Politique

Ankara fait pression sur Erbil pour resserrer l’étau sur les rebelles kurdes


Le président turc affirme qu’il n’y a pas de place pour ce qu’il appelle des « organisations terroristes » en Syrie sous sa nouvelle direction, dans un avertissement ciblant les combattants kurdes du nord de l’Irak.

Les discussions entre le Premier ministre du Kurdistan irakien, Masrour Barzani, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Ankara, où Barzani est arrivé ce mardi pour une visite officielle, se sont concentrées sur plusieurs points de désaccord, en particulier sur les questions de sécurité. La Turquie exerce des pressions pour la mise en œuvre d’un accord visant à resserrer l’étau sur le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu’elle qualifie de « groupe terroriste » et dont elle bombarde régulièrement les positions dans le nord de l’Irak sous prétexte de lutte contre le terrorisme.

Le bureau du président turc a déclaré mardi que la Turquie travaille à garantir que les récents changements en Syrie ne provoquent pas de nouvelles perturbations dans la région. Ce message a été réitéré lors de la réunion avec Barzani, illustrée par une photo publiée par la présidence, où les deux hommes se serrent la main.

Le gouvernement du Kurdistan a précisé que « les deux parties ont souligné la nécessité de résoudre les différends entre la région autonome et le gouvernement fédéral sur la base de la Constitution et de lever les obstacles entravant l’exportation de pétrole de la région » via l’oléoduc reliant au port turc de Ceyhan.

Ankara a interrompu les flux pétroliers le 25 mars 2023, après qu’un arbitrage international a confirmé que la Turquie avait violé les dispositions du traité de 1973 en facilitant les exportations de pétrole depuis le Kurdistan sans l’accord du gouvernement fédéral de Bagdad. Ankara refuse de payer les 1,5 milliard de dollars d’indemnités à Bagdad et tente d’utiliser les négociations pour exercer des pressions sur l’Irak.

La visite de Barzani intervient alors que la Turquie insiste régulièrement sur le fait qu’il n’y aura pas de place dans l’avenir de la Syrie pour le PKK et ses branches affiliées, après le renversement du président syrien Bachar al-Assad par des forces d’opposition le mois dernier.

Dans un communiqué du bureau d’Erdogan, le président turc a répété ce message lors de la réunion, déclarant : « La Turquie attache une grande importance à la stabilité et à la sécurité de l’Irak, notamment face aux récents développements en Syrie. »

La Turquie demande la dissolution des Unités de protection du peuple (YPG) dans le nord-est de la Syrie depuis la chute d’Assad, les considérant comme une extension du PKK, classé comme organisation terroriste par Ankara, Washington et l’Union européenne. Les YPG dirigent les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliées aux États-Unis, et ont joué un rôle clé dans la défaite de l’État islamique entre 2014 et 2017.

Lundi, Erdogan a affirmé que la fin des combattants kurdes en Syrie était proche et qu’il n’y aurait « aucune place pour le terrorisme » dans la future Syrie après le renversement d’Assad. Il a également menacé de lancer une nouvelle opération transfrontalière en Syrie contre les factions kurdes armées si la Turquie se sentait menacée.

De son côté, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré que « l’élimination du PKK et des YPG n’est qu’une question de temps », citant une invitation du nouveau chef syrien Ahmed Charaa à intégrer les forces dirigées par les Kurdes dans l’armée nationale syrienne.

Ankara semble également vouloir entraîner Bagdad dans une guerre contre les combattants kurdes du nord de l’Irak. En août, les deux pays ont signé un accord de coopération militaire comprenant la création de centres de commandement et de formation conjoints dans le cadre des opérations militaires contre le PKK.

Le PKK mène une rébellion de longue date contre l’État turc et est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux. L’armée turque lance fréquemment des frappes contre les combattants kurdes en Syrie et en Irak, les accusant de liens avec le PKK.

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