Politique

De Hassm à Midan : les Frères musulmans d’Égypte tentent une nouvelle fois de jouer la carte du chaos


Alors que Le Caire annonçait avoir déjoué un complot terroriste mené par le mouvement « Hassm », des analystes ont observé en arrière-plan ce qu’ils qualifient de « réactivation d’une cellule dormante des Frères musulmans » sous une nouvelle bannière : « Midan ».

Cette association, qui s’est mise en avant au moment même où le dernier complot était révélé, dans ce qui semble être un mouvement coordonné, est dirigée par plusieurs cadres des Frères musulmans en exil en Turquie. Elle est utilisée par ce que l’on appelle le « Courant du changement » comme un outil de pression et de menace contre l’État égyptien.

Ce courant suit une stratégie déjà éprouvée par l’organisation : présenter un front politique avec des programmes et des alliances déclarées – comme stipulé dans son document fondateur – tout en menant des opérations clandestines sous couvert d’organisations à vocation civile.

Fait significatif : l’un des principaux dirigeants du projet « Midan » est Yahya Moussa, un cadre des Frères musulmans résidant en Turquie, que les autorités égyptiennes accusent d’être l’architecte du dernier complot terroriste.

Tandis que l’association est restée silencieuse sur l’échec du complot, elle a activement promu son nouveau plan politique, dont les fondations restent fidèles à la structure des Frères musulmans : un projet politique en façade et des branches armées opérant dans l’ombre.

Malgré la célébration récente par les Égyptiens du 12e anniversaire de la chute des Frères musulmans – classés organisation terroriste en Égypte – le mouvement « Midan » a ouvertement indiqué son intention de réintégrer les figures de l’organisation dans un projet qu’il estime seul capable de réussir.

Que sait-on de « Midan » ?

Selon plusieurs sources concordantes, l’organisation connue sous le nom de « Midan », fondée par le cadre des Frères musulmans en fuite, Reda Fahmy, est une émanation directe de l’organisation pour la mise en œuvre de ses actions violentes.

Active ces derniers mois, « Midan » a plusieurs fois appelé à organiser des manifestations dans le but de semer le chaos, en coordination avec des plans d’action violents et des attentats visant à réinsérer les Frères musulmans dans le paysage politique égyptien.

Agissant en coordination entre les Frères musulmans et des figures salafistes également en exil, cette structure représente une nouvelle « pépinière du terrorisme », séduisant la jeunesse par des slogans révolutionnaires et un appel au changement par la force. Elle utilise notamment le prétexte du soutien à Gaza pour justifier ses appels à l’action, comme le montrent ses dernières publications sur sa page Facebook.

En janvier 2022, Reda Fahmy a annoncé lors d’une conférence à l’étranger la création de l’association « Midan », sous le thème : « La jeunesse du changement – Une décennie de lutte et un pas vers l’avenir ». Il y a ouvertement évoqué le recours à la violence et à la mobilisation armée, déclarant que « cette étape est critique, car les contre-révolutions pensent avoir gagné et que le courant révolutionnaire a perdu ses moyens ».

Une question de timing stratégique

Le Dr Hicham El-Naggar, expert en mouvements islamistes, déclarait précédemment que cette résurgence est typique de la stratégie des Frères musulmans en période de crise ou d’échec, lorsqu’ils cherchent à revenir par la force.

Il souligne que le groupe annonce publiquement ses intentions politiques par une vitrine légale, tout en menant un travail souterrain militaire via des associations ou centres déguisés. Ce double discours est illustré dans le document du « Courant du changement ».

Pour El-Naggar, ce retour de figures radicales est « un aveu d’échec », une tentative de réactiver une mouvance qui n’a fait que récolter échec et violence à travers attentats et assassinats. Ce retour reflète également l’incapacité des deux factions internes, dirigées respectivement par Mahmoud Hussein et Ibrahim Mounir, à résoudre la crise de direction de l’organisation.

Il ajoute que la remise en avant de ces figures violentes s’inscrit aussi dans une lutte interne pour le pouvoir, certains espérant accéder à une part de l’influence et des financements extérieurs après avoir été longtemps marginalisés.

Depuis la chute des Frères musulmans en 2013, leurs tentatives pour semer le chaos en Égypte n’ont jamais cessé, mais elles échouent systématiquement face à la vigilance des services de sécurité et à la conscience politique du peuple égyptien.

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