Après l’interdiction d’une branche des Frères musulmans : la cartographie des organisations terroristes et extrémistes à Berlin
En quelques jours seulement, un Syrien a planifié une attaque à Berlin, tandis que l’association « Muslim Interaktiv » a été interdite, révélant la gravité croissante de la menace terroriste dans la capitale allemande.
Mercredi matin, la police berlinoise a perquisitionné au moins un bâtiment dans le quartier de Neukölln dans le cadre de l’interdiction de l’association « Muslim Interaktiv », affiliée aux Frères musulmans.
Le week-end précédent, les médias avaient relayé l’affaire d’un jeune Syrien de 22 ans arrêté à Neukölln par les autorités de sécurité, après des indications selon lesquelles il prévoyait de mener une attaque au nom de l’organisation État islamique (Daech).
Selon des rapports, le jeune homme s’est radicalisé sur les réseaux sociaux à travers ce que l’on appelle « l’islamisme sur TikTok », un phénomène largement représenté par l’organisation « Muslim Interaktiv ».
D’après le ministère de l’Intérieur, ces groupes extrémistes reposent sur une utilisation intensive des médias sociaux et sur l’organisation d’« événements publics » dans la vie réelle.
L’année dernière, Muslim Interaktiv est parvenue à mobiliser plus de 1 000 participants lors de plusieurs manifestations liées au conflit au Moyen-Orient.
Ces développements soulèvent des questions sur l’ampleur de la menace que représentent les organisations terroristes et extrémistes à Berlin.
Une menace grandissante
Selon le rapport de l’Office de protection de la Constitution de Berlin, le nombre d’islamistes dans la capitale s’élève actuellement à 2 440 personnes, soit une augmentation de 100 individus par rapport à l’année précédente.
La montée des tensions au Moyen-Orient depuis le 7 octobre 2023 est considérée comme un facteur clé de cette hausse.
Parmi les groupes les plus dangereux figurent ceux liés aux Frères musulmans, qui cherchent à renforcer leur influence sur les musulmans d’Allemagne à travers des mosquées, des associations et des organisations mères.
Les Frères musulmans comptent environ 200 cadres dirigeants à Berlin, et travaillent à s’infiltrer progressivement dans les institutions allemandes.
Parmi leurs branches, l’organisation « Muslim Interaktiv » a organisé des marches réclamant le rétablissement du califat dans les rues allemandes, tout en diffusant en ligne des contenus visant les jeunes et les mineurs, afin de favoriser la mobilisation et le recrutement.
À Berlin, les partisans du salafisme extrême apparaissent également comme le groupe le plus actif en 2024. Selon l’Office de protection de la Constitution : « Le salafisme politique repose sur la propagande pour diffuser son idéologie, tandis que le salafisme djihadiste s’appuie sur l’usage de la violence. »
Le rapport ajoute : « La transition entre ces deux courants est fluide. Les prêcheurs extrémistes œuvrent à la fois dans certaines mosquées et sur Internet. Leur discours cible particulièrement les jeunes et les mineurs. »
Les organisations défendant cette idéologie « utilisent les plateformes telles qu’Instagram, TikTok et YouTube pour attirer les adolescents ».
Plutôt que d’aborder des sujets religieux complexes, les contenus salafistes diffusés aujourd’hui sur les réseaux se concentrent sur des questions liées à la vie quotidienne.
Daech, le Hezbollah et le Hamas
En dehors du salafisme, l’organisation État islamique (Daech) représente la plus grande menace pour la sécurité intérieure à Berlin. Sa branche d’Asie centrale, connue sous le nom de « Wilayat Khorasan » (ISPK), s’est récemment distinguée.
Les autorités estiment qu’environ 60 personnes à Berlin sont liées à cette branche.
En plus de la propagande incitant à la haine contre « l’Occident », Daech continue de planifier des attaques contre des « cibles faciles », telles que les festivals, les concerts et les événements sportifs.
Le mouvement Hamas, interdit en Allemagne, a également intensifié ses activités à Berlin depuis le 7 octobre 2023. Ses membres, estimés à environ 250 dans la capitale, diffusent les idées du mouvement au sein de la communauté musulmane sous couvert de solidarité avec la cause palestinienne.
Parmi les autres acteurs du paysage islamiste berlinois figurent le Hezbollah, soutenu par l’Iran (environ 300 membres), et le Hizb ut-Tahrir (80 membres), tous deux interdits d’activité en Allemagne.
