Moyen-Orient

Fondation Gaza : un financement potentiel qui pourrait « impliquer » les États-Unis dans le chaos de l’aide humanitaire


Des questions persistent depuis longtemps sur les sources de financement de la Fondation Gaza Humanitaire, soutenue par les États-Unis et chargée de distribuer l’aide dans la bande de Gaza.

Selon deux sources bien informées et deux anciens responsables américains, le département d’État américain envisage de lui accorder 500 millions de dollars.

Reuters estime que cette décision « risquerait d’impliquer davantage les États-Unis dans une opération humanitaire controversée, marquée par la violence et la confusion ».

Les sources et les anciens responsables, qui ont tous requis l’anonymat en raison de la sensibilité du dossier, précisent que les fonds proviendraient de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), désormais intégrée au département d’État.

Manque de neutralité

D’après les deux sources, certains responsables américains s’opposent au projet, préoccupés par les tirs ayant visé des Palestiniens près des centres de distribution, causant des morts, ainsi que par l’efficacité douteuse de la fondation.

La Fondation Gaza Humanitaire a commencé à distribuer de l’aide la semaine dernière, dans un contexte où 2,3 millions de Gazaouis sont menacés par la famine.

Elle a fait l’objet de vives critiques d’organisations humanitaires, y compris de l’ONU, qui lui reprochent son manque de neutralité.

Le directeur de la fondation a démissionné, et celle-ci a dû suspendre ses distributions à deux reprises cette semaine en raison d’une affluence massive devant ses centres.

Jusqu’à la rédaction de ce rapport, ni le Département d’État ni la Fondation Gaza Humanitaire n’avaient répondu aux demandes de commentaires.

La fondation fait appel à des entreprises américaines privées de sécurité et de logistique pour acheminer l’aide vers Gaza via des « zones de distribution sécurisées ».

180 jours

Bien que l’administration Trump et Israël affirment ne pas financer l’initiative, tous deux exercent une pression sur l’ONU et les ONG internationales pour collaborer avec elle.

Les États-Unis et Israël affirment que l’aide distribuée par le réseau de l’ONU a été détournée par le Hamas, ce que ce dernier dément.

D’après une source informée et un ancien haut responsable, le projet d’octroi de 500 millions de dollars à la fondation a été soutenu par Ken Jackson, directeur adjoint de l’USAID. Israël aurait sollicité ce montant pour assurer le fonctionnement de la fondation pendant 180 jours.

Inquiétudes américaines

Les deux sources rapportent que certains responsables américains s’inquiètent de l’affluence chaotique et de la violence observée aux abords des centres de distribution. Ils souhaitent que des ONG expérimentées soient associées à l’opération si le financement est accordé, ce à quoi Israël est probablement opposé.

Des hôpitaux à Gaza ont déclaré que plus de 80 personnes ont été tuées par balles et des centaines blessées entre le 1er et le 3 juin, à proximité des centres de distribution de la fondation.

Depuis son lancement, la fondation a ouvert trois centres, mais seuls deux sont opérationnels ces deux derniers jours.

Des témoins ont accusé l’armée israélienne d’être responsable des tueries. L’armée reconnaît avoir tiré des coups de semonce deux jours durant, et affirme avoir visé mardi des « suspects » palestiniens s’approchant de leurs positions.

Opacité des financements

La fondation, enregistrée en Suisse, tout comme SRS, son partenaire enregistré aux États-Unis, ne divulguent pas l’origine de leurs dizaines de millions de dollars.

Récemment, Yair Lapid, chef de l’opposition israélienne, a déclaré devant la Knesset que le gouvernement de Benyamin Netanyahou finançait ce dispositif controversé.

La radiodiffusion publique israélienne a confirmé que le gouvernement israélien avait transféré 700 millions de shekels, soit plus de 200 millions de dollars, pour financer la distribution d’aide.

Démenti de Netanyahou

Les bureaux du Premier ministre et du ministre des Finances ont rapidement nié : « L’État d’Israël ne finance pas l’aide humanitaire aux habitants de Gaza. »

Heures d’ouverture

L’armée israélienne a indiqué aux Gazaouis que l’accès aux centres de distribution humanitaire n’est autorisé que de 6h à 18h.

D’après The Times of Israel, le porte-parole de l’armée, Avichay Adraee, a précisé que la zone est fermée militairement en dehors de ces heures.

Vendredi, la Fondation Gaza Humanitaire a informé les habitants de la fermeture de tous ses centres, jusqu’à nouvel ordre, et les a appelés à s’éloigner des lieux « pour leur sécurité ».

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