Cellules de sécurité des Frères musulmans : une documentation internationale révèle un plan visant à faire taire les opposants à la guerre au Soudan

Derrière la poussière des combats au Soudan, des forces politiques et des organisations internationales accusent les Frères musulmans d’activer leurs “cellules sécuritaires” pour cibler les militants opposés à la guerre.
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Les réseaux sociaux sont devenus une scène où se dessinent quotidiennement les détails d’une tragédie persistante, malgré le changement des visages des victimes. L’organisation terroriste profite du chaos au Soudan, et cherche même à l’exploiter, selon plusieurs observateurs.
Les affrontements entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide ont éclaté le 15 avril 2023, provoquant le déplacement de plus de 11,3 millions de personnes. Parmi elles, 8,6 millions ont été contraintes de fuir leurs foyers à l’intérieur du pays, tandis que 3,9 millions d’autres ont traversé les frontières vers les pays voisins, selon les estimations récentes de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Les forces civiles démocratiques et les Forces de soutien rapide accusent les cellules sécuritaires du Parti du Congrès national – bras politique des Frères musulmans – d’avoir déclenché les premiers tirs qui ont allumé la guerre, dans le but de saboter la transition démocratique civile et de ramener au pouvoir les éléments influençant les décisions de l’armée soudanaise, anéantissant ainsi la révolution de 2019.
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Rapports internationaux
Selon le rapport annuel du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur la situation des droits humains au Soudan, la période couverte a vu un schéma d’arrestations et de détentions arbitraires de civils par des forces de sécurité conjointes.
Le rapport désigne ces forces sous le terme de “cellule”, composée de la police soudanaise, du Service général de renseignement, du renseignement militaire, parfois accompagnés de “volontaires armés”.
Il précise que les opérations ciblaient principalement les militants liés aux Forces de la liberté et du changement, aux comités de résistance, aux chambres d’urgence et à la coordination “Taqaddum”.
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Témoignages concrets
Les listes des “personnes visées” par les arrestations ne s’arrêtent pas aux cas de l’avocat Montasir Abdallah Suleiman ou de l’étudiante Dohaa Chuaib. Ces listes se sont récemment élargies à de nombreux militants, avocats, enseignants et journalistes opposés à la guerre et appelant à une résolution pacifique.
Montasir Abdallah est détenu depuis le 7 septembre 2024 après avoir demandé l’accès au dossier d’enquête concernant l’ancien Premier ministre Abdallah Hamdok et d’autres dirigeants politiques opposés à la guerre, selon le porte-parole de l’Autorité nationale pour la défense des droits et libertés.
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Quant à Dohaa Chuaib, étudiante de 21 ans, elle est détenue depuis mars dernier, après son arrestation par le renseignement militaire à Omdurman (Khartoum-Ouest). Accusée de collaboration avec les Forces de soutien rapide, elle risque la peine de mort ou la prison à perpétuité.
Elle est connue dans les milieux universitaires pour son soutien aux slogans de la révolution soudanaise et à la transition démocratique.
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Nouveaux rapports
La semaine dernière, des rapports ont révélé l’arrestation de six jeunes membres des chambres d’urgence à Al-Nuhud (Kordofan-Ouest) sous prétexte de collaboration avec les Forces de soutien rapide.
Des sources ont affirmé que des membres des Frères musulmans, sous couverture des “volontaires armés”, dressaient des listes de jeunes opposants pour les intimider, les accuser faussement de collaboration et les arrêter.
Ces sources ont recensé 45 étudiants de l’Université de Kordofan-Ouest et 150 jeunes dans divers quartiers, ainsi qu’un grand nombre de déplacés, figurant sur ces listes, mettant en péril la vie des civils.
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Condamnations juridiques
L’organisation “Avocats d’Urgence”, une entité de défense des droits humains, a dénoncé ce qu’elle a qualifié de “massacre de la justice” orchestré par les cellules sécuritaires des Frères musulmans sous les yeux de l’armée soudanaise.
Rahab Mubarak, membre du bureau exécutif de l’organisation, a déclaré que ces pratiques terroristes visaient à briser la volonté des partisans de la révolution et à intimider ceux qui revendiquent la fin de la guerre.
Elle a documenté des arrestations arbitraires de journalistes, d’enseignants et d’avocats, citant notamment l’arrestation de la journaliste Imtithal Suleiman et de l’enseignant Karar Sayed Ahmed, ainsi que celle de l’avocate Nasiba à Damazine, condamnée à sept ans de prison pour des accusations similaires.
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Restriction de la presse
Le Syndicat des journalistes soudanais a dénoncé les atteintes à la liberté de la presse, pointant du doigt les renseignements militaires et leurs alliés pour les arrestations arbitraires de journalistes, sans procédures légales.
Iman Fadl Al-Sayed, responsable des libertés au sein du syndicat, a qualifié l’arrestation de la journaliste Imtithal Suleiman de “crime odieux contre la liberté de la presse”.
Elle a précisé qu’Imtithal, membre du Conseil syndical, avait été arrêtée trois jours durant, ses effets personnels fouillés et son téléphone violé, avant d’être accusée de “collaboration” avec les Forces de soutien rapide.
Iman a également signalé des cas similaires, comme celui du journaliste Siddiq Dalai, détenu pendant plus de six mois sans justification légale.
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