Politique

De la diplomatie aux missiles… un ancien ministre américain rejoint une entreprise ukrainienne


Après une longue carrière diplomatique, un ancien secrétaire d’État américain passe désormais au domaine de l’armement en rejoignant une société ukrainienne en tant que conseiller.

Selon l’agence Associated Press, l’ex-chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, accompagné de trois autres personnalités de premier plan, a intégré le conseil consultatif de Fire Point, l’une des principales entreprises de défense en Ukraine.

La société est connue pour ses drones de longue portée capables de frapper des cibles situées au cœur du territoire russe, alors qu’une enquête pour corruption est encore en cours.

L’entreprise ambitionne d’étendre ses activités pour produire des missiles de croisière éprouvés au combat, avec un projet d’augmenter plus que le double de ses capacités de production actuelles.

Soupçons de corruption… et la société se défend

Alors que le contrôle public demeure intense durant une enquête anticorruption en cours, les dirigeants de Fire Point insistent sur le fait qu’ils n’ont rien à cacher et qu’ils opèrent selon des protocoles stricts en période de loi martiale. Ils affirment même avoir commandité un audit indépendant afin de rassurer les enquêteurs.

Cependant, les détracteurs remettent en question les origines obscures de l’entreprise, son monopole sur certains contrats du ministère de la Défense, ainsi que des liens présumés avec Timoor Mendytch, un proche du président Volodymyr Zelensky impliqué dans un vaste scandale de corruption.

Irina Terykh, directrice du département technologique de l’entreprise, a déclaré que Fire Point soutient pleinement les investigations en cours. Elle a ajouté : « En tant qu’entreprise, nous soutenons entièrement la réalisation de cette enquête. »

Elle a également indiqué que Fire Point avait engagé une grande société internationale pour effectuer un audit indépendant des coûts et de la production, dans le but de dissiper les préoccupations liées à la transparence.

Associated Press précise que son équipe a eu accès à une usine ukrainienne où est assemblé le missile de croisière surnommé “Flamingo” ou FP-5, à condition de ne pas divulguer l’emplacement exact par crainte d’éventuelles frappes russes.

La société, aujourd’hui en pleine expansion, devrait générer près d’un milliard de dollars de revenus cette année. Elle travaille également à la construction d’une usine au Danemark pour produire un carburant de fusée essentiel et prévoit d’accroître ses lignes de production de missiles de croisière.

Tests des missiles et des drones FP-1

S’appuyant sur le succès du drone FP-1, que l’Associated Press avait pu observer en exclusivité en août dernier, Fire Point prévoit désormais d’intensifier la production

de ses missiles, très demandés par les forces ukrainiennes, d’autant plus que l’approvisionnement en missiles occidentaux demeure insuffisant pour affaiblir les capacités russes.

La société affirme avoir testé avec succès ses missiles Flamingo sur le terrain à au moins quatre reprises, notamment lors d’une attaque contre une base du Service fédéral de sécurité russe à Armiansk, en Crimée, ainsi que lors de frappes récentes dans la ville russe d’Oriol.

Pour des raisons sécuritaires, l’entreprise n’a pas dévoilé ses capacités actuelles de production.

La conception des missiles repose sur des structures en fibre de carbone afin de réduire leur détectabilité par les radars russes, selon Maksym, ingénieur en chef de la société, qui s’est exprimé sous couvert de ne révéler que son prénom.

Soutien danois et financement international

Fire Point bénéficie de ce que l’on appelle le « modèle danois », permettant aux gouvernements étrangers de financer directement les entreprises de défense ukrainiennes, plutôt que d’acheter des armes à leurs propres industries avant de les transférer à Kiev.

À ce sujet, Terykh a expliqué : « Ils ont accompli un travail remarquable pour nous aider à sécuriser la production des composants essentiels. Notre usine au Danemark est destinée à résoudre les pénuries liées au carburant solide des missiles. »

Enquêtes anticorruption en cours

L’ascension rapide de la société est néanmoins entachée par plusieurs enquêtes menées par les autorités ukrainiennes anticorruption.

Les autorités examinent si Fire Point aurait gonflé le coût de certains composants ou le nombre de drones dans les contrats du ministère de la Défense, et enquêtent également sur d’éventuels liens avec Mendytch.

L’entreprise affirme que les missiles Flamingo ne sont pas concernés par l’enquête.

Bien que l’entreprise soit officiellement enregistrée au nom d’Yehor Skaliha — également actif dans l’industrie du divertissement —, son fondateur, Denys Shtelerman, affirme être le véritable propriétaire majoritaire, précisant que Skaliha ne détient que 2 % des parts.

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