Appels mondiaux pour sauver le Soudan : Défis de la guerre et dilemme de l’aide humanitaire
Appels internationaux pour sauver le Soudan
Lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies qui s’est tenue à New York vendredi, les membres du Conseil ont lancé des avertissements sévères concernant la détérioration de la situation au Soudan, soulignant que le pays se dirige vers une impasse dangereuse et un conflit prolongé susceptible de conduire à l’effondrement de l’État et à des répercussions négatives sur la région dans son ensemble.
Condammation américaine des parties au conflit
Lors de la session, les dirigeants de l’armée et des Forces de soutien rapide ont été accusés d’être responsables de la dégradation actuelle de la situation, avec l’accent mis sur la nécessité de faire pression sur les factions en conflit pour les amener à négocier.
L’ambassadeur américain Robert Wood a déclaré : « L’année dernière, deux généraux rivaux ont conduit leurs armées sur le champ de bataille, plongeant le Soudan dans une spirale de mort, de destruction et de chaos qui continue jusqu’à présent. »
Il a ajouté : « Ces deux généraux, qui ont dirigé un coup d’État militaire en 2021, ont entravé la transition démocratique au Soudan et continuent de bloquer la réalisation d’un avenir meilleur pour le peuple soudanais. »
Wood a appelé les parties à cesser immédiatement les combats et à revenir sans délai à la table des négociations de paix, soulignant les plans en cours pour reprendre les pourparlers à Djeddah début mai, sous l’égide de l’Arabie saoudite et des États-Unis, ainsi que de l’Égypte, des Émirats arabes unis, de l’IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement) et de l’Union africaine. Les intervenants se sont engagés à soutenir le peuple soudanais dans la détermination de son destin et la restauration du processus démocratique.
Efforts politiques
De son côté, Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe des Nations unies aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a qualifié la crise soudanaise de « crise d’une ampleur mythique entièrement fabriquée par l’homme », soulignant l’échec des parties à protéger les civils.
Elle a déclaré que l’ONU était prête à intensifier ses efforts avec ses partenaires internationaux – notamment l’Union africaine, l’IGAD, la Ligue des États arabes, les États membres et les principaux partenaires – pour mettre fin aux hostilités et soutenir une médiation internationale efficace et globale.
Elle a précisé que Ramadan Lamamra, Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies, travaillait avec les parties nationales, régionales et internationales pour améliorer la coordination des initiatives de médiation.
DiCarlo a appelé toutes les parties belligérantes à respecter le droit international et la Déclaration de Djeddah et à protéger les civils, demandant de faire preuve du maximum de retenue pour éviter plus de violence.
Dans le même contexte, Mohamed Ben Chambas, représentant de l’Union africaine, a souligné que la guerre avait fait reculer le Soudan de plusieurs décennies, affirmant que « la reconstruction du Soudan à son état d’avant la guerre prendra plus d’une génération. »
Il a souligné que le conflit avait entraîné de graves violations du droit international des droits de l’homme, du droit international humanitaire et des lois régissant les conflits armés.
Il a ajouté : « La guerre doit cesser et les pourparlers de Djeddah doivent reprendre rapidement avec la pleine participation de l’Union africaine pour parvenir à un cessez-le-feu inconditionnel afin de mettre fin à la souffrance du peuple soudanais. »
Crise humanitaire au Soudan : Appels urgents à l’action
Dans le cadre de la résolution 2724, les intervenants au Conseil de sécurité ont souligné la nécessité urgente de garantir un accès immédiat et sans entrave à l’aide humanitaire, saluant les engagements des donateurs annoncés lors de la récente conférence de Paris, totalisant 2,1 milliards de dollars pour soutenir les efforts humanitaires, et appelant les agences des Nations unies à accélérer la fourniture d’aide au peuple soudanais.
Edem Wosornu, directeur des opérations au Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), a parlé de la situation critique des Soudanais dans des conditions humanitaires en détérioration. Avec l’approche de la saison sèche, environ 18 millions de personnes sont confrontées au risque de famine sévère, un chiffre qui devrait augmenter. Il a ajouté : « Pour éviter une catastrophe humanitaire, les parties concernées doivent prendre des mesures immédiates pour faciliter l’accès à l’aide humanitaire, conformément au droit international. »
Il a souligné le besoin urgent d’élargir le soutien à la protection des travailleurs humanitaires, de fournir plus de financements et d’obtenir une participation internationale pour mettre fin à la violence.
Conséquences graves du conflit
Le conflit au Soudan a entraîné des pertes humaines catastrophiques, avec plus de 14 000 personnes tuées et des milliers blessées, et plus de 8,6 millions de personnes déplacées, dont 1,8 million de réfugiés. La guerre a transformé le pays en un enfer, plaçant près de 25 millions de Soudanais dans un besoin urgent d’aide humanitaire, trois quarts d’entre eux souffrant d’une grave insécurité alimentaire.
La violence croissante au cours des dernières semaines constitue une menace directe pour la vie de 800 000 civils à El Fasher et risque de déclencher de nouveaux affrontements dans d’autres régions du Darfour, où plus de 9 millions de personnes vivent dans des conditions désastreuses.