La Russie accuse le gouvernement Dbeibah de soutenir l’Ukraine pour semer le chaos dans le Sahel africain

Le ministère russe des Affaires étrangères affirme disposer d’indices croissants indiquant l’implication de l’Ukraine dans le soutien à des groupes armés opérant dans la région du Sahel, avec l’appui direct du gouvernement libyen dirigé par Abdel Hamid Dbeibah et une assistance logistique fournie par les services de renseignement britanniques.
Moscou a révélé de graves accusations contre le gouvernement d’union nationale libyen sortant, dirigé par Abdel Hamid Dbeibah, qu’elle soupçonne de coordination avec Kiev pour mener des opérations militaires et terroristes dans la région du Sahel africain. Cette démarche risquerait d’attiser la lutte d’influence qui s’intensifie en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest, transformant la Libye en un théâtre d’affrontement entre la Russie et les puissances occidentales soutenant l’Ukraine.
Les accusations ont été formulées par la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, lors d’une conférence de presse tenue mercredi à Moscou et relayée par des médias russes tels que Russia Today. Elle a déclaré que « le régime ukrainien ne se contente pas d’élargir le champ du conflit sur son propre territoire, mais exporte également le terrorisme vers d’autres pays en coopérant avec des autorités locales, comme c’est le cas en Libye ».
Zakharova a ajouté qu’« il existe des signes de plus en plus clairs de l’implication de l’Ukraine dans le soutien à des groupes armés dans la région du Sahel africain, avec un appui direct du gouvernement Dbeibah et un soutien logistique fourni par les services de renseignement britanniques ». Elle a précisé que cette coopération aurait inclus l’envoi de drones de combat et l’organisation d’exercices militaires sur le sol libyen, sous la supervision d’officiers du renseignement ukrainien.
Selon la version russe, la coordination entre la Libye et l’Ukraine dépasserait le simple appui technique et militaire, pour s’étendre à la participation à des « opérations terroristes » visant le Niger et d’autres pays voisins. Zakharova a également mentionné l’annonce faite début octobre par l’armée soudanaise, affirmant avoir tué plusieurs mercenaires ukrainiens combattant aux côtés des Forces de soutien rapide dans la région du Darfour — un élément que Moscou considère comme une « preuve supplémentaire de l’implication de Kiev dans la déstabilisation du continent », bien qu’aucune source indépendante ne l’ait confirmé.
La Russie accuse également l’Ukraine d’inonder la région d’armes occidentales issues de l’aide militaire qu’elle reçoit des États-Unis et de l’Europe. La responsable russe a déclaré que « ces armes, initialement destinées à l’Ukraine, se retrouvent entre les mains de groupes terroristes dans plusieurs pays africains, dont le Mali, le Niger, le Soudan, la Somalie et le Tchad », précisant qu’elles sont revendues et trafiquées par des circuits illégaux.
Ces accusations s’inscrivent dans un contexte plus large de rivalité internationale pour l’influence en Afrique, marqué par une intensification des interventions militaires et politiques. La Russie considère le Sahel comme une zone stratégique essentielle à son expansion sur le continent, notamment à travers des groupes tels que Wagner, dont la présence reste perceptible au Mali et au Burkina Faso, malgré l’annonce officielle de leur réorganisation sous l’autorité du ministère russe de la Défense.
De leur côté, les puissances occidentales — en particulier la France et les États-Unis — cherchent à contenir cette influence. Le soutien présumé de l’Ukraine à certaines factions armées pourrait être perçu comme une forme de représailles contre la Russie, par l’ouverture de fronts non conventionnels en Afrique.
Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, avait déjà déclaré que certains groupes armés actifs dans le nord du pays reconnaissaient avoir reçu une aide militaire de Kiev, dénonçant « l’ingérence illégale d’un État membre des Nations unies dans les affaires d’États africains souverains par le biais de l’armement de groupes déstabilisateurs ».
L’Alliance des États du Sahel, regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, avait elle aussi menacé de déposer une plainte contre l’Ukraine devant la Cour internationale de justice, l’accusant d’entraîner et d’armer des groupes qualifiés de « terroristes ».
Jusqu’à présent, ni le gouvernement libyen ni les autorités ukrainiennes n’ont publié de réaction officielle à ces accusations. Cependant, la montée des tensions en Libye, encore déchirée par un conflit interne sur la légitimité du pouvoir, suscite de vives inquiétudes. Entre polarisation politique et rivalité entre puissances occidentales et russes, cette situation fragilise davantage la stabilité sécuritaire et politique de l’ensemble de l’Afrique du Nord et de l’Ouest.