Israël exerce des pressions politiques pour contenir les plans égyptiens de réarmement

Le magazine hébreu Epoch a révélé que le gouvernement israélien a mis en garde contre le soutien technologique croissant que reçoit Le Caire de la part de Pékin dans le domaine des systèmes de défense aérienne avancés.
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Dans un contexte de tensions régionales accrues et de transformations militaires rapides au Moyen-Orient, les milieux sécuritaires et politiques israéliens suivent avec une grande inquiétude les efforts déployés par l’Égypte pour moderniser ses capacités militaires, notamment dans le domaine de la défense aérienne et des missiles balistiques. Bien qu’un traité de paix de longue date lie les deux pays, Israël considère que l’essor potentiel des capacités militaires égyptiennes constitue un défi stratégique non négligeable, susceptible de redessiner les équilibres régionaux, d’autant plus avec l’implication d’acteurs internationaux tels que la Chine et l’Iran.
Selon un rapport publié par le site du magazine politique israélien Epoch, le gouvernement israélien a déjà entamé des démarches politiques visant à contenir ce qu’il considère comme une « montée injustifiée » de la puissance militaire égyptienne. Le rapport cite des sources sécuritaires israéliennes affirmant que Tel-Aviv exprime régulièrement ses préoccupations lors de réunions à huis clos avec des hauts responsables de l’administration américaine, mettant en garde contre le soutien technologique croissant que reçoit l’Égypte de la Chine, et parfois de l’Iran, en matière de systèmes de défense aérienne avancés.
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Le rapport souligne que l’attention israélienne se concentre particulièrement sur les programmes de développement des missiles égyptiens, ainsi que sur la modernisation des systèmes de défense aérienne, dont les performances pourraient approcher celles de systèmes tels que le Patriot ou le S-400. Israël estime que, même si ces capacités ne représentent pas une menace immédiate, elles modifient les règles du jeu sur le long terme et risquent de compromettre sa capacité de manœuvre ou de dissuasion en cas de conflit régional de grande ampleur.
Dans ce contexte, le magazine Israel Defense, affilié à l’armée israélienne, a mis en lumière une nouvelle acquisition par Le Caire du système chinois avancé HQ-9B, basé sur une technologie russe. Le magazine qualifie cet achat de « pas majeur vers le renforcement de la capacité de l’Égypte à protéger son espace aérien contre les menaces potentielles ».
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Ce système, connu pour sa longue portée et sa capacité à intercepter des missiles de croisière et des avions furtifs, permet à l’Égypte d’imposer de nouvelles règles de dissuasion dans le ciel du Moyen-Orient. Des experts israéliens y voient un tournant stratégique qui pourrait placer Israël face à une dissuasion non conventionnelle, notamment si cela s’accompagne de développements dans les missiles de précision.
Cette inquiétude israélienne n’est pas nouvelle, mais elle s’est accentuée ces dernières années. Dans une déclaration controversée, l’ancien ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, Danny Danon, s’était interrogé sur les justifications derrière l’armement massif de l’armée égyptienne en sous-marins et en chars, affirmant que « la quantité et la qualité suscitent des suspicions ».
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Danon n’avait pas seulement exprimé ses craintes, mais avait aussi demandé à l’administration américaine de réévaluer son aide militaire au Caire, estimant que le renforcement continu de l’armée égyptienne allait à l’encontre du « nécessaire équilibre militaire » dans la région.
Malgré l’agitation médiatique israélienne, Le Caire reste silencieux face à ces rapports et n’a émis aucune déclaration officielle concernant ses récents contrats de défense aérienne ou ses partenariats technologiques avec des acteurs étrangers. Des observateurs estiment que ce silence fait partie d’une stratégie égyptienne bien rodée visant à renforcer les capacités militaires sans engager de confrontations médiatiques, en particulier compte tenu des défis sécuritaires internes et frontaliers auxquels l’Égypte fait face.
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Des sources sécuritaires israéliennes considèrent que ce « flou délibéré » égyptien alimente les inquiétudes à Tel-Aviv, où les services de renseignement craignent que certains projets de développement de missiles soient menés en coopération avec des acteurs peu appréciés d’Israël, notamment la Chine et l’Iran.
Même si les relations diplomatiques et sécuritaires entre Le Caire et Tel-Aviv sont parmi les plus stables de la région depuis la signature des accords de Camp David en 1979, Israël continue de considérer l’Égypte comme une « puissance dormante » qui, si elle se réveille militairement, pourrait devenir un acteur central rivalisant pour la domination régionale, voire entravant la liberté d’action militaire israélienne dans certains scénarios stratégiques.
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Alors qu’Israël est impliqué dans plusieurs conflits avec des puissances non conventionnelles, telles que le Hezbollah et l’Iran, sa supériorité aérienne et en matière de renseignement demeure son principal atout de sécurité. Toute amélioration des capacités de défense d’un grand voisin – même signataire d’un traité de paix – est donc perçue comme un facteur contraignant.
La région semble ainsi entrer dans une phase de recomposition des équilibres traditionnels. Tandis que les États-Unis s’efforcent de maintenir leur influence parmi leurs alliés, des puissances comme la Chine comblent les vides en nouant des partenariats militaires et économiques avec des États clés comme l’Égypte. Cette imbrication internationale dans les dossiers de défense accentue les craintes israéliennes, elle qui a longtemps dominé la scène militaire régionale.
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Dans ce cadre, la relation entre Le Caire et Tel-Aviv restera soumise à des épreuves continues, non pas à cause de différends politiques, mais à cause de l’évolution des équilibres de puissance et des rivalités d’influence au Moyen-Orient, dans une période où les alliances militaires paraissent plus fragiles que jamais.