Grand Maghreb

Affaire du transfert vers les zones de conflit : la justice tunisienne a-t-elle fait honneur au sang de la jeunesse ?


Bien que la justice ait rendu ses verdicts et clos le dossier, l’affaire du transfert de jeunes Tunisiens vers les zones de conflit – dans laquelle sont impliqués des dirigeants islamistes ayant exercé le pouvoir après la révolution – continue de susciter la controverse en Tunisie.

L’ancienne députée Fatma Mseddi, qui a dirigé la commission parlementaire d’enquête sur cette affaire, a exprimé sa satisfaction quant aux jugements rendus, soulignant que cette victoire n’est pas personnelle, mais un triomphe de la vérité et un hommage au sang des jeunes sacrifiés dans des guerres qui ne les concernaient pas.

Sur sa page Facebook officielle, Mseddi a écrit :

« Depuis 2016, je porte ce lourd dossier, malgré les menaces et les campagnes de diffamation. Aujourd’hui, il est prouvé que la parole de vérité ne meurt jamais, même si cela prend du temps. »

La semaine dernière, un tribunal tunisien a provisoirement clôturé l’une des affaires les plus sensibles, connue médiatiquement sous le nom de “l’affaire du transfert des terroristes vers les zones de conflit”, en prononçant des peines sévères à l’encontre de plusieurs dirigeants du mouvement islamiste, selon un rapport détaillé publié par le site Akhbar Al-Youm.

Les peines de prison ont varié entre 18 et 36 ans pour huit figures majeures impliquées dans le dossier, sur un total d’environ 800 accusés dont les affaires sont encore en cours d’enquête ou en attente de jugement. Ces condamnations incluent Ali Larayedh, vice-président d’Ennahdha, condamné à 34 ans de prison, ainsi que plusieurs anciens responsables sécuritaires proches du mouvement, et des membres du groupe terroriste Ansar Al-Charia.

Le Pôle judiciaire antiterroriste a révélé que les accusations portaient sur :

  • La formation et l’adhésion à une organisation terroriste en Tunisie,
  • L’utilisation du territoire tunisien pour faciliter des crimes terroristes à l’étranger,
  • Le recrutement et le financement du départ de Tunisiens vers des zones de conflit,
  • L’incitation au départ du territoire pour rejoindre des groupes armé

Parmi les principaux condamnés figure Ali Larayedh, ancien ministre de l’Intérieur puis chef du gouvernement entre 2011 et 2014, période durant laquelle les réseaux de transfert de combattants ont été particulièrement actifs.

L’affaire met aussi en lumière l’organisation Ansar Al-Charia, classée terroriste à l’échelle nationale et internationale. Les enquêtes ont révélé une collaboration étroite entre ce groupe et Ennahdha, notamment après la révolution. Plusieurs accusés ont reconnu avoir joué un rôle central dans le recrutement, l’entraînement et le transfert de jeunes vers la Syrie, la Libye et l’Irak.

Parmi les figures majeures du groupe figurent :

Lotfi El-Hamami, membre influent de la cellule extrémiste de Djebel Jelloud à Tunis, superviseur de l’organisation des départs vers les zones de conflit. Dans de précédents aveux, il a déclaré : « Celui qui prépare un combattant est comme s’il avait combattu lui-même. »

Autres condamnés notables :

  • Noureddine Kandouz, ancien cadre d’Ennahdha – 36 ans de prison
  • Fathi El-Beldi et Abdelkarim El-Obaidi, anciens responsables sécuritaires liés à Ennahdha – 26 ans
  • Hicham Essâadi, Lotfi El-Hamami, Seifeddine Raïs, Sami Echaâr – dirigeants d’Ansar Al-Charia – condamnés entre 18 et 36 ans de prison.
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