Grand Maghreb

Dbeibah fait appel aux Frères musulmans, Haftar évoque l’instant décisif… La Libye sur un volcan


Alors que les protestations s’intensifient dans l’ouest libyen et que des mouvements militaires sont évoqués à l’est, le chef du gouvernement d’unité nationale sortant, Abdelhamid Dbeibah, continue de renforcer ses alliances avec le courant islamiste, dans une tentative manifeste de préserver son pouvoir.

Dans une décision hautement controversée, Dbeibah a nommé l’ancien chef du gouvernement, Omar Al-Hassi, comme conseiller spécial. Ce dernier est l’une des figures de proue du « Groupe islamique combattant libyen » — branche locale d’Al-Qaïda fondée en 1990 —, impliqué dans plusieurs opérations terroristes. Al-Hassi est également connu pour son soutien au « Conseil de la Choura des révolutionnaires de Benghazi », une organisation classée terroriste, qu’il a appuyée dans sa guerre contre l’Armée nationale libyenne.

Selon des analystes cités par le journal Al-Arab (Londres), cette nomination s’inscrit dans une stratégie de Dbeibah visant à exploiter les clivages tribaux, régionaux et politiques. En s’appuyant sur l’islam politique radical, comme les Frères musulmans, il espère reprendre la main sur une rue en révolte et attiser l’animosité envers les institutions de l’Est libyen. Des sources indiquent que Dbeibah est en contact avec des dirigeants de ce courant, et aurait récemment proposé à Abdelhakim Belhaj, ex-dirigeant du groupe islamique combattant, de revenir à Tripoli.

De son côté, le président de la Haute instance religieuse de Tripoli, le mufti des Frères musulmans Sadeq Al-Ghariani — démis par le Parlement depuis novembre 2014 —, estime que le gouvernement Dbeibah est « le moins nocif des entités politiques en Libye », appelant implicitement à son soutien en cette période de crise.

Al-Ghariani est réputé pour ses appels à faire pression sur la Force spéciale de dissuasion (relevant du Conseil présidentiel, spécialisée dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé) afin de libérer des membres de groupes liés à Al-Qaïda et à Daech, dans l’objectif de les réutiliser comme combattants contre l’armée nationale.

En réaction, le maréchal Khalifa Haftar a réaffirmé lors d’un grand défilé militaire à Benghazi son engagement en faveur de l’unité et de la souveraineté du territoire libyen.

S’adressant à ses troupes, il a déclaré : « Vous êtes le bouclier et l’épée aux frontières pour défendre cette nation. Vos forces auront le dernier mot au moment décisif. »

Il a réitéré que l’objectif premier des forces armées reste la restauration de l’État libyen, le retour de son autorité, et la consolidation de la sécurité et de la stabilité. Il a conclu : « Nous sommes à l’écoute de la volonté du peuple libyen. »

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