Turquie

Des documents divulgués révèlent la création d’un « État parallèle » par le fils d’Erdoğan


Des documents secrets divulgués ont révélé que le président turc Recep Tayyip Erdoğan avait créé un « État parallèle » à l’intérieur du pays grâce à la dotation de son fils Necmettin Bilal.

Les documents ont été dévoilés par plusieurs journalistes, dont le journaliste Metin Jehan, sur son compte Twitter personnel.

Plusieurs médias locaux ont qualifié l’affaire de « scandale majeur » impliquant la suspension de la « jeunesse turque » connue sous le nom de « TÜGVA » de Necmettin Bilal Erdoğan, le fils aîné d’Erdoğan.

Selon les documents, « le président Erdoğan, par la dotation de son fils, a créé dans l’État un État parallèle au sens strict du terme, bien qu’il accuse tous ses opposants de former des entités parallèles à l’État ».

Des documents secrets divulgués aux médias par un ancien responsable de la dotation susmentionnée ont montré que « c’est la dotation qui détermine les noms et les fonctions généraux qui leur seront attribués, au lieu de suivre les méthodes de recrutement génériques ».

Parmi ces documents figuraient des documents contenant des milliers de noms appartenant au parti au pouvoir et leurs fonctions dans les organes de l’État, principalement l’armée, la sécurité et la magistrature, sans passer un examen de recrutement général.

Selon les documents, «Waqf TÜGVA a employé des centaines de personnes dans l’armée, la police et d’autres institutions publiques sans se soumettre à un examen de recrutement et a gardé des registres de ces personnes ».

Le Waqf affirmait dans ses déclarations initiales que tous les documents divulgués à la presse étaient des faux visant à discréditer les activités caritatives du Waqf, mais il reconnaissait implicitement la validité des documents lorsqu’il déclarait par la suite qu’ils avaient été divulgués à la presse à partir de l’intérieur du Waqf.

De son côté, le célèbre journaliste turc Ismail Saymaz a déclaré à la télévision que des sources bien informées au sein du Parti de la justice et du développement au pouvoir lui ont confirmé la véracité des documents.

Saymaz indique que ces documents n’ont été pas seulement envoyés au journaliste Metin Jehan, mais également à d’autres journalistes, en affirmant que de nouveaux détails seront mis au jour dans les jours à venir, ce qui mettra le gouvernement dans une situation très critique.

Fonds de dotation des partisans d’Erdogan

Le rapport annuel du Président des Affaires stratégiques et budgétaires de la République de Turquie a révélé auparavant que des sommes considérables avaient été détournées du Trésor public vers des œuvres d’utilité publique et des organisations civiles contrôlées par des proches du président Erdoğan, dont son fils.

Le rapport indique que ces sommes colossales sont détournées vers des associations pour les aider, sans donner de détails sur les noms des dotations et des associations qui ont reçu une aide matérielle du Trésor ou sur les domaines dans lesquels elles opèrent.

En 2019, alors qu’il accédait à la présidence de la municipalité d’Istanbul, l’opposition turque Ekrem İmamoğlu a révélé que l’ancienne administration municipale du régime avait dépensé 357 millions de lires (61 millions de dollars) pour six dotations affiliées à la Justice et au Développement, la Fondation Al-Ansar, le Service de la jeunesse et de l’éducation turc (TÜRGEV), le Service de la jeunesse et de l’éducation turque (Aziz Mahmoud Khadaei), la Fondation de la jeunesse turque (TÜGVA), la Maison des Arts d’Elihat et le Ahmed Yasavi.

D’après une liste publiée par l’administration Ekrem İmamoğlu, la TÜRGEV, fondée par Erdoğan lui-même en 1996, dont la Présidence est actuellement assurée par sa fille Esraa, est la première institution à avoir obtenu un financement municipal d’un montant total de 232,3 millions de lires.

Avec 76,5 millions de lires en deuxième position, la Fondation TÜGVA regroupe Bilal, le fils d’Erdoğan, et dispose d’un poste de consultant élevé au sein de son conseil d’administration.

Viennent ensuite la dotation Ansar qui prend la tête avec 30,5 millions de lires, puis Aziz Mahmoud Khadaei avec 11,1 millions de lires, puis Ahmed Yasavi avec 4,2 millions de lires, après quoi la Fondation Villa des Arts apporte 2,4 millions de lires.

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