Politique

La nomination par Macron de personnalités hostiles au Maroc dans son gouvernement annonce le renouvellement des tensions 

Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, est considéré comme le principal moteur de la campagne qui a ciblé Rabat au sein du Parlement européen, tandis que le nouveau Premier ministre, Atal, est impliqué dans la crise des visas pour les Marocains 


La nomination jeudi du secrétaire général de son parti, Stéphane Séjourné, au poste de ministre des Affaires étrangères, en remplacement de Catherine Colonna, soulève des questions sur la nature de ces choix et leur impact sur les relations franco-marocaines, qui étaient sur le point de résoudre une crise silencieuse entre les deux pays.

Séjourné, chef du groupe « Renaissance » et député au Parlement européen, a dirigé une campagne au sein de l’organe législatif européen contre le Maroc, aboutissant à l’émission de deux résolutions non contraignantes, dont l’une abordait faussement et de manière trompeuse des allégations de violations graves de la liberté de la presse dans le royaume. Ces allégations étaient basées sur des accusations promues par des organisations non gouvernementales, dont Human Rights Watch, qui s’est impliquée dans le cas du journaliste Omar Radi, condamné pour espionnage et agressions sexuelles, encadrant son affaire comme une violation de la liberté d’expression.

Le nouveau ministre français des Affaires étrangères, proche de Macron et faisant partie de la majorité de soutien, a précédemment travaillé en tant que conseiller de ce dernier de fin 2020 à octobre/novembre 2021. Il était également responsable de la collecte de fonds pour la campagne présidentielle de Macron en 2017.

La nomination de Stéphane Séjourné à la tête de la diplomatie française pourrait créer des ruptures dans les relations de la France avec plusieurs pays, dont le Maroc, ramenant potentiellement les relations avec le royaume à un état de tension. Cela survient après des signes d’une percée dans la crise silencieuse entre Paris et Rabat concernant la crise des visas et des positions officielles hostiles aux intérêts du royaume.

Séjourné, le nouveau ministre « macroniste », a également été le principal moteur de la campagne ciblant Rabat au sein du Parlement européen, concernant des allégations d’espionnage via le programme israélien « Pegasus ». Cette campagne a été l’une des causes du vide diplomatique de longue date à l’ambassade marocaine à Paris, symbolisant une crise sans précédent entre les deux pays.

Les relations entre les deux parties se sont tendues en raison de la décision de Paris de réduire le nombre de visas accordés aux Marocains et de sa position sur la question du Sahara Marocain. La dépendance du président français envers l’Algérie, la recommandation du Parlement européen concernant la liberté de la presse au Maroc, et la question de l’espionnage à l’aide du programme israélien « Pegasus » ont tous contribué aux relations tendues, que Rabat considère comme impliquant les médias français et certains cercles dans son émergence et sa promotion, nécessitant l’intervention des autorités françaises.

Les positions françaises ont entraîné une tension, notamment le rejet par les autorités marocaines de l’aide française aux victimes du séisme du 8 septembre de l’année dernière, provoquant l’indignation des médias français, qui ont lancé des campagnes contre le Maroc et ses institutions. L’ampleur de la crise « silencieuse » qui plane sur les relations Rabat-Paris depuis plus de deux ans se manifeste par le gel des visites des responsables des deux pays, l’absence de tout contact entre le monarque marocain et le président français, et un vide diplomatique.

Après des tentatives françaises de combler le fossé et de montrer une bonne volonté envers Rabat, les relations entre les deux pays ont montré des signes d’amélioration. Le roi Mohammed VI a nommé Samira Sitail, ancienne directrice de l’information de la deuxième chaîne marocaine, en tant qu’ambassadrice auprès de la République française en octobre de l’année dernière. Cela faisait des mois que le poste était vacant après la fin du mandat de l’ambassadeur Mohammed Benchaaboun le 17 janvier de l’année dernière, le même jour où le Parlement européen a voté une résolution concernant la liberté de la presse, jugée hostile au Maroc, initiée et soutenue par les députés du parti de Macron.

En novembre 2023, lors d’une interview sur « Radio 2M », l’ambassadeur français à Rabat, Christophe Lecourtier, a annoncé que son pays avait levé toutes les restrictions précédemment imposées sur la délivrance de visas aux citoyens marocains, closant ce dossier de manière définitive. Cependant, il a exprimé des regrets pour cette décision, déclarant que c’était une « perte » pour son pays, reconnue par le président Emmanuel Macron, et elle a grandement nui à son image. Il a précisé qu’une relation étroite, telle que celle entre Paris et Rabat, ne peut pas être gérée uniquement à travers des statistiques.

Ces développements soulèvent des questions sur la signification de ces nominations après les efforts français pour apaiser et mettre fin à la crise avec le Maroc. Les nouveaux noms (à commencer par le Premier ministre controversé Gabriel Attal jusqu’à son ministre des Affaires étrangères lié par contrat civil) semblent aller à l’encontre du processus de tourner la page sur le différend. Pourquoi Macron choisit-il des personnalités hostiles au Maroc tout en cherchant à mettre fin à la tension ?

La question des nominations concerne des aspects internes et externes. Alors que la trajectoire externe liée aux relations avec le Maroc reste vague et incompréhensible, le côté interne peut expliquer cette vision. Les observateurs disent que Macron essaie de se fortifier intérieurement, étant donné que son gouvernement ne dispose pas de la majorité absolue.

Les perspectives circulées, notamment parmi l’opposition, soulignent que cette étape ne conduira pas nécessairement à un changement politique majeur. Elle indique cependant le désir de Macron de surmonter les réformes impopulaires de l’année dernière sur les retraites et l’immigration, et d’améliorer les chances de son parti centriste aux élections de l’Union européenne en juin.

Ils estiment que l’intérêt de la France aujourd’hui exige de changer les positions antérieures hostiles au Maroc de Séjourné à la lumière des relations actuelles entre les deux pays. Par conséquent, une nouvelle approche envers le Maroc est nécessaire pour orienter les relations étrangères vers un rapprochement avec Rabat, après des revers et un déclin de l’influence de la France dans la région du Sahel, tandis que le Maroc émerge comme une force significative et un partenaire fiable pénétrant activement la profondeur africaine avec une diplomatie politique et économique silencieuse basée sur des partenariats stratégiques servant les intérêts africains et marocains.

Le nouveau Premier ministre a peut-être tiré des leçons de l’expérience passée et des efforts assidus de son pays pour améliorer les relations avec le Maroc, compte tenu de son importance et de sa position stratégique dans la région. Cela est d’autant plus crucial que le Maroc est considéré comme le principal partenaire commercial de la France en Afrique et qu’il assure activement un passage vers l’Afrique subsaharienne, pratiquant le « pouvoir doux » économiquement depuis 2010.

Des analystes suggèrent que les personnalités politiques du nouveau gouvernement devraient travailler à l’avancement des relations bilatérales entre leur pays et le Maroc. C’est important compte tenu du fait que la France entretient généralement des relations tendues avec plusieurs de ses anciennes colonies en Afrique et a un besoin urgent d’une relation stable et étroite avec le Maroc.

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