L’exercice physique : un médicament oublié contre l’ostéoporose

L’ostéoporose, qualifiée à juste titre de « maladie silencieuse », représente un défi majeur de santé publique à l’échelle mondiale. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, environ 200 millions de personnes souffrent de cette pathologie, qui se caractérise par une perte progressive de densité osseuse et une fragilité accrue des os. Pourtant, malgré son impact considérable sur la qualité de vie, cette affection demeure largement sous-diagnostiquée et sous-traitée.
Traditionnellement, la prévention et le traitement de l’ostéoporose ont reposé sur l’alimentation et la supplémentation en calcium et vitamine D, ainsi que sur les médicaments visant à ralentir la résorption osseuse. Si ces approches pharmacologiques sont essentielles, elles ne suffisent pas à elles seules. Les recherches scientifiques démontrent que l’activité physique régulière constitue un véritable « médicament oublié » contre l’ostéoporose, capable de renforcer la structure osseuse et de réduire significativement le risque de fractures.
Mécanismes biologiques de renforcement osseux
L’effet bénéfique de l’exercice sur les os repose sur plusieurs mécanismes physiologiques. Les activités à impact, telles que la marche rapide, la course légère, la danse ou le saut, génèrent des contraintes mécaniques qui stimulent les ostéoblastes, cellules responsables de la formation osseuse. Ce processus favorise le dépôt de minéraux, renforce la densité osseuse et améliore la microarchitecture du squelette.
De plus, l’activité physique contribue à la sécrétion d’hormones anaboliques, dont l’hormone de croissance et la testostérone, qui jouent un rôle majeur dans la régénération osseuse. Chez les femmes post-ménopausées, les exercices réguliers peuvent également moduler le déficit en œstrogènes, réduisant ainsi la perte osseuse accélérée après la ménopause.
Les types d’exercices recommandés
Pour prévenir l’ostéoporose ou ralentir sa progression, il est conseillé de combiner plusieurs types d’exercices :
- Exercices de mise en charge : ils impliquent de supporter le poids du corps ou de sauter légèrement. Marche rapide, jogging, danse, montée d’escaliers ou même jardinage actif sont des exemples efficaces.
Renforcement musculaire : la musculation avec poids libres, haltères, bandes élastiques ou machines stimule les muscles qui entourent et protègent les os, réduisant ainsi le risque de chutes et de fractures. Les
- exercices ciblant le tronc, les hanches et les jambes sont particulièrement recommandés.
- Exercices d’équilibre et de coordination : le yoga, le tai-chi et certains exercices fonctionnels améliorent la posture, la stabilité et la proprioception, essentiels pour prévenir les chutes chez les personnes âgées.
- Exercices d’endurance : la natation et le vélo, bien que non porteurs de charge, contribuent à la santé cardiovasculaire, à l’endurance générale et au maintien d’un poids sain, qui joue un rôle indirect dans la santé osseuse.
L’importance de la régularité et de la personnalisation
La régularité est la clé pour obtenir des résultats durables. Les experts recommandent au moins 150 minutes d’activité physique modérée par semaine, complétées par deux à trois séances de renforcement musculaire. Les programmes doivent être adaptés à l’âge, au niveau de condition physique, aux éventuelles pathologies et aux risques individuels de chute. Une approche personnalisée garantit sécurité et efficacité, tout en motivant les participants à maintenir leur routine.
Bénéfices au-delà des os
L’exercice physique ne renforce pas seulement le squelette. Il améliore également l’équilibre hormonal, la circulation sanguine, la qualité du sommeil et les fonctions cognitives. Il réduit le stress et favorise une meilleure santé mentale, deux facteurs qui influencent indirectement la densité osseuse et la capacité du corps à récupérer après des traumatismes.
L’exercice comme stratégie de santé publique
Considérer l’activité physique comme un traitement à part entière constitue un changement de paradigme dans la prévention et la prise en charge de l’ostéoporose. Les systèmes de santé pourraient réduire de manière significative les coûts liés aux fractures et à la dépendance chez les seniors en intégrant des programmes d’exercice adaptés dans la politique de santé publique.
En conclusion, l’ostéoporose n’est pas une fatalité. En combinant alimentation, médicaments si nécessaire et surtout exercice régulier, il est possible de prévenir la fragilité osseuse et de préserver l’autonomie des seniors. Le véritable défi consiste à convaincre les populations que bouger régulièrement n’est pas seulement une habitude de vie saine, mais bien un véritable médicament naturel, gratuit et accessible à tous.