L'Europe

Bilan 2025 : l’Europe rejoint la dynamique de l’encerclement des Frères musulmans et renforce les outils de lutte


De l’Allemagne à la Suède, en passant par la France, les Frères musulmans n’avaient jamais subi en Europe des revers comparables à ceux enregistrés en 2025, année marquée par un élargissement notable des dispositifs de lutte.

Le groupe des Frères musulmans et le réseau d’organisations qui lui sont affiliées ont essuyé des coups sévères en France, en Allemagne, en Suède et dans d’autres pays européens, conférant un nouvel élan au processus de lutte contre l’islam politique.

Dans ce rapport, on passe en revue les mesures prises par plusieurs États européens à l’encontre des Frères musulmans et, plus largement, des organisations relevant de l’islam politique.

Allemagne

Dans l’initiative la plus récente, le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), deuxième force parlementaire au Bundestag, a déposé cette semaine une interpellation urgente du gouvernement concernant l’octroi de financements publics à certains projets gérés par des structures liées aux Frères musulmans, en particulier l’organisation KLEEM, associée au groupe. Le parti a également réclamé l’ouverture d’une enquête parlementaire d’urgence sur ce dossier.

Parallèlement, le ministère fédéral allemand de l’Intérieur a annoncé la création d’un conseil consultatif permanent chargé de la lutte contre l’islam politique et l’extrémisme religieux. Cette initiative vise à élaborer, à terme, des politiques de prévention efficaces face à ce type de radicalisation.

Ce conseil prépare la mise en place d’un plan d’action fédéral de lutte contre l’islam politique, notamment contre les Frères musulmans, conformément aux engagements pris par les partis de la coalition gouvernementale dans l’accord de formation du gouvernement signé au printemps dernier.

Une semaine auparavant, les structures affiliées aux Frères musulmans avaient déjà subi un revers judiciaire, concernant Saad Al-Jazzar, président du Centre culturel et éducatif Marwa El-Sherbini à Dresde. Une juridiction allemande l’a reconnu coupable d’avoir détourné à des fins personnelles des dons de fidèles et d’avoir transféré des fonds sur son compte personnel.

Il lui est reproché d’avoir, en 2019, prélevé de manière répétée de l’argent dans la caisse de l’association et d’avoir détourné plus de 13 000 euros provenant des dons effectués par les fidèles du centre lors de la prière du vendredi.

La place centrale d’Al-Jazzar au sein du réseau des Frères musulmans en Allemagne, ainsi que son contrôle sur les centres du groupe dans le Land de Saxe, à l’est du pays, illustrent la portée de l’action judiciaire visant à contrer l’emprise des structures fréristes sur les communautés musulmanes et leurs ressources financières.

Au début du mois en cours, les autorités allemandes ont également porté un coup dur aux relais de propagande liés aux Frères musulmans en interdisant l’organisation Muslim Interaktiv, principalement active dans la propagande en ligne. Des perquisitions ont été menées dans les locaux de ses dirigeants afin de recueillir des preuves.

France

En France, les autorités ont décidé en juin dernier de dissoudre l’Institut européen des sciences humaines (IESH), présenté comme le plus ancien centre de formation des imams dans le pays, en raison de « ses liens avec le groupe des Frères musulmans ».

Cette décision est intervenue à la suite de la publication par les services de sécurité d’un rapport sur l’activité des Frères musulmans en France et la menace qu’ils représentent pour la sécurité et la cohésion sociale, marquant une nouvelle escalade dans la lutte contre le groupe.

Le rapport révèle que 7 % des lieux de culte musulmans en France sont liés aux Frères musulmans et que cette organisation constitue une menace pour la cohésion nationale.

Cette évolution s’inscrit dans un contexte de pressions croissantes en faveur d’un renforcement de la lutte contre les Frères musulmans et leurs réseaux, ainsi que d’avertissements médiatiques concernant la menace que le groupe ferait peser sur la société et son infiltration de certaines formations politiques, telles que La France insoumise, située à l’extrême gauche.

Suède

Les Frères musulmans ont récemment subi un revers majeur en Suède à la suite de la publication d’une enquête journalistique révélant l’existence d’une investigation

sécuritaire portant sur des activités financières suspectes liées au groupe.

Le quotidien suédois Expressen a révélé qu’une enquête était en cours sur un réseau d’imams et d’associations affiliés aux Frères musulmans, soupçonnés d’avoir détourné des sommes considérables provenant des contribuables par le biais d’établissements d’enseignement privés, notamment des écoles et des crèches.

Ce réseau aurait bénéficié de financements publics se chiffrant en milliards de couronnes, servant de couverture à des transferts financiers suspects et à des opérations de fraude à grande échelle.

Selon l’enquête, les autorités suédoises ont commencé à surveiller les activités de ce réseau il y a plusieurs mois, après l’accumulation de dettes fiscales impayées estimées à plusieurs dizaines de millions, alors que certains responsables percevaient d’importants bénéfices personnels.

D’après Expressen, plusieurs personnes impliquées ont quitté la Suède de manière soudaine dès le renforcement des contrôles, certaines vers des pays du Moyen-Orient, d’autres vers des États européens voisins, laissant derrière elles des millions de couronnes de dettes fiscales.

Le journal précise que la majorité des institutions concernées ont fermé ces dernières années, tandis que les enquêtes officielles se poursuivent et que les autorités examinent la possibilité de l’existence de réseaux plus larges ou de pratiques similaires dans d’autres secteurs financés par des fonds publics.

Suisse

Les mesures prises contre les Frères musulmans en France ont fait office de signal d’alarme en Suisse. La députée suisse Jacqueline de Quattro, du Parti libéral-radical et du canton de Vaud, a ainsi demandé un rapport détaillé sur la situation et les activités du groupe dans le pays.

Elle a déposé une motion parlementaire invitant le Conseil fédéral à élaborer un rapport sur « la présence, l’organisation, les réseaux d’influence et les modes d’action des courants islamistes politiques, en particulier des groupes proches des Frères musulmans, en Suisse ».

Cette initiative bénéficie d’un large soutien transversal, notamment de la part des Vert’libéraux (PVL), du Centre, du Parti libéral-radical (PLR) et de l’Union démocratique du centre (UDC).

Des médias ont indiqué que la Suisse pourrait aller plus loin dans l’examen des activités du groupe, à travers le lancement par le Département fédéral de justice et police d’une évaluation globale de la présence de ce courant dans les domaines religieux, éducatif, social et numérique.

Autriche

Les dernières semaines ont constitué un choc majeur pour les milieux politiques autrichiens, après la révélation de l’existence d’un espion des Frères musulmans au sein de l’Office de protection de la Constitution, chargé du renseignement intérieur. Cette affaire a ravivé les appels à une lutte renforcée contre le groupe et à l’interdiction de ses structures dans le pays.

À la suite de ces révélations, le Parti de la liberté, principale force politique en Autriche, a exigé l’ouverture d’une enquête approfondie afin de déterminer si cet espion avait averti des terroristes ou entravé, compromis ou saboté des opérations visant à prévenir des attentats.

L’élément le plus marquant de cette affaire réside toutefois dans la révélation d’enquêtes en cours contre les Frères musulmans et leurs membres au sein même de l’Office de protection de la Constitution, enquêtes dont l’espion aurait transmis des informations au groupe, ce qui figure parmi les chefs d’accusation retenus contre lui.

En février dernier, le Parti de la liberté, formation populiste et première force politique du pays, a soumis au Parlement un projet de résolution visant à interdire l’islam politique.

Ce projet appelle à l’adoption d’une « loi d’interdiction de l’islam politique », ciblant plusieurs organisations actives en Autriche, au premier rang desquelles figurent les structures liées aux Frères musulmans, en regroupant diverses dispositions pénales et administratives afin de constituer un cadre juridique global capable de lutter efficacement contre ce courant.

Irlande

De l’Autriche à l’Irlande, où une parlementaire de premier plan a exercé, il y a quelques semaines, une pression sur le gouvernement afin qu’il ouvre une enquête sur les activités des Frères musulmans dans le pays.

La sénatrice indépendante Sharon Keogan a déclaré que l’influence des Frères musulmans « s’est étendue, sans que le gouvernement irlandais ne s’en saisisse ».

Ses propos sont intervenus plusieurs mois après la fermeture du Centre culturel islamique de Clonskeagh, la plus grande mosquée de Dublin, fermée depuis avril dernier en raison de préoccupations liées aux liens supposés de certains de ses responsables avec des courants salafistes radicaux, ainsi que de soupçons d’irrégularités financières internes.

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