Politique

Une organisation suspecte derrière le transfert de Palestiniens vers l’Afrique du Sud


Des journaux hébreux affirment que l’organisation Al-Majd, dont le siège est à Jérusalem, est responsable du transfert de plus de 150 Palestiniens de Gaza vers l’Afrique du Sud sans documents officiels, sous supervision israélienne.

Des journaux hébreux ont révélé, samedi, les détails de l’arrivée de dizaines de Palestiniens du secteur de Gaza dans un aéroport sud-africain sans documents officiels, indiquant qu’une organisation appelée « Al-Majd » en est responsable.

Vendredi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a annoncé dans des déclarations à la presse l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de l’arrivée d’un avion transportant des dizaines de Palestiniens de Gaza dans l’un des aéroports du pays sans documents officiels, précisant qu’il avait ordonné de les accueillir et de ne pas les renvoyer dans le territoire.

Selon le journal Yedioth Ahronoth (centre-droit), « une organisation appelée Al-Majd, basée à Jérusalem, a été responsable de la sortie de plus de 150 Palestiniens du secteur ».

Selon le journal, cette organisation, fondée en 2010, œuvre à transférer des Palestiniens hors de Gaza sous prétexte d’aide humanitaire, et prétend soutenir les communautés musulmanes dans les zones de conflit. Toutefois, son site web ne contient ni numéros de téléphone ni adresses, et la liste de ses partenaires est vide malgré l’allégation selon laquelle elle coopère avec 15 organismes internationaux, avec la mention « les détails seront publiés prochainement ».

Concernant les détails du transfert vers l’Afrique du Sud, le journal cite un responsable militaire israélien, non identifié, affirmant que l’organisation Al-Majd est responsable du départ de plus de 150 Palestiniens de Gaza.

Il a ajouté que « l’armée israélienne a escorté les bus transportant les voyageurs depuis un point de rassemblement dans Gaza (non précisé) jusqu’au passage de Kerem Shalom, contrôlé par Israël, d’où d’autres bus les ont conduits à l’aéroport de Ramon dans le sud d’Israël, d’où l’avion a décollé ».

Le journal ajoute que la confidentialité du vol a suscité les inquiétudes des organisations de défense des droits humains, qui ont averti qu’il pourrait s’agir d’une tentative israélienne de favoriser l’exode des Palestiniens hors de Gaza.

Le journal cite également Ghassan Alian, coordinateur des activités du gouvernement israélien dans les territoires palestiniens, qui a affirmé que les Palestiniens avaient quitté Gaza après qu’Israël eut obtenu l’accord d’un pays tiers pour les accueillir, sans le nommer.

Environ 40 000 Palestiniens ont quitté le secteur depuis le début de la guerre israélienne le 8 octobre 2023.

De son côté, l’ambassade palestinienne en Afrique du Sud a affirmé que le voyage avait été organisé par une organisation « non enregistrée et trompeuse qui a exploité la souffrance de Gaza ».

L’ambassade a ajouté dans un communiqué, vendredi : « L’organisation a exploité les conditions tragiques de notre peuple à Gaza, a trompé les familles, a collecté de l’argent et a organisé leur voyage de manière irresponsable. Et lorsque des complications sont apparues, elle les a abandonnés ».

Jeudi, le journal Haaretz (libéral) a rapporté que le groupe, composé de familles et de jeunes enfants, avait quitté Gaza mercredi matin via le passage de Kerem Shalom après un contrôle israélien, avant d’être transféré par bus vers l’aéroport de Ramon.

Ils ont ensuite pris un avion affrété à destination de Nairobi, la capitale du Kenya, puis un second appareil affrété qui a atterri à Johannesburg.

Bien qu’aucun commentaire officiel n’ait été publié par Israël, Haaretz a rapporté, avant l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu le 10 octobre dernier, qu’une source sécuritaire israélienne avait déclaré que les autorités politiques avaient décidé de faciliter la sortie des Palestiniens de Gaza en allégeant les critères de sécurité.

À plusieurs reprises, des ministres du gouvernement israélien ont évoqué l’idée de transférer les Palestiniens hors de Gaza dans le cadre de la guerre menée depuis deux ans.

À rappeler qu’à la fin de l’année 2023, l’Afrique du Sud a intenté une action en justice contre Israël devant la Cour internationale de Justice, l’accusant de commettre un génocide dans la bande de Gaza.

Le 10 octobre dernier, un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël est entré en vigueur à Gaza, mettant fin à une campagne militaire ayant fait plus de 69 000 morts palestiniens, plus de 170 000 blessés, et provoqué une destruction massive touchant 90 % des infrastructures civiles, pour des pertes estimées à environ 70 milliards de dollars.

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