Tandis que l’influence des Frères musulmans grandit au Royaume-Uni… Alerte urgente et feuille de route pour s’en prémunir

La menace que représentent les Frères musulmans ne se limite pas au Moyen-Orient. Elle s’étend à l’Occident, où le mouvement tente d’influencer les sociétés et les politiques locales, ce qui rend l’action urgente.
Sous le titre « Le Royaume-Uni doit prendre conscience de l’expansion de l’influence des Frères musulmans », l’analyste politique britannique Ghanem Nuseibeh a averti que Londres ne pouvait plus rester en marge alors que le reste du monde prend des mesures contre cette organisation qualifiée de terroriste.
Nuseibeh écrit dans un article publié sur le site de la radio britannique LBC : « Depuis sa fondation en 1928, le groupe a toujours appliqué son slogan “L’islam est la solution”. Elle a commencé en Égypte, mais s’est rapidement propagée partout où des communautés musulmanes existent, y compris au Royaume-Uni. »
Il ajoute : « Bien que les Frères musulmans se présentent comme une organisation pacifique et démocratique, leur idéologie, leurs pratiques et leurs activités dans les sociétés occidentales ont suscité une large controverse. » Leur objectif déclaré reste l’établissement d’un État régi par la charia dans le cadre d’un califat, dont les valeurs centrales incluent l’antisémitisme et l’hostilité au christianisme.
Stratégie de pénétration
Le mode d’action du groupe, selon Nuseibeh, se compose de deux volets : la mobilisation populaire et l’accroissement de l’influence.
Le premier consiste à exploiter les causes sociales pour s’ancrer dans les communautés, par la gestion de mosquées, l’organisation de services comme des clubs sportifs et des écoles de langues, devenant ainsi une partie intégrante du tissu social.
Le second repose sur la recherche d’influence, notamment au sein du gouvernement et des administrations locales, en exploitant les failles permettant de peser sur les politiques au profit de leurs intérêts.
Menace pour le Royaume-Uni et expériences internationales
L’auteur cite la France, où un rapport gouvernemental a mis en garde contre « une infiltration progressive ». Le président Emmanuel Macron a demandé à son gouvernement de trouver des solutions face à ce défi.
Le même scénario, observe Nuseibeh, se produit au Royaume-Uni, où les Frères musulmans emploient des méthodes similaires pour influencer divers niveaux décisionnels.
Les menaces actuelles et la feuille de route
Selon Nuseibeh, l’une de leurs tactiques est d’imposer une définition de l’« islamophobie » visant à criminaliser les critiques de l’islamisme, tout en dépeignant l’Occident comme décadent et hostile à l’islam.
Il estime que Londres n’a pas de stratégie claire pour faire face à cette menace. Le rapport gouvernemental de 2015 avait conclu à ne pas interdire le groupe, contrairement à plusieurs pays arabes qui la classent organisation terroriste. Il insiste donc sur la nécessité d’une étude exhaustive des activités du groupe au Royaume-Uni, à l’image du rapport français, et sur l’élaboration d’un plan d’action national pour protéger la sécurité du pays.
Certains membres actuels du Parti travailliste négligent ce problème, rappelle-t-il, contrairement à l’ancien Premier ministre Gordon Brown qui avait interdit l’entrée de Youssef al-Qaradawi, le guide spirituel des Frères musulmans, sur le sol britannique.
Il note également que la Turquie a reconnu la menace et pris des mesures contre eux, poussant nombre de leurs membres à se réfugier au Royaume-Uni, surtout face à l’hostilité croissante de la France à leur égard.
Nuseibeh conclut : si le gouvernement britannique ne prend pas de mesures fermes pour interdire le groupe, la menace continuera de croître et leur influence s’étendra, mettant en danger les communautés musulmanes modérées ainsi que les valeurs démocratiques britanniques elles-mêmes.
Un engagement vers l’interdiction ?
Au début du mois, Nigel Farage, chef du Reform Party, s’est engagé à interdire les Frères musulmans en les classant comme « organisation terroriste » s’il était élu Premier ministre.
Cette déclaration s’inscrit dans une tendance plus large en Occident, où la conscience des dangers liés au mouvement a ravivé le débat sur son interdiction.
Amr Abdel Moneim, chercheur en islam politique, a confirmé que cette annonce reflète la prise de conscience du danger croissant que représentent les Frères musulmans dans les sociétés occidentales.
Il a souligné qu’au Royaume-Uni, leurs activités s’organisent autour de trois axes : l’action caritative, les organisations de défense des droits, et les activités médiatiques, auxquelles s’ajoute une présence significative dans le domaine de l’investissement.