Étude : le système alimentaire mondial contribue à l’obésité et au changement climatique
Le système alimentaire mondial se trouve aujourd’hui au cœur de deux crises majeures du XXIᵉ siècle : l’augmentation rapide de l’obésité et l’aggravation du changement climatique. Selon une étude récente menée par des chercheurs internationaux, les modes actuels de production, de transformation et de consommation des aliments jouent un rôle déterminant dans ces deux phénomènes, souvent abordés séparément mais profondément interconnectés.
Cette analyse met en lumière les limites structurelles d’un modèle alimentaire orienté vers la rentabilité, la production de masse et la disponibilité permanente, au détriment de la santé humaine et de l’équilibre environnemental.
Un système alimentaire façonné par l’industrialisation
Depuis plusieurs décennies, le système alimentaire mondial a connu une transformation radicale. L’industrialisation de l’agriculture, l’essor de l’élevage intensif, la standardisation des produits et la domination des aliments ultra-transformés ont profondément modifié les régimes alimentaires.
Ces changements ont permis d’augmenter la disponibilité calorique globale, mais ont aussi favorisé une alimentation riche en sucres raffinés, en graisses saturées et en sel, tout en étant pauvre en fibres, en micronutriments et en aliments frais. Cette évolution est directement associée à la hausse des maladies non transmissibles, notamment l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.
L’obésité : une conséquence structurelle, non un choix individuel
L’étude souligne que l’obésité ne peut plus être considérée uniquement comme le résultat de comportements individuels. Elle est en grande partie le produit d’un environnement alimentaire dit obésogène, dans lequel les aliments les plus accessibles, les moins chers et les plus promus sont aussi les plus nocifs pour la santé.
Les stratégies de marketing agressives, en particulier à destination des enfants et des populations vulnérables, renforcent cette tendance. De plus, dans de nombreuses régions du monde, les aliments sains sont soit trop coûteux, soit difficilement accessibles, ce qui accentue les inégalités sociales en matière de santé.
Un impact climatique majeur souvent sous-estimé
Parallèlement à ses effets sanitaires, le système alimentaire mondial est responsable d’une part significative des émissions de gaz à effet de serre. Selon les estimations citées dans l’étude, la production alimentaire représenterait près d’un tiers des émissions mondiales, principalement en raison de l’élevage intensif, de la déforestation, de l’utilisation d’engrais chimiques et du transport à grande échelle.
La production de viande rouge, en particulier, est pointée du doigt pour son empreinte carbone élevée, sa consommation massive d’eau et son rôle dans la dégradation des sols. Les systèmes agricoles actuels contribuent également à la perte de biodiversité et à la pollution des écosystèmes.
Le lien entre alimentation malsaine et dégradation environnementale
L’un des apports majeurs de l’étude est de démontrer que les régimes alimentaires les plus néfastes pour la santé humaine sont souvent aussi les plus dommageables pour la planète. Les aliments ultra-transformés, fortement emballés et issus de chaînes de production longues consomment davantage d’énergie et de ressources naturelles.
À l’inverse, les régimes riches en fruits, légumes, légumineuses et céréales complètes sont associés à une réduction du risque d’obésité et à une empreinte environnementale plus faible. Cette convergence entre santé publique et durabilité environnementale renforce l’idée qu’une transformation des systèmes alimentaires pourrait répondre simultanément à plusieurs défis globaux.
Responsabilités politiques et économiques
Les chercheurs insistent sur le rôle central des politiques publiques et des acteurs économiques dans la perpétuation du modèle actuel. Les subventions agricoles, les accords commerciaux et les réglementations laxistes favorisent souvent la production d’aliments à forte densité calorique et à faible valeur nutritionnelle.
L’étude appelle à des réformes structurelles, incluant la réorientation des subventions vers des pratiques agricoles durables, la régulation de la publicité alimentaire, l’amélioration de l’étiquetage nutritionnel et le soutien aux circuits alimentaires locaux.
Vers une transition alimentaire globale
Face à l’urgence sanitaire et climatique, l’étude plaide pour une transition vers des systèmes alimentaires plus résilients, équitables et durables. Cette transition implique non seulement des changements dans les habitudes de consommation, mais aussi une refonte profonde des modes de production et de distribution.
La promotion de régimes alimentaires sains et durables, inspirés notamment des recommandations nutritionnelles internationales, pourrait permettre de réduire simultanément les taux d’obésité et les émissions liées à l’alimentation.
Un enjeu de santé publique et de survie écologique
En conclusion, cette étude met en évidence une réalité désormais difficile à ignorer : le système alimentaire mondial, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, alimente à la fois la crise de l’obésité et celle du changement climatique. Traiter ces deux défis de manière isolée serait inefficace.
Une approche intégrée, fondée sur la science, la justice sociale et la responsabilité environnementale, apparaît comme la seule voie capable de garantir la santé des populations et la préservation des écosystèmes à long terme.
