Des divergences secouent l’appareil médiatique du Hezbollah et se transforment en lutte d’influence

L’appareil médiatique du Hezbollah traverse l’une de ses crises internes les plus complexes depuis des années, marquée par des divergences profondes entre différentes factions de son équipe de communication. Ces tensions ont conduit à l’éviction de la responsable médiatique Rana Sahili, sur fond de rivalités exacerbées depuis l’assassinat de l’ancien directeur du bureau, Mohammad Afif, reconnu pour ses qualités d’organisation et de gestion.
À la suite de sa mort, un vide s’est créé au sein de la structure, ouvrant la voie à de multiples tentatives de prise de contrôle de la scène médiatique. La crise a rapidement dépassé le simple cadre organisationnel pour devenir une lutte d’influence entre différentes ailes, alors que le rôle des médias devrait refléter une image unifiée et cohérente du parti.
Face à cette situation, le Hezbollah a chargé l’un de ses députés spécialisés dans les affaires médiatiques de superviser l’ensemble des activités de communication interne, en attendant une réorganisation et une restructuration plus large.
Ces derniers jours, les réseaux sociaux se sont enflammés à l’annonce de la mise à l’écart de Rana Sahili, figure importante du bureau des relations médiatiques. Dans un communiqué, elle a tenu à remercier ses collègues et ses proches pour leur soutien, évoquant des étapes clés de sa carrière, allant de la guerre de Jurud à la défense de Naqoura, en passant par les batailles d’appui et de résistance.
Sahili avait longtemps collaboré avec Mohammad Afif, qui fut porte-parole officiel du Hezbollah lors de la dernière guerre et dirigea la section des relations médiatiques jusqu’à son assassinat par une frappe israélienne en novembre dernier. Après cet événement, le parti avait désigné Youssef Zein comme successeur.
Les raisons précises des récentes réorganisations n’ont pas été officiellement annoncées. Toutefois, des observateurs proches du parti évoquent des divergences professionnelles internes, des critiques mutuelles sur la stratégie médiatique, son style et son efficacité. Le bureau des relations médiatiques s’est limité à publier de nouveaux contacts sans plus de détails.
Selon des sources, la crise a émergé principalement au sein de l’équipe d’Afif, considérée comme un pilier central du dispositif médiatique. Après sa disparition, des faiblesses dans la gestion et la coordination sont apparues, notamment un manque de suivi, l’absence d’activités destinées aux journalistes et des difficultés de communication avec l’unité, ce qui a intensifié les accusations réciproques entre l’ancienne et la nouvelle équipe, chacun reprochant à l’autre des tentatives d’exclusion et de mainmise.
L’arrivée de Youssef Zein à la direction a accentué ces tensions, révélant des lacunes organisationnelles. Cela a conduit à la nomination du député Ibrahim Moussaoui pour superviser directement le secteur, sans pour autant mettre fin aux désaccords.
Dans ce climat tendu, un hommage rendu à Rana Sahili par un groupe de journalistes a aggravé la situation. Zein y a vu un geste malvenu et mal synchronisé, alors que certains estimaient au contraire qu’il fallait élargir son rôle. La querelle, d’abord discrète, s’est conclue par une décision de redistribuer ses prérogatives à plusieurs responsables.
Connue comme le « dynamo » du bureau, Sahili, qui entretenait des relations solides avec la presse locale, arabe et internationale, a été maintenue nominalement à son poste, mais dépouillée de ses responsabilités. Refusant d’assumer de nouvelles missions, elle se retrouve de facto écartée du processus décisionnel.