Après la bombe Bayrou… trois scénarios sur la table de Macron

La France se trouve plongée dans une tourmente politique et financière à la suite de l’incapacité du Premier ministre François Bayrou à réduire le déficit budgétaire, ouvrant ainsi la voie à trois scénarios possibles.
Les premiers indicateurs laissent penser que l’initiative du chef du gouvernement de soumettre sa fragile majorité à un vote de confiance pourrait se solder par la chute de son cabinet le mois prochain, aggravant la crise qui fragilise déjà le président Emmanuel Macron dans sa tentative de gouverner le pays.
Lundi dernier, Bayrou a défié ses opposants, invoquant la nécessité urgente de réduire le déficit colossal de la France. Il a convoqué le Parlement à une session exceptionnelle prévue le 8 septembre prochain pour se prononcer sur un vote de confiance.
La réaction de l’opposition ne s’est pas fait attendre : La France insoumise, formation d’extrême gauche, a annoncé qu’elle chercherait à renverser le gouvernement. Même son de cloche chez les socialistes du centre-gauche, lassés depuis longtemps de ce Premier ministre centriste. Quant au Rassemblement national, mené par Marine Le Pen, il semble également prêt à abandonner Bayrou, selon le magazine américain Politico.
L’entourage du Premier ministre a exprimé sa surprise face à cette décision du RN, pensant que Marine Le Pen préférait « laisser Bayrou faire le sale travail » d’équilibrage budgétaire. Jusqu’ici, Bayrou avait survécu à plusieurs motions de censure grâce à l’abstention conjointe des socialistes et du RN. Mais avec ce double soutien désormais envolé, ses chances de survie semblent nulles, sauf improbable volte-face de ses adversaires.
En cas de chute du gouvernement, il reviendra à Emmanuel Macron de choisir la prochaine étape. Trois scénarios principaux se dessinent :
1. Nommer un nouveau Premier ministre
Depuis les élections anticipées de l’été dernier, l’Assemblée nationale est profondément fragmentée en trois blocs de taille comparable : une alliance de gauche, une coalition centriste-conservatrice et l’extrême droite.
Bayrou serait le deuxième Premier ministre à tomber depuis ce scrutin, après Michel Barnier, renversé trois mois après sa nomination. Nommer un nouveau chef du gouvernement issu du centre ou du centre-droit pourrait paraître répétitif, voire suicidaire, mais Macron n’a peut-être guère d’autre choix s’il veut préserver son héritage avant la présidentielle de 2027.
Le nom de Sébastien Lecornu, ministre de la Défense, âgé de 39 ans et proche du président, circule avec insistance. Ancien membre des Républicains, il est réputé habile et capable de dialoguer avec l’extrême droite. D’autres suggèrent de se tourner vers des personnalités du centre-gauche, comme l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, mais cela exigerait des concessions coûteuses pour Macron, notamment une hausse d’impôts ou une remise en cause de la réforme des retraites.
2. Dissoudre l’Assemblée et convoquer de nouvelles élections
Macron pourrait choisir de jouer son va-tout en convoquant de nouvelles élections législatives. Toutefois, ce pari est risqué : la dissolution de 2024 est précisément à l’origine de l’actuelle paralysie. Le paysage politique n’ayant guère évolué depuis, de nouvelles élections risqueraient fort de déboucher sur une Assemblée à nouveau ingouvernable.
Si Macron a longtemps insisté pour que Bayrou reste en poste, les appels à dissoudre se multiplient. Jean-Luc Mélenchon plaide pour de nouvelles élections, tandis que Marine Le Pen a affirmé que seul un nouveau scrutin permettrait aux Français de « choisir leur destin ».
3. La démission
Enfin, certains responsables politiques, principalement issus des extrêmes, réclament la démission pure et simple du président Macron, comme ce fut déjà le cas après les élections anticipées de l’été dernier. Jean-Luc Mélenchon a annoncé vouloir déposer une motion symbolique de destitution, promise à l’échec mais destinée à accentuer la pression politique.
Macron a fermement exclu toute démission. Néanmoins, l’avenir de la France dépend de la capacité de son gouvernement à présenter un budget 2026 crédible, réduisant le déficit et les dépenses publiques. Pour l’heure, cet objectif paraît hors de portée, mettant le président dans une position délicate.
La combinaison d’instabilité politique et de dégradation budgétaire pourrait ainsi créer un cocktail explosif pour l’exécutif, dont la légitimité est de plus en plus contestée.