Financement européen de plusieurs milliards pour l’Égypte afin de freiner l’afflux de migrants
L'accord entre l'Union européenne et l'Égypte vise à renforcer la coopération dans des domaines tels que les énergies renouvelables, le commerce et la sécurité pour soutenir une économie en difficulté
L’Union européenne a signé dimanche soir des accords d’une valeur de 7,4 milliards d’euros avec l’Égypte sur une période de quatre ans dans divers domaines, comprenant des prêts, des aides et des investissements, pour développer les relations dans le cadre d’une tentative de freiner l’afflux de migrants à travers la mer Méditerranée.
Un responsable européen a déclaré à l’Agence France-Presse que ces accords s’inscrivent dans le cadre d’un « partenariat stratégique global » entre l’Union européenne et l’Égypte, comprenant « des prêts d’une valeur de cinq milliards d’euros, des investissements d’une valeur de 1,8 milliard d’euros et 400 millions d’euros d’aide pour des projets bilatéraux ainsi que 200 millions d’euros pour soutenir des programmes traitant des questions migratoires », selon le haut fonctionnaire qui a demandé à ne pas être identifié.
Une délégation européenne de haut niveau dirigée par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, se rendra au Caire dimanche pour signer un accord de financement atteignant 7 milliards d’euros sur trois ans, selon des sources bien informées.
La délégation européenne comprendra les Premiers ministres de la Grèce, de l’Italie et de la Belgique, qui préside actuellement l’Union européenne.
L’ordre du jour comprendra des discussions avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi sur les questions des migrants, de l’énergie, du climat et des investissements. De plus, la visite aboutira à la signature d’un accord visant à élever les relations entre l’Égypte et l’Union européenne au niveau d’un partenariat stratégique global.
L’accord vise à renforcer la coopération dans des domaines tels que les énergies renouvelables, le commerce et la sécurité, en fournissant des subventions, des prêts et d’autres formes de financement au cours des trois prochaines années pour soutenir l’économie égyptienne en difficulté.
Les gouvernements européens sont depuis longtemps préoccupés par le risque d’instabilité en Égypte, un pays de 106 millions d’habitants qui lutte pour obtenir des devises étrangères et où les difficultés économiques ont entraîné une augmentation croissante de l’émigration ces dernières années.
L’inflation se rapproche de niveaux records et de nombreux Égyptiens disent avoir du mal à joindre les deux bouts. Cependant, le mois dernier, la pression financière sur le gouvernement a diminué alors que l’Égypte concluait un accord record pour attirer des investissements émiratis et étendait son programme de prêts avec le Fonds monétaire international, tout en dévaluant fortement sa monnaie.
Les diplomates affirment que l’importance stratégique de l’Égypte est mise en évidence par le conflit en cours au Soudan voisin, qui a entraîné la plus grande crise de déplacement au monde, ainsi que la guerre à Gaza, voisine de la péninsule du Sinaï égyptienne.
L’Égypte est le principal passage pour l’aide humanitaire internationale envoyée à Gaza, et elle tente de faciliter, avec le Qatar et les États-Unis, une trêve entre Israël et le Hamas.
Le ministre égyptien des Finances, Mohamed Maait, a déclaré que le gouvernement avait rassemblé un total de 20 milliards de dollars de soutien multilatéral après avoir accru ses emprunts et son programme de réformes économiques avec le Fonds monétaire international.
Les responsables égyptiens estiment que l’Égypte mérite d’être saluée pour avoir accueilli environ neuf millions de résidents étrangers et pour avoir largement endigué l’immigration illégale le long de ses côtes nord depuis 2016.
Cependant, il y a eu une augmentation du nombre d’Égyptiens tentant d’atteindre l’Europe via la Libye, et l’Union européenne fournit déjà un financement visant à réduire ces flux.
Au cours des derniers mois, les îles de Crète et de Gavdos en Grèce ont vu une forte augmentation des migrants, la plupart en provenance d’Égypte, du Bangladesh et du Pakistan, mettant ainsi une pression supplémentaire sur les autorités mal préparées et suscitant des craintes de nouvelles routes de trafic en Méditerranée.
Les militants critiquent le soutien occidental au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui a pris le pouvoir il y a une décennie après avoir dirigé le renversement du premier président élu démocratiquement en Égypte.
Les groupes de défense des droits affirment que des dizaines de milliers de personnes ont été emprisonnées dans une répression ciblant des opposants de diverses affiliations politiques. Les partisans de Sissi affirment que les mesures de sécurité sont nécessaires pour assurer la stabilité en Égypte après les troubles de l’insurrection du « Printemps arabe » en 2011 et pour ouvrir la voie à la fourniture de droits sociaux tels que le logement et l’emploi.
Les efforts de l’Union européenne pour fournir un financement en échange de restrictions migratoires dans d’autres pays, y compris la Tunisie, ont rencontré des obstacles et des critiques, selon Human Rights Watch, qui qualifie de « la même vieille formule » les plans de renforcement des relations avec l’Égypte et de nouveaux financements.