Grand Maghreb

Kaïs Saïed intensifie sa confrontation avec les Frères musulmans : La reddition de comptes arrive et nul n’est au-dessus de la loi 


Le président tunisien Kaïs Saïed a entamé une nouvelle phase d’escalade politique à l’encontre des Frères musulmans en Tunisie, représentés principalement par le mouvement Ennahda. Il a affirmé clairement que l’ère de l’immunité était révolue et que la reddition de comptes concernerait tous ceux qui ont enfreint la loi. Ce message a été formulé lors d’une rencontre avec la cheffe du gouvernement, Sara Zafrani Zenzeri, où il a insisté sur le fait que le peuple tunisien n’est plus dupe des « vieux stratagèmes » et que ceux qui se croyaient au-dessus des lois seront bientôt confrontés à la justice.

Les déclarations du président s’inscrivent dans un contexte politique tendu et reflètent une volonté ferme de démanteler les réseaux d’influence qu’Ennahdha a implantés au sein des institutions de l’État depuis 2011. Kaïs Saïed a souligné que « ceux qui ont tenté de tendre des pièges sont tombés dans leurs propres filets », allusion aux manœuvres des Frères visant à fragiliser les institutions par le biais de loyautés partisanes et de nominations douteuses.

L’analyste politique Abdelmajid Al-Adwani a indiqué que les propos du président marquent le début d’une phase de révision en profondeur de l’héritage laissé par la mainmise des Frères sur les rouages de l’État. Il a ajouté que certains dirigeants de l’organisation, installés à l’étranger comme Rafik Abdel Salam et Radwan Al-Masmoudi, poursuivent leurs tentatives d’influence à travers des campagnes médiatiques et politiques visant à ternir l’image de la Tunisie à l’international. Toutefois, ces efforts rencontrent un échec croissant à mesure que l’organisation perd de son influence interne et de sa base populaire.

Parallèlement, depuis septembre 2023, le gouvernement tunisien mène une vaste opération d’audit concernant les nominations effectuées durant la décennie qui a suivi la révolution, en particulier celles suspectées d’irrégularités ou fondées sur de faux documents. Cette démarche est appelée à devenir un instrument central pour restructurer l’appareil administratif et révéler l’ampleur de l’ancrage des Frères au sein de l’État, ce qui pourrait entraîner une vague de révocations et éventuellement de poursuites judiciaires.

Les observateurs estiment que les prochains jours pourraient apporter des mesures concrètes traduisant le discours présidentiel en décisions effectives, notamment l’ouverture de dossiers judiciaires ou la mise en cause de responsables impliqués dans l’exploitation des institutions publiques. En retour, il est probable que le mouvement Ennahdha et ses alliés intensifient leur rhétorique médiatique ou cherchent à mobiliser la rue. Cependant, les indicateurs actuels montrent que le terrain politique et populaire ne leur est plus favorable.

Par cette escalade, Kaïs Saïed dessine les contours d’une nouvelle étape placée sous le signe de la reconquête de l’État face aux logiques de clientélisme partisan, et de l’ouverture d’un cycle de reddition de comptes qui pourrait redéfinir l’avenir politique de la Tunisie : entre un projet présidentiel porté par le mot d’ordre de « justice » et une organisation islamiste tentant de préserver les restes de son influence.

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