Politique

Des affrontements autour de Soueïda brisent la trêve : Washington appelle à une nouvelle identité syrienne unifiée


Des affrontements ont éclaté autour de la ville de Soueïda, au sud de la Syrie, violant un accord de cessez-le-feu annoncé vendredi soir par les États-Unis entre Israël et la Syrie. Ces heurts entre combattants druzes et tribus sunnites, malgré les déclarations officielles de cessez-le-feu, ont provoqué la mort de centaines de personnes et déplacé des dizaines de milliers d’habitants en moins d’une semaine.

L’envoyé spécial américain en Syrie, Tom Barack, a déclaré que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président syrien par intérim Ahmad Al-Sharaa étaient parvenus à un accord de cessez-le-feu, deux jours après que l’aviation israélienne a bombardé des positions officielles et des installations militaires à Damas.

Dans une déclaration sur la plateforme X, Barack a exhorté les Druzes, les Bédouins et les Sunnites à déposer les armes et à œuvrer, aux côtés des autres minorités, à la construction d’une nouvelle identité syrienne unifiée, fondée sur la paix, la prospérité et la coexistence avec leurs voisins.

La présidence syrienne a confirmé samedi un cessez-le-feu « immédiat et total », appelant toutes les parties sans exception à s’y conformer et mettant en garde contre toute violation qui serait considérée comme une atteinte à la souveraineté nationale, susceptible d’entraîner des poursuites légales.

Dans le même temps, le ministère de l’Intérieur a annoncé le déploiement des forces de sécurité à Soueïda afin de « protéger les civils et mettre fin au chaos », selon son porte-parole Nour Eddine Al-Baba. Ce dernier a affirmé que l’État poursuivait ses efforts, à travers ses institutions politiques et sécuritaires, pour restaurer l’ordre et la stabilité dans la région.

Malgré l’annonce d’un cessez-le-feu, les combats entre membres de tribus sunnites et combattants druzes se sont poursuivis vendredi, notamment à l’entrée ouest de Soueïda, selon des témoins et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui a également rapporté des bombardements sur certains quartiers de la ville.

Selon l’OSDH, depuis dimanche dernier, ces affrontements ont causé la mort de 638 personnes. Ces violences, dans lesquelles Israël est intervenue, mettent en péril les efforts du gouvernement transitoire dirigé par Al-Sharaa pour affirmer son autorité sur l’ensemble du territoire syrien, sept mois après la chute du régime précédent.

Les combats remettent en question la capacité des nouvelles autorités à gérer la diversité ethnique et religieuse du pays dans un contexte de tensions confessionnelles.

La situation humanitaire dans Soueïda est critique. L’hôpital public de la ville est débordé, manquant d’eau, d’électricité et de médicaments. Selon le personnel médical, plus de 400 corps ont été admis depuis lundi, parmi lesquels des femmes, des enfants, des personnes âgées et des combattants. Les médecins et infirmiers, peu nombreux, peinent à traiter le flux continu de blessés.

Israël a annoncé l’envoi d’une aide humanitaire d’une valeur de 600 000 dollars, incluant des denrées alimentaires et des fournitures médicales. De son côté, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a appelé à la fin immédiate des violences et à l’ouverture d’enquêtes indépendantes.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a rapporté que près de 80 000 personnes ont été déplacées par les combats à Soueïda.

Parallèlement, Israël a nié avoir effectué de nouvelles frappes dans la nuit de jeudi à vendredi, contrairement à ce qu’a affirmé l’agence officielle syrienne (SANA). Néanmoins, Tel-Aviv avait menacé d’intensifier ses raids si les troupes gouvernementales syriennes ne se retiraient pas de Soueïda, affirmant vouloir protéger la minorité druze.

Les combats ont éclaté initialement à la suite de l’enlèvement d’un marchand druze, ce qui a entraîné des représailles en chaîne. L’intervention des forces gouvernementales, qui auraient selon des témoins soutenu les tribus bédouines, a été vivement critiquée par des factions druzes locales.

Des miliciens sunnites venus de plusieurs régions syriennes ont rejoint les affrontements pour appuyer les Bédouins. Le cheikh Ali Al-Inad, à proximité du village druze de Wulgha, a déclaré que ses hommes avaient répondu à l’appel des Bédouins. Le village a depuis été partiellement incendié.

L’OSDH indique que ce déploiement tribal a été facilité par le retrait des troupes gouvernementales, contraint par les menaces israéliennes.

La communauté druze en Syrie est estimée à 700 000 personnes, concentrées essentiellement dans la province de Soueïda. L’inquiétude grandit face à l’escalade de la violence dans la région. La Croix-Rouge internationale a exprimé une profonde préoccupation quant à la détérioration rapide de la situation humanitaire.

Le président russe Vladimir Poutine a, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, exprimé vendredi son inquiétude face aux violences en Syrie et appelé à la stabilisation urgente de la région.

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