De la Turquie à l’Allemagne : comment les Frères musulmans gèrent-ils leurs fonds en Europe ?
L’écrivain et penseur égyptien Tharwat El Kherbawy a révélé des détails sur la manière dont les Frères musulmans administrent leurs fonds en Europe, affirmant que les dons, la zakat et les aumônes étaient investis par le biais d’une association turco-allemande connue sous le nom de « Milli Görüş », l’une des plus grandes organisations collectant des fonds auprès des musulmans sur le continent européen.
Dans des déclarations faites à l’émission « Soirée Nouvelle » sur la chaîne Al-Mehwar, El Kherbawy a expliqué que le contrôle de ces fonds était entre les mains d’Ibrahim El-Zayat, membre du conseil d’administration de l’association et époux de la nièce de Necmettin Erbakan, figure historique du mouvement islamiste turc. Cette alliance familiale, a-t-il ajouté, lui a permis d’exercer un contrôle total sur les finances de l’organisation. Selon lui, El-Zayat gère l’ensemble des fonds des Frères musulmans en Europe et supervise toutes les transactions financières et investissements de la confrérie en Allemagne et en Turquie.
El Kherbawy a également révélé qu’Ibrahim El-Zayat avait conclu un accord avec une société israélienne spécialisée dans les télécommunications, chargée de gérer l’ensemble des moyens de communication des entreprises liées aux Frères musulmans en Europe, illustrant la profondeur du réseau et la diversité des outils utilisés par l’organisation pour administrer ses affaires financières et médiatiques à l’échelle internationale.
Sur un plan personnel, El Kherbawy, surpris par sa nomination au Sénat égyptien, a déclaré que cette responsabilité lui conférait un devoir majeur de surveillance et de suivi des questions d’intérêt public, soulignant que cette position lui permettait de mettre en lumière les risques financiers et idéologiques que représentent les groupes extrémistes opérant hors d’Égypte.
Pour sa part, le chercheur Yasser Choury estime que les Frères musulmans ne connaissent pas le sens de l’appartenance nationale et agissent constamment contre les intérêts de l’État égyptien. Selon lui, leurs investissements à l’étranger et leurs liens internationaux traduisent une volonté de bâtir une influence idéologique et économique échappant aux cadres légaux et institutionnels.
Ces révélations interviennent alors que les inquiétudes internationales se multiplient quant au financement opaque de certaines organisations proches des Frères musulmans en Europe. Des rapports antérieurs ont indiqué que plusieurs associations affiliées au mouvement utilisaient les dons à des fins religieuses et politiques, soulevant ainsi des interrogations sur les mécanismes de contrôle et de responsabilité entourant ces flux financiers.
El Kherbawy conclut que comprendre les mécanismes de gestion financière des Frères musulmans à l’étranger constitue une étape essentielle pour contrer leur influence extérieure et protéger les intérêts de l’État et de la société contre toute exploitation des ressources financières à des fins idéologiques et politiques éloignées du bien commun.










