Politique

Guerre en Ukraine et têtes nucléaires : que veut Poutine du sommet d’Alaska ?


Il semble que le sommet d’Alaska entre les présidents américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine ne portera pas uniquement sur la guerre en Ukraine.

À la veille de cette rencontre, Vladimir Poutine a déclaré que leurs deux pays pourraient conclure un nouvel accord sur les armes nucléaires, dans le cadre d’efforts plus larges pour promouvoir la paix.

Si l’ordre du jour officiel met l’Ukraine au centre des discussions, la question nucléaire s’invite également. Poutine est soumis à la pression de Trump pour accepter de mettre fin au conflit qui dure depuis plus de trois ans et demi en Ukraine. Moscou affirme que ce dossier s’inscrit dans un ensemble de questions de sécurité plus vastes, ayant porté les tensions Est-Ouest à un niveau critique, inédit depuis la Guerre froide.

Alors que les forces russes progressent lentement en Ukraine, Poutine refuse les appels de Kiev à un cessez-le-feu complet et immédiat. Toutefois, si le sommet débouche sur une avancée en vue d’un nouveau traité de limitation des armes, Poutine pourra se présenter comme acteur engagé en faveur de la paix mondiale, ce qui pourrait l’aider à convaincre Trump que le moment n’est pas propice à l’imposition de nouvelles sanctions contre la Russie, notamment sur le pétrole et ses autres exportations majeures.

Ce positionnement pourrait s’inscrire dans une stratégie plus large d’amélioration des relations avec Washington, incluant des enjeux économiques et commerciaux que le Kremlin juge largement sous-exploités.

Pourquoi Poutine évoque-t-il sans cesse l’arsenal nucléaire russe ?
Depuis le début de la guerre, Poutine formule des menaces voilées sur l’usage potentiel de missiles nucléaires, avertissant qu’une confrontation directe avec Moscou pourrait déclencher une Troisième Guerre mondiale. Ces menaces se sont traduites par des déclarations, des manœuvres militaires et un abaissement des seuils à partir desquels la Russie pourrait employer ces armes.

La possession par la Russie de l’arsenal nucléaire le plus important au monde lui confère une influence stratégique bien supérieure à sa puissance militaire ou économique conventionnelle, permettant à Poutine de se positionner à égalité avec Trump sur la scène sécuritaire mondiale.

Combien d’armes nucléaires possèdent la Russie et les États-Unis ?
Selon la Fédération des scientifiques américains, la Russie disposerait de 4 309 ogives nucléaires dans ses stocks militaires, contre 3 700 pour les États-Unis. La Chine arrive en troisième position avec environ 600 ogives.

Que prévoit l’actuel traité nucléaire entre les deux pays ?
En 2010, Barack Obama et Dmitri Medvedev ont signé le traité New START, limitant à 1 550 le nombre d’ogives nucléaires stratégiques que chaque pays peut déployer, et à 700 le nombre de missiles balistiques intercontinentaux et bombardiers lourds. Ces armes visent à frapper les centres névralgiques militaires, économiques et politiques de l’ennemi.

Entré en vigueur en 2011, le traité a été prolongé en 2021 pour cinq ans, après l’arrivée au pouvoir de Joe Biden. Mais en 2023, Poutine a suspendu la participation de la Russie, tout en affirmant respecter les plafonds fixés. Il doit expirer le 5 février 2026, et sans prolongation ou nouvel accord, les experts craignent un dépassement des limites prévues.

Le mois dernier, Trump a exprimé pour la première fois son souhait de maintenir les restrictions du traité, déclarant le 25 juillet : « Ce n’est pas le genre d’accord que vous voulez voir expirer. Quand les limites nucléaires disparaissent, le danger devient immense. »

Quels autres points de tension nucléaire existent ?
Récemment, Trump a indiqué avoir ordonné le déploiement de deux sous-marins nucléaires près de la Russie en réaction à des propos menaçants attribués à Medvedev. Le Kremlin a minimisé l’incident, tout en appelant à « une extrême prudence » dans le discours nucléaire.

Un autre front de tensions se profile autour des missiles à courte et moyenne portée pouvant transporter des têtes nucléaires. En 2019, Trump avait retiré les États-Unis d’un traité interdisant leur déploiement terrestre, accusant Moscou de violations, ce que la Russie nie.

Washington prévoit de stationner en Allemagne, à partir de 2026, des missiles SM-6, Tomahawk et des armes hypersoniques jusque-là installées uniquement sur des navires. En riposte, Moscou a déclaré ne plus se considérer liée par aucune limitation quant au déploiement de ses missiles de portée intermédiaire.

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