Frappes financières et organisationnelles… La décision de Trump privera-t-elle les Frères musulmans d’un milliard de dollars par an ?
Un moment de bascule historique aux multiples répercussions est né de l’initiative du président américain Donald Trump visant à lancer un processus pour classer certaines branches des Frères musulmans comme organisations terroristes.
Le décret exécutif signé par le président Trump devrait conduire à l’interdiction des branches du groupe en Égypte, en Jordanie et au Liban, et à leur désignation comme organisations terroristes étrangères aux États-Unis.
Cette classification éventuelle devrait porter un coup sévère aux activités des Frères musulmans et des organisations qui leur sont liées à travers le monde. Elle devrait surtout frapper au cœur leurs circuits de financement, limitant ainsi leur capacité d’action.
Lundi dernier, le président américain a signé un décret exécutif ordonnant l’ouverture d’une procédure visant à classer les branches du groupe en Égypte, en Jordanie et au Liban comme organisations terroristes, une étape qui accélère la fin du groupe près d’un siècle après sa création.
Selon ce décret, les secrétaires d’État Marco Rubio et du Trésor Scott Besant doivent présenter dans un délai de trente jours un rapport conjoint au président concernant la désignation de ces branches comme organisations terroristes étrangères.
La décision exige ensuite des deux ministres qu’ils appliquent d’éventuelles désignations dans un délai de quarante-cinq jours après la remise du rapport.
Cette initiative intervient moins d’une semaine après que l’État du Texas a classé le groupe des Frères musulmans et le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR), qui lui est affilié, comme organisations terroristes.
Un milliard de dollars
Ces mesures successives exercent une forte pression sur les réseaux du groupe aux États-Unis et à l’étranger. Elles menacent leurs sources de financement et révèlent dans le même temps leurs activités subversives dans différents pays.
Commentant la portée de ces décisions, Benjamin Baird, directeur du programme « MEF Action » au Middle East Forum de Washington, et l’un des experts les plus en vue dans le suivi des groupes islamistes, a déclaré que « le récent décret exécutif du président Trump, ciblant des branches spécifiques du groupe, constitue une étape majeure vers la redéfinition de la manière dont les États-Unis traitent l’islam politique ».
Il a ajouté : « Cette décision — si elle est appliquée à grande échelle — perturberait le réseau des organisations islamistes à but non lucratif aux États-Unis, réseau que nous estimons au Middle East Forum recevoir plus d’un milliard de dollars par an de structures liées aux Frères musulmans. »
Et de poursuivre : « L’orientation actuelle de l’administration montre une volonté claire de distinguer entre les citoyens musulmans américains et les organisations politiques et idéologiques associées au groupe. À nos yeux, ces organisations opèrent aux États-Unis sous des formes douces mais portent des agendas qui ne diffèrent pas fondamentalement de ceux des mouvements extrémistes. »
À propos du ciblage particulier des branches du groupe en Égypte, au Liban et en Jordanie, il a expliqué : « Il est clair que l’administration américaine étudie chaque faction séparément et tient compte des réalités locales et des relations internationales avant de prendre une décision finale sur la désignation. »
Il a poursuivi : « Je pense donc que l’administration adopte une approche progressive et réfléchie, qui équilibre sécurité nationale et politique étrangère. »
Passant ensuite à l’impact de la désignation du Texas sur le futur de CAIR, affiliée au groupe, il a évoqué la possibilité de “gel des avoirs ou de suspension du financement public”, avant d’exprimer l’espoir que ce soit « le début de la fin du flux de subventions et de partenariats publics vers CAIR », qu’il a décrite comme « une organisation impliquée par le passé dans des affaires de soutien au terrorisme ».
Il a ajouté : « Je pense que certains États pourraient suivre l’exemple du Texas, notamment ceux à tendance conservatrice, mais cela dépendra du contexte politique local et de la volonté des dirigeants d’affronter l’influence des organisations liées au groupe. »
Il a également indiqué que CAIR s’est fait connaître par des activités telles que « la pression pour libérer des terroristes condamnés, l’opposition aux lois antiterroristes, la tentative d’influer sur la politique étrangère américaine et le soutien à des manifestations étudiantes violentes sous couvert de liberté d’expression ».
Avant de conclure : « La décision du Texas met en lumière le danger que représentent des organisations qui semblent légales et intégrées dans la société civile mais qui, en réalité, fonctionnent comme des extensions de réseaux politiques et idéologiques utilisant les outils démocratiques pour atteindre des objectifs qui n’ont rien de démocratique. »
