Al-Sadr laisse entrevoir un possible changement de position sur le boycott électoral

Saleh Mohammed al-Iraqi, proche collaborateur de Moqtada al-Sadr, a affirmé que le leader du courant subordonne toute fin du boycott des prochaines élections législatives à une réforme en profondeur et à un remplacement des hauts responsables au pouvoir.
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Dans une évolution notable de la position politique du courant sadriste, des signaux récents laissent entrevoir une possible révision de sa décision antérieure de boycotter les prochaines élections législatives prévues pour novembre. Ces indices proviennent de Saleh Mohammed al-Iraqi, figure médiatique réputée pour sa proximité avec le chef du courant, Moqtada al-Sadr.
Alors que le leader chiite avait jusque-là affirmé de façon catégorique son refus de revenir sur la scène électorale — allant même jusqu’à exclure toute composante du mouvement qui tenterait d’y participer — les récents messages diffusés par al-Iraqi ouvrent désormais la porte à des interprétations. Une éventuelle participation reste toutefois conditionnée à la mise en œuvre d’un « changement radical » et d’une « réforme globale ».
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Dans une publication sur les réseaux sociaux, al-Iraqi a relayé une position plus détaillée du leader, expliquant que la décision de boycott n’est pas définitive en soi. Son abandon dépendrait d’un ensemble de revendications, au premier rang desquelles figure le départ de l’actuelle classe dirigeante.
Al-Sadr a ainsi déclaré que « l’alternative réelle au boycott est le remplacement des visages actuels (shlaa’ qalaa’), afin d’ouvrir les portes de la réforme et de fermer celles de la dépendance et de la soumission aux médiocres, pour que le peuple soit protégé des armes incontrôlées, de la répression des voix libres, de l’eau polluée, et pour récupérer les parts d’eau et d’électricité perdues, ainsi que sécuriser les frontières ouvertes au terrorisme et à la contrebande, sans oublier les agendas étrangers qui ont affaibli la religion et la patrie ».
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Dans le même texte, il a ajouté que « l’alternative au boycott est une réforme complète, un changement des figures et même des mentalités, afin de sauver l’Irak par des moyens politiques et juridiques, sans ingérence étrangère, ce qui reste improbable ».
Ces propos, malgré leur virulence, esquissent pour la première fois depuis l’annonce du boycott un « scénario alternatif » qui permettrait au courant de reconsidérer sa position, à condition qu’un véritable bouleversement politique et institutionnel se produise.
Moqtada al-Sadr avait annoncé en mars dernier qu’il ne participerait pas aux élections à venir, invoquant la persistance de la corruption et la mainmise des « corrompus » sur l’appareil d’État, allant jusqu’à affirmer que l’Irak « vit ses derniers souffles ».
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Plus tôt encore, en juin 2022, il avait pris la décision radicale de se retirer du processus politique, en retirant ses 73 députés du Parlement, réaffirmant qu’aucune participation n’était envisageable tant que régnaient corruption et partage confessionnel du pouvoir.
Pour autant, des observateurs estiment que les dernières déclarations marquent un infléchissement possible — même indirect — du discours sadriste. Elles pourraient préparer psychologiquement les partisans à un éventuel retour, en cas de nouvelles équations politiques ou de compromis sur la scène nationale.
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Le courant sadriste, rappelons-le, avait obtenu le plus grand nombre de sièges aux élections d’octobre 2021, bénéficiant d’un large mandat populaire. Cependant, ce résultat n’avait pas permis la formation d’un gouvernement, en raison du blocage orchestré par le « Cadre de coordination » chiite, qui avait eu recours à la Cour fédérale pour empêcher l’élection d’un président de la République, paralysant ainsi le processus.
Cette impasse avait provoqué l’effondrement de l’alliance tripartite que Sadr avait formée avec le Parti démocratique du Kurdistan et l’Alliance de la Souveraineté, entraînant son retrait définitif du Parlement et le maintien de son mouvement en dehors du système politique officiel.
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Si les derniers signaux traduisent une ouverture relative, les conditions fixées par le chef religieux — réformes radicales, démantèlement des milices, remise des armes à l’État — paraissent difficilement réalisables à court terme. À plusieurs reprises, al-Sadr a réclamé la dissolution de toutes les factions armées, y compris ses propres brigades de la paix, exigence jugée peu réaliste dans le contexte actuel.
Certains centres de recherche et forces politiques préviennent que la participation aux prochaines élections risque d’être très faible si le courant sadriste persiste dans son boycott, celui-ci représentant une base électorale considérable, particulièrement dans le sud et le centre du pays.
Dans ce contexte, le mouvement semble évoluer sur une ligne ténue, oscillant entre la fermeté de son boycott et une ouverture conditionnelle à un retour. Même si les chances d’une levée des conditions semblent faibles, la récurrence des références à un « scénario alternatif » laisse la porte entrouverte à une éventuelle révision de position, si le paysage politique venait à se transformer.