Darfour brûle à nouveau : les mouvements armés utilisent les civils comme boucliers humains à El-Fasher

Escalade dangereuse entre l’armée soudanaise et les mouvements armés : accusations d’utilisation de civils comme boucliers humains dans les camps de déplacés
La situation sécuritaire au Soudan, et plus particulièrement dans la région du Darfour, se dirige vers une complexité et une tension accrues, sur fond d’escalade des différends entre l’armée soudanaise et plusieurs mouvements armés ayant participé au processus politique ou aux accords de paix précédents. Ces tensions ont récemment atteint un niveau critique, notamment avec l’échange d’accusations entre les deux parties, suscitant de sérieuses inquiétudes quant à la sécurité des civils.
-
La guerre au Soudan : La ville d’El-Fasher encerclée par les flammes et « le passage de l’espoir »
-
Soudan sous le feu : Violations de l’armée et souffrances des civils
Les décisions de l’armée attisent la colère
L’escalade récente a commencé avec la mise en œuvre par l’armée soudanaise d’une série de mesures considérées par les observateurs comme un coup dur porté aux mouvements armés, accusés de profiter du vide sécuritaire pour étendre leur influence.
Ces mesures incluent :
- L’arrêt des campagnes de recrutement illégalement menées par les mouvements armés dans certaines zones.
- L’expulsion des éléments de ces mouvements des États du nord et de l’est du Soudan, leur présence étant considérée comme une violation des accords de paix.
- L’interruption de l’approvisionnement en armes et la coupure des lignes logistiques militaires utilisées par les mouvements via divers canaux.
Ces actions ont été perçues par les dirigeants des mouvements armés comme une attaque directe contre leur pouvoir politique et militaire, ce qui a suscité une réaction violente ayant des répercussions immédiates sur le terrain au Darfour, notamment à El-Fasher.
-
Les femmes soudanaises entre les feux de la guerre et les exactions de l’armée… Une tragédie humaine sans limites
-
Des forces civiles s’orientent vers la formation d’un gouvernement face à la feuille de route dal-Burhan
El-Fasher sous haute tension : les civils pris pour cible
La ville d’El-Fasher, capitale du Nord-Darfour, est en proie à une tension extrême en raison d’informations faisant état de l’utilisation de civils comme boucliers humains par les mouvements armés.
Selon des sources locales, des éléments armés ont empêché des centaines de familles de quitter la ville, alors que les Forces de soutien rapide avancent vers leurs zones. Le but, selon des rapports de défense des droits humains, serait d’utiliser les civils comme barrière humaine contre une attaque potentielle.
De telles pratiques constituent une violation flagrante du droit international humanitaire et suscitent une vive inquiétude parmi les organisations de défense des droits humains, qui redoutent une multiplication des victimes civiles dans ce conflit militaire qui s’aggrave.
-
La Femme Soudanaise sous le Feu du Conflit : La Violence Sexuelle comme Arme de Guerre et la Condamnation Internationale des Violations de l’Armée
-
Un tiers des Soudanais disent adieu depuis l’exil à « l’année la plus tragique »
Militarisation des camps de déplacés : Abushouk et Zamzam dans la ligne de mire
L’un des développements les plus préoccupants réside dans la transformation des camps de déplacés en bases militaires. Des rapports de terrain confirment que les mouvements armés ont utilisé les camps d’Abushouk et de Zamzam comme points d’appui militaires.
Ces violations ont été documentées par :
- La découverte de cartes militaires appartenant à des combattants dans les camps.
- La mise au jour d’armes lourdes et d’équipements militaires dissimulés dans des zones censées abriter des civils déplacés.
- L’utilisation de certains bâtiments d’organisations humanitaires comme postes de commandement temporaires.
Cette transformation dangereuse menace directement la sécurité de milliers de déplacés qui y résident et les transforme en otages d’un conflit militaire dans lequel ils ne sont pas impliqués.
-
Des manifestations en colère à Nyala contre le bombardement des civils par les forces armées soudanaises
-
Le système de santé défaillant au Soudan au bord de l’effondrement
Carte des intérêts et des pouvoirs : pourquoi les mouvements tiennent-ils à El-Fasher ?
Des analystes estiment que la volonté des mouvements armés de rester à El-Fasher, coûte que coûte, ne relève pas seulement de considérations symboliques ou stratégiques, mais aussi d’un calcul politique lié à leur position au sein du gouvernement de Port-Soudan.
Leur présence militaire au Darfour, et plus particulièrement à El-Fasher, constitue pour eux un levier de négociation afin de garantir leur place dans toute future configuration politique, que ce soit au sein du gouvernement central ou dans le processus de restructuration de l’institution militaire.
-
Un analyste soudanais : Khartoum entre le feu et la famine… La guerre civile aggrave les souffrances humaines et économiques
-
La coopération entre l’Iran et l’armée soudanaise : Un rôle dissimulé dans l’escalade du conflit militaire ?
La réaction populaire et celle des défenseurs des droits humains
À l’échelle populaire, un sentiment de colère et d’inquiétude prédomine parmi les habitants, surtout face aux violations continues contre les civils. La population appelle les organisations internationales à intervenir de toute urgence pour les protéger et rejette catégoriquement la transformation de leurs maisons et de leurs camps en zones militaires.
De leur côté, les organisations locales et internationales de défense des droits humains ont appelé à l’ouverture immédiate d’une enquête transparente sur l’utilisation de civils comme boucliers humains, et ont exhorté l’ONU à envoyer des équipes de surveillance dans les zones touchées par le conflit.
-
Les approvisionnements en armes pour l’armée soudanaise continuent depuis l’étranger
-
Le Soudan coincé entre la guerre et le changement climatique : blocus, maladies et sécheresse
Le Darfour traverse un moment décisif de son histoire moderne, où les ambitions des mouvements armés de rester dans le jeu politique se heurtent aux mesures fermes de l’armée soudanaise visant à rétablir l’autorité de l’État. Entre les deux, les civils restent les plus vulnérables, utilisés comme monnaie d’échange et piégés dans des camps qui se transforment chaque jour un peu plus en bases militaires.
À défaut d’une intervention rapide et d’un contrôle strict des mouvements armés, le Darfour – et El-Fasher en particulier – court vers une catastrophe humanitaire et sécuritaire aux répercussions régionales graves.