Les balles du Hamas dictent la trêve à Gaza… et pressions internationales pour le désarmement

La question se pose dans les ruelles de Gaza : la violence et les exécutions peuvent-elles créer la stabilité ? Depuis l’instauration du cessez-le-feu, les forces sécuritaires du Hamas sont réapparues dans les rues, affrontant des groupes armés et exécutant des individus qu’elles qualifient de « membres de bandes criminelles » ou de « collaborateurs avec Israël ».
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Le mouvement, considérablement affaibli par deux années de guerre israélienne qui ont visé ses dirigeants à l’intérieur comme à l’extérieur, décrit ces actions comme une « tentative de rétablir l’ordre et la loi » dans les zones évacuées par l’armée israélienne.
Mais ces démonstrations de force, selon l’Associated Press, risquent de « menacer la trêve » conclue dans le cadre du plan du président américain Donald Trump. Cet accord a permis la libération de tous les otages vivants et la poursuite de la restitution des dépouilles, en échange de la libération par Israël d’environ deux mille prisonniers palestiniens.
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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a répété à maintes reprises que la guerre ne prendrait fin qu’avec le démantèlement du Hamas. Il a même laissé entendre que les opérations militaires reprendraient si le désarmement du mouvement n’était pas obtenu pacifiquement.
Le plan Trump exige en effet le désarmement du Hamas et le transfert de l’autorité à une instance placée sous supervision internationale, qui n’a pas encore été mise en place. Mais le Hamas refuse de s’y soumettre totalement, affirmant que des négociations supplémentaires sont nécessaires. Le mouvement dit être disposé à céder le pouvoir à d’autres Palestiniens, tout en refusant de permettre « un vide sécuritaire » durant la période de transition.
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Côté israélien, on craint que tant que le Hamas restera armé, il continuera à influencer Gaza et pourrait reconstruire son arsenal militaire, même si une autorité indépendante exerçait un pouvoir officiel.
Mardi, Donald Trump a affirmé que le Hamas avait « éliminé deux gangs particulièrement dangereux » en tuant plusieurs de leurs membres, ajoutant : « Cela ne m’a pas beaucoup dérangé, pour être franc avec vous. » Il a toutefois répété son exigence de désarmement : « Ils déposeront leurs armes, et s’ils ne le font pas, nous les désarmerons. Cela se produira rapidement, peut-être violemment. »
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Effondrement sécuritaire et exécutions publiques
Depuis sa prise de contrôle par la force des institutions palestiniennes en 2007, le Hamas a gouverné Gaza d’une main de fer, réprimant violemment ses opposants. Ses forces sécuritaires s’étaient cependant largement dispersées ces derniers mois face à l’avancée israélienne.
Pour combler le vide, des familles influentes et des groupes armés se sont imposés, accusés par le Hamas d’avoir détourné l’aide humanitaire à des fins lucratives — ce que ces familles contestent.
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Ce week-end, des combattants du Hamas ont affronté un groupe armé lié à la puissante famille Doghmush, après l’assassinat de Mohammed Aql, un militant du Hamas, le vendredi. Selon la famille, il aurait été enlevé et tué par cette milice.
Les affrontements ont fait une vingtaine de morts, dont Hossam Doghmush, chef du groupe, un militant local et le fils d’un haut responsable du Hamas vivant hors de Gaza.
Des canaux proches du Hamas sur Telegram ont affirmé que ces opérations ciblaient « les collaborateurs et traîtres » liés à Israël.
La force spéciale du Hamas connue sous le nom de « Sahm » a diffusé des images montrant l’exécution de huit hommes présentés comme des criminels, tués en pleine rue.
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Ces exécutions extrajudiciaires ont été condamnées par le Centre Al-Mezan pour les droits humains et par l’Instance palestinienne indépendante des droits humains. La famille Doghmush a dénoncé la réponse du Hamas, qualifiant ces actes d’« inutiles et brutaux ».
De son côté, le ministère de l’Intérieur dirigé par le Hamas a annoncé une amnistie d’une semaine pour les membres des gangs non impliqués dans des effusions de sang, leur offrant la possibilité de se rendre et d’effacer leur casier, faute de quoi ils s’exposeraient à l’arrestation et au procès.
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Mais ce message a été rejeté par Hossam al-Astal, chef d’un groupe anti-Hamas dans le sud de Gaza. Dans un message sur Facebook, il a écrit : « Aux rats du Hamas : vos tunnels ont été détruits, vos droits n’existent plus. Repentez-vous avant qu’il ne soit trop tard. Le Hamas n’existe plus. »
Al-Astal, ancien prisonnier du Hamas, a formé une milice fin 2023, opérant dans des zones sous contrôle israélien. Il semble désormais avoir rejoint Yasser Abu Shabab, chef d’un autre groupe basé à Rafah, accusé par le Hamas d’avoir détourné l’aide humanitaire.
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Israël a reconnu son soutien à Abu Shabab et à d’autres opposants, tout en niant toute implication dans le détournement des aides.
Selon des analystes, ces factions rivales compliquent les négociations en cours sur le désarmement du Hamas. Ce dernier aurait exprimé sa disposition à céder ses armes lourdes, comme les missiles, à une autorité palestinienne ou arabe, tout en insistant sur la nécessité de conserver des armes légères, telles que les fusils, pour sa « défense personnelle », selon des responsables arabes cités par l’Associated Press.