Politique

Campagne marocaine pour protéger le patrimoine architectural contre le vol algérien

Le ministère de la Défense algérien attribue des images du Ksar d'Aït Ben Haddou, situé dans la province de Ouarzazate au Maroc, au patrimoine architectural algérien.


La publication par le ministère de la Défense algérien d’une vidéo promotionnelle sur le tourisme, dans laquelle des images d’un site archéologique historique marocain ont été utilisées, a suscité une large indignation sur les réseaux sociaux. Cet acte de spoliation du patrimoine culturel du royaume n’est pas une première. De l’appropriation du caftan et du zellige marocains en les attribuant au patrimoine algérien, à la revendication de sites historiques marocains ou leur utilisation à des fins de propagande trompeuse, ce dossier demeure un sujet de controverse, nécessitant à plusieurs reprises l’intervention officielle de Rabat pour protéger son patrimoine contre le pillage.

Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Ksar d’Aït Ben Haddou est l’un des sites touristiques les plus emblématiques du Maroc et constitue une destination prisée par les cinéastes du monde entier. Il a notamment servi de décor à plusieurs productions cinématographiques et télévisuelles majeures, dont le célèbre film Gladiator.

De nombreux Marocains ont réagi à la publication du ministère de la Défense algérien. Le blogueur marocain Najib El Adadi a ainsi écrit sur son compte Facebook : « Lorsque le régime algérien est incapable de créer son propre héritage, il vole celui du Maroc. »

Il a ajouté : « Plutôt que d’essayer de s’approprier l’identité marocaine, le régime algérien ferait mieux de se concentrer sur la résolution de ses crises internes, qu’il s’agisse de la pauvreté, du chômage, de la répression ou de la privation des libertés. » Il a poursuivi : « Le régime algérien cherche à détourner l’attention de son peuple par des tentatives désespérées de manipulation, mais la vérité est claire : le Maroc est fort de sa culture et de son histoire séculaire, et son identité ne sera jamais effacée, malgré les tentatives désespérées de falsification des faits. »

Avec ironie, un internaute se faisant appeler Tariq Ibn Ziyad a commenté sur la plateforme X : « Tous les Algériens reconnaîtront désormais le Ksar d’Aït Ben Haddou… publicité gratuite ! »

De son côté, une page nommée Naama Maa El Ainin a estimé que cette vidéo promotionnelle « est une tentative continue de voler tout ce qui est marocain, mais l’histoire ne peut être falsifiée et l’identité ne peut être usurpée. »

Alors que le Maroc s’efforce de protéger et de valoriser son patrimoine culturel face aux tentatives de spoliation, notamment après que l’Algérie a revendiqué certains savoir-faire traditionnels marocains comme étant les siens, le débat sur l’appropriation culturelle ne cesse d’alimenter les tensions entre les deux pays. Des éléments du patrimoine immatériel tels que le couscous, le caftan, la musique Gnaoua et le raï font régulièrement l’objet de controverses sur la question de leur origine, avec des accusations mutuelles entre les deux nations.

L’affaire des motifs de zellige sur les maillots de l’équipe nationale algérienne, conçus par la marque Adidas, avait également suscité une vive polémique, Rabat dénonçant une exploitation de symboles marocains au profit d’un autre pays. Des rapports locaux ont également révélé que l’Algérie tente d’attirer des artisans marocains spécialisés dans la marqueterie sur bois, la couture et d’autres métiers du patrimoine artisanal afin d’enrichir son propre savoir-faire.

Le Maroc s’emploie à renforcer son arsenal législatif pour la protection et la valorisation de son patrimoine culturel, naturel et géologique. Début février, le ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a souligné lors de la présentation d’un projet de loi l’importance de ces mesures législatives « face aux menaces et aux tentatives de vol répétées de certaines parties, » faisant allusion aux dépassements algériens.

Bensaid avait par ailleurs appelé le Parlement à envisager des mécanismes de défense du patrimoine immatériel marocain au sein des différentes instances parlementaires internationales.

En mai 2024, le ministère marocain de la Culture avait officiellement alerté l’UNESCO sur l’appropriation abusive par l’Algérie d’éléments du patrimoine immatériel marocain. L’année précédente, l’Algérie avait en effet soumis à l’organisation des images et vidéos du caftan marocain en les présentant comme un élément de son propre patrimoine culturel, un acte de spoliation qui n’était pas le premier du genre.

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