Politique

Netanyahu promeut l’émigration volontaire des Palestiniens au milieu de négociations secrètes avec Juba


Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a affirmé mardi que son pays « permettra » aux habitants de Gaza souhaitant fuir la guerre en cours de migrer vers l’étranger, alors qu’un rapport américain a révélé l’existence de discussions entre Tel-Aviv et Juba en vue de les transférer vers cet État d’Afrique de l’Est.

Interrogé lors d’un entretien en hébreu avec la chaîne internationale « i24 News » sur la possibilité d’une émigration des habitants de Gaza, Netanyahu a répondu que « cela se produit dans tous les conflits », ajoutant : « Nous le permettrons, pendant les combats et après ».

Il a précisé : « Nous leur donnons l’opportunité de quitter d’abord les zones de combat, puis la bande de Gaza dans son ensemble, s’ils le souhaitent », citant l’exemple de réfugiés ayant quitté la Syrie, l’Ukraine ou l’Afghanistan lors de précédents conflits.

Depuis des années, Israël impose des restrictions strictes aux frontières de Gaza, empêchant de nombreux habitants de quitter le territoire. « Nous le permettrons à l’intérieur de Gaza, en premier lieu pendant les combats, et nous leur permettrons certainement aussi de quitter Gaza », a-t-il insisté.

Netanyahu a affirmé être en discussion avec plusieurs pays susceptibles d’accueillir ces déplacés, sans toutefois en donner la liste, estimant que « tous ceux qui expriment leur inquiétude pour les Palestiniens et veulent les aider devraient leur ouvrir leurs portes ».

Toute tentative visant à contraindre les Palestiniens à quitter leurs terres rappellerait le souvenir de la « Nakba » de 1948, lors de la création de l’État d’Israël.

Plus tôt cette année, l’ancien président américain Donald Trump avait suscité la controverse en proposant publiquement que les États-Unis prennent le contrôle de Gaza et expulsent ses 2,4 millions d’habitants vers l’Égypte et la Jordanie. Netanyahu avait déjà évoqué la recherche de « pays tiers » susceptibles d’accueillir les habitants de Gaza, dans la foulée de la proposition de Trump, tout en suggérant de transformer la bande en destination touristique.

Des ministres de l’extrême droite israélienne ont également appelé au départ « volontaire » des Palestiniens de Gaza. La semaine dernière, le cabinet de sécurité israélien a approuvé des plans visant à étendre l’offensive et à prendre le contrôle de la ville de Gaza, qui abrite environ un million de personnes.

La majorité des habitants de Gaza ont déjà été déplacés au moins une fois depuis le déclenchement de la guerre, à la suite de l’attaque du Hamas contre le sud d’Israël en octobre 2023.

Selon l’agence Associated Press, Israël mène des discussions avec le Soudan du Sud pour « transférer » des Palestiniens de Gaza vers ce pays, dans le cadre d’un projet de déplacement forcé soutenu par Washington, mais largement rejeté par la communauté internationale, en raison de sa violation du droit international et humanitaire.

Citant six sources informées, l’agence a indiqué que ces pourparlers avaient déjà eu lieu, bien qu’il ne soit pas clair à quel stade ils se trouvent. Le Soudan du Sud, en proie à une grave crise économique et marqué par des années de guerre civile, n’a pas commenté l’information. Le ministère israélien des Affaires étrangères a refusé de réagir, et son homologue sud-soudanais n’a pas répondu aux questions à ce sujet. Le département d’État américain a également refusé tout commentaire sur ces négociations.

Associated Press souligne que si un accord voyait le jour, il permettrait au Soudan du Sud de renforcer ses relations avec Israël et offrirait une opportunité de concrétiser le projet de Trump, bien que celui-ci semble avoir abandonné l’idée ces derniers mois.

L’agence rappelle que des discussions similaires ont été engagées par Israël et les États-Unis avec le Soudan, la Somalie, ainsi que la région séparatiste du Somaliland, sans que l’on sache ce qu’il est advenu de ces initiatives.

Le quotidien israélien Yediot Aharonot rapporte pour sa part qu’Israël mène des pourparlers avec cinq pays, dont le Soudan du Sud, pour accueillir les déplacés forcés de Gaza. La semaine dernière, le vice-ministre des Affaires étrangères sud-soudanais s’est rendu en Israël, sans que des détails supplémentaires ne soient fournis.

La chaîne 12 israélienne a également affirmé que le chef du Mossad, David Barnea, avait rencontré à Washington l’envoyé américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour lui demander son aide dans le transfert de centaines de milliers de Palestiniens vers des pays comme la Libye, une information vigoureusement démentie par Tripoli et l’ambassade américaine en Libye.

De façon récurrente, la presse israélienne fait état de discussions supposées avec divers pays pour accueillir des habitants de Gaza dans le cadre de cette « relocalisation forcée », mais ces informations sont rapidement réfutées par les parties concernées. Des observateurs estiment que ces annonces visent à faire croire qu’un tel scénario pourrait trouver preneur, malgré un rejet international unanime.

Depuis le 7 octobre 2023, avec le soutien des États-Unis, Israël mène une offensive militaire à Gaza qualifiée de génocide par de nombreuses ONG, combinant bombardements, privations, destructions massives et déplacements forcés, en dépit des injonctions de la Cour internationale de justice. Le bilan humain fait état de plus de 61 599 morts palestiniens et 154 088 blessés, en majorité des femmes et des enfants, ainsi que plus de 9 000 disparus, des centaines de milliers de déplacés internes et une famine ayant causé la mort d’au moins 227 personnes, dont 103 enfants.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page