Politique

D’une épopée nationale à une victoire internationale : 50 ans de la Marche Verte au Maroc


De symbole libérateur à chemin du développement, le Maroc célèbre aujourd’hui le cinquantième anniversaire de la Marche Verte, un événement qui continue d’incarner une épopée nationale unique dans l’histoire moderne du Royaume.

Le 5 novembre 1975, depuis la ville d’Agadir, le Roi Hassan II annonçait au peuple marocain le lancement d’une marche pacifique vers les provinces du Sud, appelant les citoyens à se diriger sans violence pour récupérer leurs terres sous domination espagnole. Dans un discours devenu historique, il déclara : « Demain, 6 novembre, vous franchirez les frontières, vous marcherez sur votre terre, vous toucherez votre sable et vous embrasserez le sol de votre chère patrie. »

L’appel du Souverain suscita un élan populaire sans précédent. Près de 350 000 volontaires venus de toutes les régions du Maroc répondirent à l’appel du devoir national, faisant de la Marche Verte la plus grande mobilisation pacifique de l’histoire du pays après l’indépendance. Parmi eux, 10 % étaient des femmes, conformément à la volonté du Roi d’assurer une représentation féminine significative dans cet acte de patriotisme.

Les participants, transportés par trains, bus et camions, avancèrent vers le Sahara marocain, brandissant des drapeaux et des exemplaires du Coran au lieu des armes. Médecins, infirmiers, membres des forces auxiliaires et du corps de la gendarmerie accompagnaient cette foule immense pour encadrer et protéger les marcheurs. Plusieurs délégations arabes et islamiques prirent également part symboliquement à cette initiative historique.

Cette mobilisation pacifique força l’Espagne à ouvrir des négociations, qui aboutirent à la signature de l’Accord de Madrid le 14 novembre 1975, entériné ensuite par l’Assemblée générale des Nations Unies. Cet accord marqua le début d’une nouvelle ère dans le renforcement de la souveraineté marocaine sur ses provinces du Sud.

La Marche Verte fut ainsi nommée en raison de son caractère pacifique et spirituel : aucune arme ne fut utilisée, seuls les drapeaux et le Livre saint furent levés. Ce choix fit de la Marche un symbole de foi, d’unité et de dignité nationale.

Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, la Marche Verte dépasse sa portée historique pour devenir une stratégie de développement durable. Ce moment fondateur s’est transformé en politique d’État, axée sur la modernisation des provinces du Sud, le lancement de projets d’infrastructures, d’énergie renouvelable, d’éducation et de santé, ainsi que sur l’encouragement des investissements agricoles et industriels.

Dans son discours du 6 novembre 2020, à l’occasion du 45ᵉ anniversaire de la Marche Verte, le Roi Mohammed VI a déclaré : « La Marche Verte n’est pas seulement un événement marquant dans le processus d’achèvement de notre intégrité territoriale, mais une marche renouvelée et continue pour consolider la marocanité du Sahara à l’échelle internationale et en faire un moteur de développement régional et continental. »

Le Souverain n’a cessé d’accorder une attention particulière aux provinces du Sud, en multipliant les visites à Laâyoune, Dakhla et dans d’autres villes de la région, et en lançant d’ambitieux projets économiques, sociaux et environnementaux pour faire du Sahara marocain un espace prospère et ouvert sur l’Afrique.

Dans un autre discours, le Roi Mohammed VI souligna : « Le Maroc, attaché à son territoire et confiant en sa souveraineté, poursuivra la marche du développement global des provinces sahariennes, en s’appuyant sur la démocratie, la régionalisation avancée et les plus solides liens d’unité et de souveraineté nationale. »

À l’occasion de cette commémoration, les Marocains se remémorent cette épopée historique, symbole d’unité et de patriotisme, qui a permis l’achèvement de la souveraineté nationale. Comme l’a rappelé Moha Aït Lahcen, originaire de Ouarzazate et participant à la Marche Verte : « Tous les marcheurs ont répondu à l’appel du Roi Hassan II avec foi et détermination pour récupérer les provinces sahariennes. » Il ajoute : « Avant la Marche Verte, le Sahara était une région isolée et délaissée ; aujourd’hui, c’est un modèle de stabilité et de développement. »

Cinquante ans après, le peuple marocain célèbre toujours cette victoire historique, renforcée récemment par le soutien du Conseil de sécurité des Nations Unies à l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007 comme solution politique réaliste au différend.

La semaine dernière, le Conseil de sécurité a voté en faveur du plan marocain d’autonomie au Sahara, appelant toutes les parties à s’engager dans des négociations fondées sur cette initiative, désormais reconnue comme base exclusive de dialogue. Ce vote marque une consécration internationale du chemin entamé par la Marche Verte : celui d’un Maroc souverain, pacifique et tourné vers l’avenir.

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