Moyen-Orient

Hezbollah menace le Liban d’une bataille à la manière de Karbala pour préserver ses armes


Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Qassem, a mis en garde vendredi contre les conséquences du désarmement de son mouvement, accusant le gouvernement de « livrer » le Liban à Israël par sa décision de retirer les armes du Hezbollah. Il a averti que cette mesure pourrait déboucher sur « une guerre civile » et a menacé d’une « bataille de Karbala », dans un discours au ton offensif susceptible d’exacerber les tensions internes dans un pays encore marqué par les répercussions de la dernière guerre.

Début août, le gouvernement avait décidé de désarmer le Hezbollah, confiant à l’armée la mission d’élaborer un plan pour y parvenir d’ici la fin de l’année. Cette décision intervient dans un contexte de pressions américaines sur les autorités libanaises et de craintes que Tel-Aviv ne mette à exécution ses menaces d’une nouvelle offensive militaire, quelques mois après une confrontation majeure ayant infligé de lourdes pertes au mouvement.

Le Hezbollah, soutenu par Téhéran, avait déjà exprimé son refus catégorique de ce projet. Les propos de Qassem, vendredi, surviennent deux jours après sa rencontre à Beyrouth avec le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, Ali Larijani, ce qui illustre un soutien iranien inédit aux positions du mouvement. Les autorités libanaises rejettent toutefois cette ingérence, la considérant comme une atteinte à leur souveraineté.

Le président libanais Joseph Aoun a réaffirmé, lors de son entretien avec Larijani, le refus du Liban de toute intervention étrangère dans ses affaires internes, en réponse aux déclarations de responsables iraniens ayant manifesté leur opposition au plan gouvernemental de désarmement du Hezbollah, que Téhéran finance et arme.

Dans une allocution télévisée à l’occasion de l’Arbaïn de l’imam Hussein, Qassem a déclaré : « Le rôle du gouvernement est d’assurer la stabilité et de reconstruire le Liban, et non de livrer le pays à un envahisseur israélien insatiable ou à un tyran américain au désir illimité. Mais ce gouvernement exécute l’ordre américano-israélien de mettre fin à la résistance, même si cela entraîne une guerre civile et une discorde interne. »

Il a insisté : « La résistance ne remettra pas ses armes. L’agression se poursuit, l’occupation perdure, et nous mènerons, si nécessaire, une bataille à la manière de Karbala contre ce projet israélo-américain, quel qu’en soit le prix. Nous sommes convaincus que nous remporterons cette bataille. »

Qassem a également averti que les manifestations contre le désarmement pourraient « atteindre l’ambassade américaine » à Beyrouth. Il a précisé : « Nous avons envisagé des actions de rue, mais la direction du Hezbollah et celle du mouvement Amal ont convenu de reporter cette option afin de privilégier le dialogue avant d’en arriver à une confrontation que personne ne souhaite. Mais si le moment vient, les manifestations se propageront dans tout le Liban et iront jusqu’à l’ambassade américaine, pour défendre la vérité et affirmer notre présence. »

La décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah est sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), période durant laquelle toutes les milices avaient remis leurs armes à l’État, à l’exception du Hezbollah, qui avait conservé son arsenal au nom de la « résistance à Israël ».

Jusqu’à récemment, le Hezbollah constituait la force politico-militaire la plus influente du pays, bénéficiant de l’appui de Damas et de Téhéran. Mais l’équilibre des forces a changé avec la formation de l’actuel gouvernement : le mouvement est ressorti affaibli de son dernier conflit avec Israël l’an dernier, une guerre de près d’un an qui a coûté la vie à de nombreux commandants et détruit une partie importante de son arsenal.

Téhéran elle-même a subi un revers important à la suite d’un conflit avec Israël en juin dernier, d’une durée de 12 jours, et la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie à la fin de l’année dernière a accentué sa perte d’influence.

L’offensive israélienne lancée le 8 octobre 2023 contre le Liban s’est transformée en guerre totale le 23 septembre 2024, causant plus de 4 000 morts et environ 17 000 blessés.

Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre 2024, mais Israël l’a violé plus de 3 000 fois, provoquant la mort de 281 personnes et en blessant 591 autres, selon les données officielles. En dépit de cet accord, l’armée israélienne n’a procédé qu’à un retrait partiel du sud du Liban et continue d’occuper cinq collines conquises lors du dernier conflit.

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