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De l’ombre aux urnes : comment le Maroc a remporté la bataille du Conseil de sécurité sur la question du Sahara marocain


Derrière le vote historique qui s’est tenu dans la salle du Conseil de sécurité des Nations unies, où la proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara marocain a obtenu un large soutien et a été considérée comme « la seule solution réaliste et applicable », se cache un long processus de préparation, de concertations diplomatiques discrètes et de construction d’alliances soigneusement tissées.

Cette décision n’est pas née d’un hasard, mais du fruit d’une stratégie marocaine complexe, conduite avec précision par le roi Mohammed VI et mise en œuvre par le ministère des Affaires étrangères, sous la direction de Nasser Bourita, à travers une diplomatie à multiples dimensions, allant de Washington à Dakar, de Bruxelles à Abou Dhabi.

Phase de préparation : une lecture fine des équilibres internationaux

Les démarches marocaines ont commencé six mois avant la séance de vote, à un moment où le dossier traversait une phase d’incertitude due à l’évolution des positions de certains pays européens.

Mais Rabat s’était bien préparée. L’équipe diplomatique a mené une série d’entretiens intensifs avec les capitales influentes – Washington, Paris et Londres – afin de garantir une formulation forte dans le texte final du Conseil, réaffirmant la prééminence du plan marocain comme unique cadre réaliste.

En parallèle, le Maroc a œuvré à rallier le soutien des blocs africain et latino-américain au sein des Nations unies, une réussite rendue possible grâce aux relations économiques et politiques consolidées au fil des années sur ces continents.

Des sources diplomatiques à New York ont révélé que le Maroc avait présenté aux États membres un dossier technique complet mettant en avant les avancées enregistrées dans les provinces du Sud : investissements dans les infrastructures, indicateurs de développement humain, d’éducation et de santé.

Le document incluait également des données issues de rapports onusiens attestant de l’amélioration des droits humains et de la stabilité sécuritaire dans la région, fruit de la coopération entre les autorités locales et la population.

Ces éléments concrets ont convaincu plusieurs États hésitants que l’autonomie n’était pas un simple slogan, mais un modèle déjà en cours d’application.

Le rôle royal : une direction stratégique sans précipitation

Selon des sources proches du processus décisionnel, le roi Mohammed VI a suivi de près les négociations, donnant des instructions claires : éviter toute escalade verbale ou politique et concentrer les efforts sur la persuasion diplomatique.

Dans les mois précédant le vote, le souverain a eu des échanges téléphoniques avec plusieurs dirigeants – le président français, le prince héritier d’Abou Dhabi, le président du Sénégal et de hauts responsables américains – afin d’assurer un soutien concret au projet marocain.

Parallèlement, le ministère marocain des Affaires étrangères a activé son réseau diplomatique mondial avec une répartition méthodique des tâches :
– Les représentations africaines ont travaillé à équilibrer les positions d’États anciennement proches du camp séparatiste.
– Les ambassades européennes se sont concentrées sur la précision juridique des formulations du texte onusien.
– Les missions d’Amérique latine ont neutralisé les tentatives d’influence d’Alger et de Caracas.

Cette diplomatie coordonnée a fait du Maroc un acteur structuré, contrairement à ses adversaires divisés par leurs propres contradictions.

Les coulisses du Conseil : une bataille de terminologie

L’un des moments les plus délicats a été la rédaction du texte final.

Des débats animés ont opposé les délégations sur l’emploi des termes « réalisme », « autonomie » et « solution durable ».

Grâce au soutien de la France et des États-Unis, la diplomatie marocaine a obtenu leur inclusion, une reconnaissance implicite de la pertinence du plan marocain.

Certaines puissances ont tenté de maintenir des formulations ambiguës, mais Rabat a réussi à imposer sa vision en s’alliant habilement à des membres non permanents tels que le Brésil, le Gabon et les Émirats arabes unis.

Selon un haut fonctionnaire onusien, le débat le plus épineux concernait la mention du « droit à l’autodétermination ». La version finale du texte a finalement écarté toute référence explicite à un référendum, ce qui constitue un tournant majeur dans le discours onusien sur le Sahara.

Réactions et portée politique

Dès l’adoption du texte, les réactions internationales se sont multipliées.

Washington a salué un plan « réaliste et sérieux », tandis que Paris l’a qualifié de « seule base crédible pour une solution durable dans le cadre de la souveraineté marocaine ».

Les pays africains ont vu dans l’autonomie une traduction du principe d’autonomisation locale, essentiel pour éviter les crises séparatistes.

L’Algérie et le Front Polisario se sont retrouvés isolés diplomatiquement, les appels internationaux insistant désormais sur la « voie réaliste du compromis », un langage interprété comme un ralliement à la proposition marocaine.

Une source de la mission permanente du Maroc à l’ONU a confirmé que Rabat anticipait cette issue depuis plusieurs semaines, convaincue que la majorité des membres voterait favorablement.

La diplomatie économique : un levier d’influence

Un rapport d’un centre d’études français souligne que le Maroc a intégré la logique économique à sa stratégie diplomatique.

Le royaume a investi massivement dans les énergies renouvelables africaines et consolidé ses liens commerciaux avec l’Union européenne, liant ainsi stabilité régionale et intérêts économiques.

Ce glissement d’un dossier politique vers un enjeu économique partagé a transformé la perception internationale : soutenir Rabat devenait synonyme de stabilité et d’opportunité.

Les initiatives économiques dans les provinces du Sud – zones franches, forums d’investissement à Dakhla et Laâyoune – ont illustré cette dynamique, renforçant la crédibilité du modèle d’autonomie.

La bataille de l’image : convaincre les opinions

Rabat a également misé sur une stratégie de communication intelligente.

Les médias internationaux, de la BBC à France 24, ont relayé des reportages sur la croissance économique et la stabilité dans le Sahara marocain, contribuant à modifier la perception de la région.

Les ONG locales et acteurs civiques sahraouis ont aussi fait entendre leur voix, soulignant leur adhésion au projet d’autonomie, facteur d’influence notable dans les cercles onusiens.

Vers l’après-vote : une nouvelle étape

Après cette victoire diplomatique, Rabat s’attelle à traduire la reconnaissance internationale en mise en œuvre concrète : cadre juridique de la gouvernance locale, développement institutionnel et participation accrue des habitants à la gestion publique.

Les observateurs estiment que l’ONU elle-même voit dans le plan marocain une opportunité rare de clore l’un des plus anciens conflits africains tout en préservant la stabilité régionale.

Pour Alger, cette évolution impose une réévaluation stratégique, car la communauté internationale ne tolère plus les crises gelées qui bloquent le développement.

Une victoire du long terme

En définitive, cette réussite diplomatique résulte d’un travail de longue haleine.

Depuis deux décennies, le roi Mohammed VI a bâti une doctrine fondée sur la constance, la discrétion et l’efficacité.

Le vote du Conseil de sécurité consacre cette approche patiente : celle d’un État qui a préféré la crédibilité des actes au tumulte des discours.

Ainsi, la communauté internationale reconnaît désormais, de manière implicite mais claire, que l’initiative marocaine d’autonomie constitue le seul cadre réaliste et durable pour résoudre le différend du Sahara marocain.

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