Al Wazi’yah au Yémen : gardienne du Bab al-Mandeb face aux ambitions des Houthis
À environ 44 kilomètres du détroit de Bab al-Mandeb, s’étend la chaîne montagneuse d’Al-Wazi’yah, une forteresse naturelle dominant la région et veillant sur l’un des passages maritimes les plus importants au monde.
Cette position stratégique a fait de ces hauteurs l’un des objectifs majeurs des milices houthies, conscientes que celui qui contrôle ces sommets détient les clés d’un des détroits les plus vitaux de la planète.
Situées à l’ouest de la province de Taïz, les montagnes d’Al-Wazi’yah culminent entre 1000 et 1500 mètres d’altitude. Elles sont également connues comme une zone d’extraction de l’agate et de pierres précieuses que le Yémen façonne et utilise largement dans les ornements et les événements traditionnels.
Pourquoi Al-Wazi’yah ?
Les montagnes d’Al-Wazi’yah sont revenues au premier plan ces derniers jours, après une attaque menée par un gang armé soutenu par les Houthis contre une organisation internationale. Cela a entraîné le lancement par les forces de sécurité de la côte ouest d’une vaste opération pour traquer les éléments impliqués qui s’étaient retranchés dans ces hauteurs.
Bien que le gang soit étroitement lié aux Houthis, des militants et des médias affiliés aux Frères musulmans ont tenté de lui offrir une couverture médiatique en attisant l’hostilité des habitants d’Al-Wazi’iyah contre les forces chargées de l’opération sécuritaire.
Le gang est dirigé par un homme nommé Ahmed Haidar, soutenu par les Houthis, et qui cherchait à ouvrir un front arrière contre les forces conjointes de la côte ouest, en particulier la Résistance nationale dirigée par le vice-président Tarek Saleh.
Au fil des années, et malgré la libération de la zone du contrôle houthi, les réseaux de contrebande ont continué à utiliser les montagnes d’Al-Wazi’yah comme refuge, loin du regard des forces de sécurité qui, récemment, ont réussi à resserrer l’étau et à limiter leurs activités.
Des ambitions persistantes
La chute des montagnes d’Al-Wazi’iyah aux mains des Houthis en 2016 avait constitué un revers militaire majeur pour le gouvernement légitime, avant que les forces conjointes, appuyées par la coalition arabe, ne parviennent à libérer de nouveau la région en mai 2018.
Selon des observateurs, contrôler les montagnes d’Al-Wazi’yah offre un avantage stratégique pour protéger Al-Hujariyah (Taïz) et Al-Sabiha (Lahj), et par conséquent Bab al-Mandeb et Aden. Ces hauteurs restent donc une cible essentielle du projet expansionniste iranien visant à s’emparer du passage maritime international.
Les milices houthies n’ont pas seulement recruté des cellules clandestines ou soutenu des gangs armés ; elles ont également alimenté les divisions et les conflits internes au moyen de campagnes médiatiques incitant à la discorde contre les habitants d’Al-Wazi’iyah et les forces de la résistance conjointe.
Cependant, les ambitions de la milice se heurtent à une résistance populaire tenace de la part des habitants et tribus d’Al-Wazi’yah, qui se sont dressés courageusement contre toute tentative d’empiètement, y compris celles menées par des gangs soutenus par les Houthis.
Le directeur du district d’Al-Wazi’iah, Ali Al-Dharafi, a affirmé que la région vit dans un climat de sécurité et de stabilité malgré les tentatives médiatiques visant à attiser les tensions. Il a également souligné que les gangs hors-la-loi n’ont aucune place dans une zone devenue un centre attractif pour l’action humanitaire.
Al-Dharafi a confirmé l’unité des habitants derrière la loi afin qu’elle suive son cours et réprime toutes les activités destructrices, rappelant que la région connaît actuellement une dynamique de développement, notamment grâce à des projets financés par les Émirats arabes unis et soutenus par le vice-président du Conseil présidentiel, Tarek Saleh.