Moyen-Orient

De Bruqin à Maghayer Al Dir : des colons poursuivent les Palestiniens par le feu et les déplacements


En Cisjordanie, les flammes d’une ville à peine éteintes, qu’une autre s’embrase. De Bruqin à Maghayer Al Dir, les noms changent, mais la douleur demeure.

Bruqin étouffe
Jeudi soir, ce n’est pas seulement la fumée qui planait sur la ville de Bruqin, située à l’ouest de Salfit en Cisjordanie, mais aussi l’odeur âcre de destruction laissée par des colons sous protection militaire.

D’après l’agence palestinienne Wafa, des colons ont attaqué la ville, incendiant des maisons et des véhicules en périphérie. Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé avoir pris en charge huit personnes souffrant de brûlures, traitées sur place.

Des témoins ont rapporté qu’un groupe de colons, escorté par des forces israéliennes, a mis le feu à cinq maisons et cinq véhicules, en plus de jeter des pierres sur d’autres habitations, provoquant une panique générale, notamment chez les femmes et les enfants. Les mosquées ont lancé des appels à l’aide pour éteindre les incendies.

Quelques heures après leur retrait, les forces israéliennes sont revenues en masse, avec des dizaines de véhicules militaires. Elles ont bouclé plusieurs rues, perquisitionné de nombreuses maisons et arrêté l’enfant Ayman Omar Sanad.

Ce retour est survenu après un retrait initial à la mi-journée, au terme de neuf jours d’escalade ayant coûté la vie au jeune Nael Samara, dont le corps est toujours retenu. Des arrestations et d’importants dégâts matériels ont également été constatés.

Les forces israéliennes ont par ailleurs pris les mesures de la maison de Samara, en vue de sa démolition.

Maghayer Al Dir se vide
À quelques dizaines de kilomètres de là, à l’est de Ramallah, le village bédouin de Maghayer Al Dir vit un lent déplacement silencieux.

Face à la montée des attaques de colons, les habitants ont commencé, jeudi, à préparer leur départ, selon ce qu’ont rapporté certains d’entre eux à l’Agence France-Presse.

« Nous avons pris la décision de partir, car nous nous sentons impuissants face à la violence des colons », a expliqué Youssef Melihat, un résident.

Depuis une nouvelle colonie implantée à moins de 60 mètres des maisons du village, des colons surveillaient les lieux depuis les hauteurs.

« Ce qui se passe est profondément triste », a confié le militant pacifiste israélien Itamar Greenberg. « Un colon m’a dit dimanche que d’ici un mois, les Bédouins ne seraient plus là. Mais les choses sont allées bien plus vite. »

Des colonies illégales
Toutes les colonies israéliennes en Cisjordanie sont considérées comme illégales au regard du droit international.

Israël occupe ce territoire depuis 1967. Trois millions de Palestiniens y vivent, aux côtés d’environ un demi-million de colons israéliens.

L’armée israélienne a déclaré à l’AFP qu’elle examinait la légalité de cette nouvelle colonie à Maghayer Al Dir.

Condamnation
De son côté, l’Autorité palestinienne, via la Commission de résistance contre le mur et les colonies, a condamné le déplacement forcé du village, le qualifiant de conséquence du « terrorisme des milices de colons ».

Dans un communiqué, elle a affirmé qu’un sort similaire avait été réservé à 29 autres communautés bédouines.

Maghayer Al Dir faisait partie des derniers regroupements encore habités après les récents déplacements de plusieurs autres villages.

Les 124 habitants seront désormais répartis dans d’autres régions voisines. Certains se rendront au village chrétien de Taybeh, à une dizaine de kilomètres, d’autres à Ramallah.

Un retour semble peu probable, les familles ayant emporté avec elles tout ce qu’elles pouvaient : meubles, tuyaux d’irrigation et bottes de foin.

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