Politique

Somalie : une feuille de route présidentielle au milieu d’avertissements sur l’effondrement du soutien onusien


Dans son discours d’ouverture de la nouvelle session du Parlement fédéral somalien, le président Hassan Sheikh Mohamud a tracé les grandes lignes de la prochaine étape politique du pays, insistant sur la nécessité de renforcer la sécurité et de poursuivre la réforme institutionnelle.

Ce discours intervient alors que l’ONU a mis en garde contre un risque d’effondrement de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie, en raison d’une crise aiguë de financement et de salaires impayés, révélant l’ampleur des défis auxquels la Somalie est confrontée dans sa quête de stabilité.

Le président a affirmé l’engagement de son gouvernement à finaliser la Constitution et à améliorer la sécurité, annonçant par ailleurs le lancement de grands projets économiques et de développement, dont l’extraction du pétrole pour la première fois dans l’histoire du pays.

Il a également appelé au dialogue national, soulignant que son gouvernement a choisi la voie de la concertation pour régler les différends, en particulier avec les États du Puntland et du Jubaland, qui ont boycotté les récentes réunions du Conseil national de consultation.

Hassan Sheikh Mohamud a insisté sur la nécessité de rétablir la confiance entre le gouvernement fédéral et les différentes parties prenantes, considérant l’unité nationale comme la clé du succès de la prochaine phase.

Sur le plan sécuritaire, il a mis en avant les avancées des forces gouvernementales dans leur lutte contre les Shebab, affirmant que les opérations militaires se poursuivraient parallèlement aux efforts de réconciliation et à l’apaisement des tensions politiques.

Avertissement de l’ONU : une crise de financement menace la mission de l’Union africaine

À New York, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé un avertissement sévère lors d’une conférence internationale sur la Somalie, soulignant que la mission de l’Union africaine, qui combat depuis plus de 15 mois sans que ses soldats soient rémunérés, est au bord de l’effondrement.

Il a jugé cette situation « inacceptable et insoutenable », avertissant que la crise pourrait faire perdre les acquis obtenus si aucune solution n’était trouvée rapidement.

Selon Guterres, la mission joue un rôle crucial dans le soutien aux forces de sécurité somaliennes et dans la reconquête des territoires contrôlés par les Shebab, mais la crise financière met en péril sa pérennité et risque de permettre aux insurgés de regagner du terrain.

Inquiétude internationale sans engagements financiers

La conférence, à laquelle ont participé des représentants de l’ONU, de l’Union africaine, du gouvernement somalien ainsi que plusieurs pays donateurs, dont le Royaume-Uni, s’est achevée sans annonce d’engagements financiers concrets.

Guterres a qualifié ce manque de résultats de « retard dangereux » aux conséquences potentiellement durables.

Des rapports onusiens ont averti qu’en l’absence d’un soutien financier urgent, un vide sécuritaire pourrait émerger dans les zones libérées, menaçant la stabilité non seulement en Somalie, mais dans toute la Corne de l’Afrique.

La mission de l’Union africaine souffre d’un déficit de financement estimé à 96 millions de dollars, hérité de la précédente mission ATMIS.

Lors d’une réunion extraordinaire en avril dernier à Entebbe, en Ouganda, les pays contributeurs en troupes avaient appelé à une mise en œuvre rapide de la résolution 2719 du Conseil de sécurité (2023), qui prévoit un mécanisme de financement des missions africaines de maintien de la paix via les contributions onusiennes.

Cette résolution permet de couvrir jusqu’à 75 % du budget de la mission par le biais de l’ONU, ce qui pourrait constituer une solution d’urgence pour éviter l’effondrement de la mission africaine en Somalie.

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