Moyen-Orient

Daech menace al-Charaa… Le groupe peut-il encore agir en Syrie ?


Le 20 avril 2025, l’organisation « Daech » a publié une déclaration vidéo dans laquelle elle menace le président syrien Ahmed al-Charaa, suite à l’intention de ce dernier de rejoindre la coalition internationale de lutte contre le terrorisme, après une demande officielle adressée à la Syrie par les États-Unis pour participer à cette lutte.

Cette déclaration a suscité des interrogations sur la capacité réelle de Daech à mettre ses menaces à exécution, d’autant que la Syrie a connu, depuis la chute du régime de Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, des changements profonds sur les plans politique et militaire, entraînant une modification des dynamiques des groupes extrémistes, dont Daech.

Le magazine Al-Majalla a souligné que l’organisation pourrait chercher à exploiter l’instabilité née de la chute du régime pour renforcer sa présence et réactiver ses cellules dans différentes régions.

Dans un article approfondi, la revue a analysé l’activité de Daech entre décembre 2024 et avril 2025, en mettant en lumière les opérations menées par le groupe, ses stratégies, les défis rencontrés, ainsi que l’impact du retrait américain sur sa capacité à concrétiser ses menaces contre le gouvernement syrien.

Selon la revue, après la chute du régime, Daech a exploité le vide sécuritaire dans la région désertique syrienne (qui s’étend entre Homs, Hama, Raqqa et Deir ez-Zor) pour intensifier ses attaques. Cette zone est restée un refuge sûr pour le groupe depuis la perte de ses territoires en 2019, en raison de son relief accidenté et de la difficulté de sa surveillance.

En décembre 2024, plusieurs attaques marquantes ont été enregistrées, notamment une attaque au sud de Raqqa ayant causé la mort de deux personnes, ainsi qu’une autre contre le champ gazier de Shaer, ayant coûté la vie au directeur de la station. Des rapports indiquent que l’organisation a mené environ 100 attaques contre des milices soutenues par l’Iran, 300 contre les forces de l’ancien régime, et 300 autres contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) durant l’année 2024, avec un rythme similaire maintenu dans les zones instables après décembre.

Le 11 décembre 2024, le nouveau gouvernement syrien a annoncé avoir déjoué une attaque planifiée contre le sanctuaire de Sayyida Zeinab à Damas, et arrêté une cellule affiliée à Daech. Le 16 décembre 2024, le Commandement central américain a mené des frappes aériennes ayant tué 12 membres, dont des dirigeants de Daech.

Le 19 décembre, un autre chef du groupe a été tué à Deir ez-Zor, et une frappe a ensuite ciblé un camion d’armes appartenant au groupe. En janvier 2025, les États-Unis ont soutenu une opération des FDS ayant conduit à l’arrestation du chef d’une cellule d’attaque. Le 16 février 2025, le nouveau gouvernement syrien a annoncé l’arrestation d’« Abou al-Hareth al-Iraqi », accusé d’avoir planifié plusieurs attentats, dont une tentative visant le sanctuaire de Sayyida Zeinab et l’assassinat d’un dirigeant du groupe Hay’at Tahrir al-Cham.

La revue conclut que, malgré ses attaques ponctuelles, Daech reste affaibli par la pression militaire conjointe exercée par la coalition internationale et le nouveau gouvernement syrien, la coordination entre ces deux parties, l’intégration des FDS dans l’appareil gouvernemental, ainsi que les défis internes que connaît l’organisation.

Cependant, le principal défi reste d’empêcher Daech de réorganiser ses rangs, en particulier dans un contexte économique syrien très dégradé et de sanctions internationales limitant la capacité de l’État à améliorer ses moyens de lutte contre le groupe.

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