« Des guerres sans fin » pour le pouvoir : Ce que veut Netanyahu de Gaza et du Liban
Benjamin Netanyahu n’a aucune intention de s’appuyer sur la diplomatie pour mettre fin aux guerres à Gaza et au Liban, adoptant une stratégie où la survie politique prime sur l’apaisement des « incendies » au Moyen-Orient.
C’est l’analyse d’Amos Harel, spécialiste des affaires militaires pour le quotidien israélien Haaretz, qui estime que le Premier ministre israélien souhaite prolonger la guerre à Gaza pour trois raisons servant ses intérêts politiques.
Dans une analyse publiée vendredi, Harel affirme que « prolonger la guerre sert en réalité les intérêts personnels de Netanyahu ».
Ces « intérêts personnels » incluent, selon lui, « éviter trois menaces pesant sur son maintien au pouvoir : des élections anticipées, la formation d’une commission d’enquête gouvernementale sur les échecs ayant conduit au massacre du 7 octobre, et le début de son témoignage dans son procès pénal prévu pour le début du mois prochain ».
Harel ajoute : « L’éventuelle réélection de Donald Trump comme président des États-Unis pourrait l’aider à échapper aux pressions exercées par l’administration de Joe Biden. »
Selon lui, Netanyahu pourrait alors poursuivre des objectifs plus ambitieux, comme une occupation permanente de certaines parties de Gaza, la reconstruction des colonies dans le territoire, voire l’annexion de la Cisjordanie. « C’est pourquoi les colons jubilent depuis dix jours », observe-t-il.
« Pas de raison »
Harel note que, selon les estimations de la sécurité israélienne, il n’y a pas de justification pour maintenir les guerres à Gaza ou au Liban.
« Dans les couloirs de la défense, cela se murmure déjà, et le public le comprendra bientôt », dit-il. « La plupart des menaces militaires posées par les membres du Hamas sur les communautés du sud d’Israël ont été neutralisées à ce stade, et la menace sur le centre du pays est réduite au minimum. »
En ce qui concerne le Hezbollah, Harel affirme que ses capacités militaires ont été considérablement réduites, même si l’organisation continue de lancer plusieurs centaines de roquettes quotidiennement sur le nord d’Israël.
Pourtant, il constate que « le gouvernement n’a aucune intention d’offrir une issue diplomatique. Il n’y aura aucun accord à Gaza, et les perspectives sont à peine meilleures au Liban ».
Il conclut que, tant que Netanyahu reste aux commandes, il est difficile d’imaginer une fin à ces conflits.
Conflits internes et impasses
Harel met également en lumière des tensions au sein de la coalition de Netanyahu, entre les partis ultra-orthodoxes et ceux d’extrême droite.
Il avertit que la prolongation de la guerre au Liban imposerait un lourd fardeau aux réservistes israéliens jusqu’en 2025, avec des conséquences graves pour l’économie.
Il souligne que « de nombreuses familles de réservistes éprouvent déjà des difficultés économiques et émotionnelles, sans parler du nombre croissant de victimes ».
Depuis le début de la guerre, 793 soldats israéliens, dont 269 réservistes, ont été tués, selon les chiffres officiels.
Harel note également que des opérations militaires plus vastes au Liban nécessiteraient le rappel de nouvelles unités de réservistes, risquant de provoquer une crise majeure si ces derniers refusaient de se mobiliser.
Et Trump dans tout cela ?
Harel évoque enfin le rôle potentiel de Donald Trump, suggérant qu’il pourrait tenter d’imposer un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah avant même son investiture prévue le 20 janvier.
Il conclut toutefois que l’implication américaine reste limitée et que les actions de Netanyahu s’inscrivent dans une logique de prolongation du conflit à Gaza, où des infrastructures permanentes sont déjà en construction, témoignant d’une occupation planifiée jusqu’en 2025.