Les Houthis activent un plan d’urgence : la peur fragilise la centralisation de la décision militaire
Sous l’effet des frappes israéliennes qui ont visé la hiérarchie de leur direction militaire, les milices houthies au Yémen ont activé un plan d’urgence interne. Conscientes des répercussions de l’élimination ciblée de plusieurs hauts responsables du Hezbollah au cours des derniers mois, les Houthis cherchent manifestement à éviter le même sort, en mettant en place une série de mesures préventives destinées à limiter les dommages en cas d’opération similaire contre eux.
Selon des sources sécuritaires et militaires à Sanaa, le mouvement a approuvé « l’octroi de larges pouvoirs aux zones militaires et la fusion de ses cinq appareils de sécurité sous une seule structure unifiée, dans le but de réduire les infiltrations extérieures au sein du nouvel organigramme ». Ces mesures visent à redistribuer les pouvoirs et à réduire la centralisation, avec une mise en œuvre progressive, selon les mêmes sources.
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Des armées régionales
Les informations obtenues indiquent que les Houthis ont décidé de « donner aux commandants des zones militaires le pouvoir d’agir et de prendre des décisions sans se référer au centre, ni attendre les instructions du ministère de la Défense pour les opérations militaires », chaque zone étant désormais considérée comme une armée à part entière.
Les six zones militaires houthies sont les suivantes : la « zone militaire centrale » dirigée par Abdelkhaleq al-Houthi, la « quatrième zone » dirigée par Abdelatif al-Mahdi, la « cinquième zone » commandée par Aqil al-Shami, la « sixième zone » dirigée par Jamil Zaraa, la « troisième zone » dirigée par Mubarak al-Mashan et la « septième zone » sous le commandement de Nasser al-Mohammadi.
Cette délégation de pouvoir aux commandants de terrain reflète une tentative claire d’alléger la pression sur la direction centrale à Sanaa, fragilisée depuis la mort du chef d’état-major Mohammed Abdelkarim al-Ghamari dans une frappe israélienne le 28 août. Sa disparition a laissé un vide considérable dans la chaîne de commandement militaire houthie.
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Une refonte sécuritaire complète
Les sources révèlent également que les Houthis ont décidé de « créer un Conseil de défense nationale dans chaque province, présidé par le superviseur provincial nommé par le bureau du chef du mouvement », lequel devient le principal décideur local. Ce conseil aura autorité sur les branches du renseignement, des services de sécurité et des autorités locales.
Parallèlement, la milice a commencé à restructurer ses services de renseignement en les fusionnant dans une seule entité nationale, tout en renforçant leurs branches locales pour qu’elles puissent fonctionner comme des sièges régionaux autonomes. Le président du Conseil de défense nationale de chaque province sera le seul habilité à autoriser l’exécution des décisions émanant des services subordonnés.
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Les cinq services de sécurité houthies appelés à être fusionnés sont : la Sécurité préventive, dirigée par Ahsan al-Humran ; le Service de renseignement de la police, sous Ali Hussein al-Houthi ; le Service de sécurité et de renseignement, dirigé par Abdelhakim al-Khiwani ; la Sécurité révolutionnaire, sous Jafar al-Marhabi ; et le Renseignement militaire, dirigé par Abou Ali al-Hakem.
Les Houthis ont également annoncé la formation de « conseils de jihad » dans chaque province, composés de cinq responsables, dont un représentant du renseignement local. En outre, une nouvelle unité spécialisée dans la protection des hauts dirigeants a été mise en place, indépendante des autres services de sécurité et de renseignement, mais en coordination directe avec la direction du renseignement.
Les zones entièrement sous contrôle houthi comprennent les provinces d’Amran, Sanaa, Al-Mahwit, Dhamar, Raymah, Ibb et Al-Bayda. Sept autres provinces, où les Houthis ne contrôlent que partiellement le territoire et où les lignes de front restent actives, sont : Al-Jawf, Marib, Taïz, Al-Dhalea, Al-Hodeidah, Saada et Hajjah.
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