‘Je l’ai supplié’… Harris révèle la position de Biden sur la guerre de Gaza

Entre les lignes de ses nouvelles mémoires, Kamala Harris dévoile son désaccord caché avec Joe Biden, lorsqu’elle l’a imploré de montrer de la compassion envers les victimes de Gaza.
L’ancienne vice-présidente et candidate démocrate à la présidentielle, Kamala Harris, affirme qu’elle se blâme en partie pour la « témérité » qui a conduit Joe Biden à briguer un second mandat.
Évoquant un passage de ses mémoires dans lequel elle qualifie les démocrates d’imprudents pour avoir poursuivi la candidature de Biden, Harris a déclaré hier à la chaîne MSNBC qu’elle ne s’exonérait pas de cette critique.
« Lorsque j’écris cela, expliqua-t-elle, c’est parce que je réalise que j’avais une responsabilité particulière à assumer. Donc, quand je parle de témérité, je parle surtout de moi-même. »
Harris se présentera-t-elle en 2028 ?
Interrogée sur une éventuelle candidature en 2028, Harris a refusé de se prononcer, soulignant que ce n’était « pas sa priorité actuelle ».
Lors de cette première grande interview consacrée à la promotion de son nouveau livre, 107 Days, Harris a repris un ton plus ferme, critiquant sévèrement l’ancien président Donald Trump, qu’elle a qualifié de « tyran ».
Elle a également attaqué les dirigeants d’entreprise, les qualifiant « d’arrogants », accusés de faillir à leur rôle de garde-fous pour le capitalisme et la démocratie.
Gaza : Biden aurait-il pu stopper la guerre ?
Dans un autre passage de son ouvrage, Harris exprime sa frustration envers Biden à propos de Gaza.
Elle affirme que l’ancien président n’a pas su témoigner de compassion envers les civils palestiniens tués par Israël en représailles aux attaques du Hamas du 7 octobre, selon des extraits rapportés par Axios.
« J’ai supplié Joe, écrit-elle, lorsque il s’exprimait publiquement sur cette question, de montrer la même empathie envers les souffrances des innocents à Gaza que celle qu’il avait manifestée pour les Ukrainiens. »
Mais il n’a pas pu le faire. Alors qu’il déclarait avec ferveur : « Je suis sioniste », ses propos sur les Palestiniens innocents paraissaient insuffisants et artificiels, selon Harris.
Elle estime que cette position a nui à sa popularité lors des élections de 2024, considérant que le « chèque en blanc » semblant accordé par Biden au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a contribué au recul des démocrates.
« Netanyahou ne se souciait pas de la loyauté de Biden envers Israël… Ce qu’il voulait, c’était Trump, pas Joe ni moi », a-t-elle ajouté.
Selon Axios, ces propos marquent une tentative claire de Harris de se démarquer de Biden, alors qu’elle ne l’avait pas fait lors de la campagne précédente.
Biden et Gaza : un désaccord croissant
De son côté, Biden s’était montré irrité, en privé comme en public, face à la stratégie de Netanyahou. En mars 2024, il avait déclaré : « Vous ne pouvez pas accepter la mort de 30 000 Palestiniens supplémentaires au nom de la lutte contre le Hamas. Il existe d’autres moyens de gérer ce mouvement », qualifiant ce bilan de « ligne rouge ».
En avril 2024, il avait ajouté qu’Israël « n’avait pas fait suffisamment d’efforts pour protéger les civils ».
L’impact de Gaza sur l’avenir politique de Harris
Harris reconnaît que les manifestations liées à Gaza ont influencé sa décision lorsqu’elle a choisi son colistier l’an dernier.
Elle affirme soutenir la sécurité d’Israël, tout en critiquant vivement Netanyahou. Elle écrit :
« Je crois qu’Israël a le droit de répondre aux atrocités du 7 octobre. Mais la violence excessive de Netanyahou, le nombre de femmes et d’enfants palestiniens tués, et son incapacité à donner la priorité à la vie des otages, ont affaibli la légitimité morale d’Israël et fracturé la société israélienne. »
Elle ajoute également avoir regretté qu’aucun représentant palestinien n’ait pu s’exprimer lors de la convention démocrate, mais souligne que son discours sur Gaza avait une portée politique cruciale.
Enfin, elle confesse avoir ressenti une profonde frustration face aux militants de gauche qui perturbaient ses rassemblements électoraux en raison de la guerre.