israël avait auparavant menacé de réduire l’aide et de retarder l’ouverture des points de passage en réaction à ce qu’elle considérait comme une violation de l’accord de cessez-le-feu, du fait du retard du Hamas dans la restitution des corps.
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Cette évolution a coïncidé avec des déclarations du président américain Donald Trump, qui a averti le Hamas d’une confrontation militaire s’il ne déposait pas les armes. De retour d’une visite au Moyen-Orient, il a affirmé que son pays « contraindrait le mouvement à se désarmer rapidement, et peut-être par la force », soulignant que la poursuite de la trêve dépendait du respect de l’accord par le Hamas.
Trump avait tenu ces propos après un discours devant la Knesset israélienne, où il qualifiait l’accord de cessez-le-feu d’« aube historique pour un nouveau Moyen-Orient », tout en annonçant un plan visant à mettre fin à la guerre et à libérer les otages restants.
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Retour des tensions à Gaza
Malgré la trêve, Gaza a connu une recrudescence de tensions sécuritaires. Des séquences vidéo ont montré des combattants du Hamas procédant à des exécutions sommaires de personnes accusées de collaboration avec Israël. Une source du mouvement a confirmé l’authenticité des images, les présentant comme des mesures de « maintien de l’ordre interne ».
Des habitants ont rapporté que des combattants du Hamas avaient repris position dans les rues principales par lesquelles transitent les convois humanitaires. Par ailleurs, des sources sécuritaires palestiniennes ont fait état d’affrontements sanglants ces derniers jours entre membres du Hamas et leurs rivaux.
Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé la mort de six personnes dans des frappes de drones israéliens à l’est de Gaza et de Khan Younès. Le Hamas a accusé l’armée israélienne de violer la trêve, accusation démentie par Tel-Aviv, qui affirme que les tirs visaient des infiltrés approchant de ses positions.
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Un paysage humanitaire tragique
Sur le terrain, les signes indiquent que l’enclave épuisée affronte un niveau massif de destruction après deux années de guerre, qui ont fait des dizaines de milliers de morts et de blessés. Le ministère de la Santé de Gaza évoque plus de 68 000 morts, tandis qu’Israël estime que l’attaque du Hamas en 2023 a causé environ 1 200 morts et la capture de 251 otages.
Avec le début du cessez-le-feu, des équipes affiliées au Hamas s’emploient à dégager les décombres, rouvrir les routes pour l’acheminement de l’aide et réparer les réseaux d’eau, alors que des avertissements soulignent le risque d’aggravation de la crise humanitaire si les secours ne reprennent pas rapidement à un rythme soutenu.
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Des obstacles à une paix durable
Le sommet organisé par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avec la participation de Trump s’est conclu sans progrès notable vers la formation d’un nouveau gouvernement à Gaza ni vers la création d’une force internationale de supervision. Israël maintient en effet que la guerre ne prendra fin qu’avec le désarmement du Hamas et son retrait de l’administration du territoire, ce que le mouvement rejette.
Affaibli militairement par deux années de bombardements et d’incursions terrestres, le Hamas tente toutefois de rétablir progressivement son contrôle administratif et sécuritaire, affirmant qu’il « ne tolérera ni chaos ni criminalité dans la bande de Gaza ».
Si certains développements sur le terrain laissent entrevoir une relative accalmie, les observateurs estiment que la route vers une solution durable demeure jalonnée d’obstacles politiques et humanitaires, et que le passage de Rafah, malgré sa réouverture, reste le symbole de la fragilité de la trêve et de l’incertitude entourant l’avenir de la paix à Gaza.