Entre l’effondrement organisationnel et la domination idéologique : l’islam politique est-il réellement terminé ?
L’islam politique demeure l’un des défis intellectuels et politiques les plus complexes du monde arabe, non pas en tant que mouvement organisé unique, mais en tant que phénomène global qui s’infiltre dans les structures de l’État et de la société. Ce concept, né des transformations intellectuelles et politiques du monde arabe, ne reflète pas la nature de l’islam en tant que religion, mais se manifeste dans des contextes partisans et organisationnels précis.
Les crises successives dans la région, notamment la situation à Gaza, illustrent cette dualité : elles redéfinissent le rôle de l’islam politique ou en renforcent la présence sous d’autres formes. Le véritable pouvoir ne repose plus exclusivement sur les mouvements structurés, mais sur la pensée culturelle et politique qui tisse des liens profonds entre religion et gouvernance au sein des sociétés. Cela confère à ce courant une continuité, indépendamment du changement des dirigeants ou des institutions officielles.
Un article publié par le journal égyptien Al-Watan souligne que les puissances régionales et internationales cherchant à réorganiser le paysage arabe considèrent souvent l’islam politique comme un instrument ou un défi. Cependant, la dimension culturelle et intellectuelle de cette mouvance demeure la plus préoccupante, car elle est profondément enracinée et difficile à cerner. Elle agit en silence, façonnant les mentalités et influençant les générations sur le long terme, tandis que les structures organisationnelles peuvent s’effondrer ou se fragmenter.
L’article conclut que la chute d’un mouvement tel que les Frères musulmans ne signifie pas la fin de l’islam politique. Au contraire, la persistance de l’idéologie et des politiques qui en découlent maintient son influence au cœur des sociétés arabes. Par le langage, l’histoire et la foi, cette idéologie réussit à se réinventer et à se reproduire sous de nouvelles formes, malgré les crises et les défaites structurelles.
