Empêcher la contrebande ou violer la souveraineté ? L’intensification des frappes américaines dans la mer des Caraïbes suscite la controverse
Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a annoncé la mort de trois personnes lors d’une frappe aérienne ciblant un bateau soupçonné de trafic de drogue, dans le cadre d’une série d’opérations militaires qui ont provoqué de vives critiques internationales et onusiennes.
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Le nombre total de victimes s’élève désormais à 65 au cours des dernières semaines, marquant une escalade notable dans la campagne américaine contre ce que Washington qualifie de « réseaux de trafic de stupéfiants » dans la région des Caraïbes.
Dans une déclaration publiée sur la plateforme X, Hegseth a précisé que « la frappe visait un bateau identifié par les services de renseignement américains comme étant impliqué dans des activités de contrebande », ajoutant que « trois trafiquants de drogue terroristes présumés se trouvaient à bord et ont tous été tués ».
Selon le ministre, les États-Unis « continueront à traquer et à éliminer les trafiquants de drogue présumés », indiquant la poursuite des opérations dans les eaux internationales.
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Depuis septembre dernier, Washington mène une vaste campagne militaire, mobilisant des navires de guerre et des avions de chasse F-35 à Porto Rico sous prétexte de contrer le trafic de drogue vers le territoire américain. Parallèlement, les frappes aériennes contre des embarcations qualifiées par les autorités américaines de « cibles suspectes » se sont intensifiées.
D’après les chiffres officiels, plus de 15 frappes ont été menées par les forces américaines dans la mer des Caraïbes depuis le début de la campagne, faisant au moins 65 morts, tandis qu’aucune perte n’a été rapportée du côté américain.
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Bien que le Pentagone ait décrit ces opérations comme des « mesures préventives contre des réseaux terroristes liés au trafic de drogue », plusieurs gouvernements d’Amérique latine ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme des violations de souveraineté et des atteintes au droit international.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a sévèrement critiqué Washington, appelant à « un arrêt immédiat » de ces frappes qu’il a qualifiées « d’exécutions extrajudiciaires contraires au droit international ».
« Ces attaques, et les pertes humaines qu’elles entraînent, sont inacceptables », a-t-il déclaré, avertissant que leur poursuite « sape les principes de la justice internationale et crée un précédent dangereux pour l’usage de la force en dehors du cadre judiciaire ».
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Des organisations de défense des droits humains ont également souligné que les États-Unis n’ont fourni aucune preuve concrète démontrant que les cibles représentaient une menace directe pour leur sécurité nationale. Selon elles, ces opérations serviraient à renforcer l’influence militaire américaine dans la région sous couvert de « lutte contre le terrorisme lié au narcotrafic ».
Le président vénézuélien Nicolás Maduro a pour sa part accusé Washington d’utiliser la question du narcotrafic comme « prétexte pour imposer un changement de régime à Caracas et contrôler les ressources pétrolières du pays ».
De son côté, le président américain Donald Trump a nié toute intention d’agir contre le Venezuela, affirmant que les opérations « se concentrent exclusivement sur les groupes criminels menaçant la sécurité des États-Unis ».
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Une note transmise par l’administration Trump au Congrès indique que Washington considère ces affrontements comme un « conflit armé » contre des organisations de trafiquants de drogue en Amérique latine, les qualifiant de « groupes terroristes », dans une tentative de justification juridique de la campagne militaire en cours.
L’intensification des opérations américaines dans la mer des Caraïbes, conjuguée aux condamnations internationales, ravive le débat sur la légitimité du recours à la force au-delà des frontières américaines, et sur la transformation progressive de la « guerre contre la drogue » en une guerre transnationale.
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