Société

Fuite dans l’obscurité : Des Palestiniens fuient sous les bombardements à la recherche de sécurité


Le journal américain The New York Times a confirmé qu’avec l’intensification de l’offensive militaire israélienne sur la bande de Gaza, de nombreuses familles palestiniennes ont dû fuir à nouveau leurs maisons, qu’elles venaient tout juste de regagner durant la trêve temporaire.

Le journal a ajouté que l’armée israélienne avait élargi son offensive dans plusieurs zones du nord et du sud du territoire, en émettant de nouveaux ordres d’évacuation. Ces décisions ont contraint des centaines de familles à quitter précipitamment leurs habitations.

Fuite massive depuis Rafah

Dans la ville de Rafah, située au sud de la bande de Gaza, les attaques militaires israéliennes ont poussé des milliers de familles à fuir le quartier de Tel Sultan, proche de la frontière avec l’Égypte.

Dimanche, les habitants ont dû fuir à pied avant que les forces israéliennes ne bouclent complètement la zone plus tard dans la journée.

Le journal a souligné que nombre de ces déplacés avaient déjà vécu une expérience similaire au début de la guerre à Gaza. Ils ont dû emprunter des routes précises sous les bombardements, ne pouvant emporter que le strict nécessaire, et cela en plein mois de Ramadan, période durant laquelle les musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil.

Une situation humanitaire désastreuse

Les personnes ayant fui Tel Sultan se sont dirigées vers Khan Younès, où elles ont fait face à un manque critique d’abris et d’aide humanitaire essentielle.

Selon l’administration locale de Rafah, ces réfugiés se sont retrouvés sans aucun abri, en l’absence totale de tentes et de fournitures de première nécessité.

Effondrement de la trêve et reprise des violences

La reprise de l’offensive israélienne sur Gaza la semaine dernière est intervenue après l’échec des négociations visant à prolonger la trêve temporaire conclue avec le Hamas, un accord qui avait débuté à la mi-janvier. Cette trêve visait à ouvrir la voie à une fin de la guerre, déclenchée après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Avec l’impasse des discussions sur la deuxième phase des négociations, les violences ont repris de plus belle à travers la bande de Gaza.

Hausse du nombre de victimes

Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé lundi que 61 personnes avaient été tuées lors des frappes israéliennes de la veille.

Depuis le début de la guerre il y a environ 18 mois, le bilan total des morts a dépassé les 50 000 personnes. Ces chiffres ne distinguent pas les civils des combattants.

Bombardements et assassinats de journalistes

Dans un communiqué publié dimanche, l’armée israélienne a déclaré que ses forces avaient tué plusieurs combattants dans le quartier de Tel Sultan et détruit un site présenté comme un centre de commandement du Hamas. Toutefois, aucune preuve n’a été fournie pour étayer ces affirmations, et elles n’ont pas pu être vérifiées de manière indépendante.

Par ailleurs, le journaliste Hossam Shabat, qui couvrait la guerre pour la chaîne Al Jazeera, a été tué dans une frappe aérienne israélienne visant son véhicule dans le nord de Gaza.

D’après le bureau de presse du gouvernement à Gaza, le nombre de journalistes tués depuis le début de la guerre s’élève à 208. Israël n’a fourni aucune explication à ce sujet.

Un siège oppressant et des tragédies récurrentes

Le journal américain a rapporté que la Défense civile palestinienne à Gaza a averti dimanche que le siège imposé au quartier de Tel Sultan mettait en danger la vie d’environ 50 000 personnes. Beaucoup étaient incapables de fuir ou refusaient de quitter leurs maisons. Certains habitants avaient récemment regagné leurs habitations partiellement détruites durant la trêve, avant d’être contraints de fuir à nouveau face à la nouvelle offensive.

Mustafa Jabr, un résident de Tel Sultan âgé de 36 ans, a déclaré qu’il avait dû marcher avec sa famille pendant près de six heures sur une route sablonneuse pour échapper aux bombardements israéliens dimanche matin.

Il a ajouté que l’attaque était soudaine et violente, précisant que des chars israéliens contrôlaient les routes menant au secteur.

Scènes déchirantes sur la route de l’exode

Avec la poursuite de l’offensive israélienne, l’armée a largué des tracts ordonnant aux habitants d’évacuer la zone par un itinéraire spécifique. Mustafa Jabr a raconté qu’ils avaient dû marcher vers le nord sous des tirs intenses de chars et des attaques de drones ciblant les passants, causant de nombreux blessés.

Il a ajouté que plusieurs personnes âgées, trop faibles pour continuer à marcher sur le sable, avaient été abandonnées en chemin.

Séparations forcées et fouilles humiliantes

Ahmed et Sana Sayed faisaient partie des déplacés de dimanche. Ils ont marché avec leurs quatre enfants jusqu’à la tente d’un proche à Khan Younès. Ahmed espérait que la deuxième phase des négociations commencerait alors qu’ils étaient encore chez eux à Rafah, mais il a été surpris de voir la situation dégénérer en une vaste opération militaire.

Après l’ordre d’évacuation, il a demandé à ses enfants de rassembler quelques vêtements dans leurs cartables.

Selon le journal, certains fuyards portaient des enfants terrifiés et en pleurs, tandis que d’autres traînaient avec eux ce qu’ils pouvaient de leurs biens.

Ahmed a également témoigné que des drones israéliens suivaient les déplacés tout au long du trajet, les surveillant de près.

Il a ajouté que la marche s’était arrêtée pendant une heure et demie, après que l’armée israélienne eut bloqué la route. Les déplacés ont alors supplié la Croix-Rouge de les aider à atteindre un endroit sûr.

Moments de peur et de terreur

Lors de l’attente, Ahmed Sayed a raconté que les forces israéliennes avaient séparé les hommes des femmes et des enfants, leur ordonnant de s’asseoir sur des côtés opposés de la route.

Il a décrit la scène comme terrifiante, les mères pleurant et craignant pour leurs fils adultes, redoutant qu’ils ne soient arrêtés ou tués.

Ahmed a ajouté que les soldats lui avaient ordonné de se déshabiller et de rester assis les yeux bandés pendant plus d’une heure avant de le relâcher. Lorsqu’il a enfin retrouvé sa femme et ses enfants, il n’a entendu que des pleurs et vu des visages marqués par la terreur.

Sana Sayed a raconté que son fils Mohamed s’était effondré après avoir vu le cadavre d’un jeune garçon. Il s’est mis à hurler de façon incontrôlable avant de s’écrouler sur le sable, tandis que Sana, impuissante, ne pouvait que pleurer avec lui.

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