Deuxième affaire de complot : Ghannouchi boycotte la première audience

Le chef du mouvement des Frères musulmans en Tunisie, Rached Ghannouchi, a refusé de comparaître à distance lors de la première audience de son procès dans l’affaire dite du « complot contre la sûreté de l’État 2 ».
Le tribunal a décidé de reporter l’examen de l’affaire au 27 mai courant et a rejeté la demande de la défense de libérer les accusés.
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Pour des raisons de sécurité, les affaires liées au terrorisme sont généralement traitées à distance en Tunisie.
Selon l’analyste politique et professeur de droit tunisien, Ziad El-Kacemmi, Ghannouchi a annoncé depuis son arrestation en avril 2023 qu’il boycotterait les audiences judiciaires, les qualifiant de « procès politiques ».
El-Kacemmi estime que ce refus traduit la conscience de Ghannouchi qu’il devra inévitablement répondre de ses actes.
« Il comptait sur le soutien de ses partisans à l’étranger pour obtenir sa libération, mais a été surpris par leur abandon », a-t-il ajouté.
Le boycott de Ghannouchi pourrait aggraver la sévérité des peines à son encontre, qui pourraient aller jusqu’à la prison à perpétuité ou la peine de mort.
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Première audience
L’audience a enregistré la présence de plusieurs accusés :
- Rayan Hamzaoui, ancien président du conseil municipal dissous de la ville de La Zahra,
- Abdelkarim Oubeidi, ex-chef de la brigade de protection des avions (condamné à 26 ans dans l’affaire des filières de départ vers les zones de conflit),
- Mehrez Zouari, ancien directeur général des services de renseignement au ministère de l’Intérieur,
- Samir Hnachi, officier militaire à la retraite et ancien conseiller de Hamadi Jebali (ancien chef du gouvernement islamiste), considéré comme l’un des membres clés de l’« appareil secret » d’
En revanche, Rached Ghannouchi, leader d’Ennahdha, ainsi que Habib Ellouze (également arrêté dans plusieurs affaires) et Fathi Belhedi (ancien haut responsable à la police des frontières, condamné à 26 ans dans une affaire similaire), ont refusé d’assister à l’audience.
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Les faits
Les faits remontent à juin 2023, quand le pôle judiciaire antiterroriste a ouvert une enquête dans une nouvelle affaire de complot contre la sûreté de l’État impliquant plusieurs personnalités, notamment l’ancien Premier ministre Youssef Chahed, l’ex-directeur de la sécurité nationale Kamel El-Kaïzani, ainsi que l’ancien chef du renseignement, et Rached Ghannouchi et son fils Moaz.
Les autorités tunisiennes avaient révélé avoir déjoué un plan visant à renverser le régime, impliquant une infiltration du palais présidentiel avec l’aide de Nadia Akacha, ancienne cheffe du cabinet présidentiel.
Le ministère de l’Intérieur avait précisé que des informations fiables indiquaient des menaces graves visant physiquement le président Kaïs Saïed, fomentées par des acteurs internes et externes voulant semer le chaos dans le pays.
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Cette affaire s’inscrit dans la continuité d’un processus judiciaire commencé en février 2023, avec la première affaire de « complot contre la sûreté de l’État », qui a conduit à l’arrestation de hauts dirigeants d’Ennahdha et de leurs alliés, parmi lesquels des juges et des hommes d’affaires influents.
Les enquêtes avaient alors révélé que les islamistes envisageaient de remplacer le président Saïed par Khemaïs Turki, personnalité politique bien connue, qui s’est avéré être un acteur clé du complot.
Le 19 avril, la justice tunisienne a prononcé des peines de prison allant de 13 à 66 ans contre plusieurs dirigeants islamistes reconnus coupables de complot contre l’État.