Politique

Hasm revient sur le devant de la scène : une vidéo d’entraînement fait craindre une nouvelle menace pour l’Égypte


Une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux vendredi a suscité l’inquiétude et de nombreuses interrogations quant à un possible retour de l’activité du groupe armé « Hasm« , classé organisation terroriste par les autorités égyptiennes et plusieurs pays occidentaux. La vidéo, de nature promotionnelle, contenait des menaces contre l’État égyptien et la promesse de nouvelles attaques.

On y voit un groupe d’individus masqués effectuer des exercices militaires avec des munitions réelles dans un lieu non identifié, accompagné d’une déclaration écrite annonçant la « renaissance du mouvement » et la poursuite de ce qu’il qualifie de « résistance ». Bien que les images ne comportent aucun repère temporel précis, leur diffusion coïncide avec une période régionale particulièrement tendue, soulevant de sérieuses questions sur ses objectifs, ses auteurs et le lieu de tournage.

Cette publication survient alors que la région est marquée par une escalade des tensions, notamment avec la guerre en cours dans la bande de Gaza et l’intensification de l’engagement militaire israélien au Liban Sud et en Cisjordanie. Dans ce contexte instable, le recours à des vidéos de propagande par des groupes extrémistes semble être une tentative délibérée de raviver des menaces sécuritaires internes en Égypte, en exploitant une conjoncture régionale critique.

Selon des analystes sécuritaires, le choix de ce moment vise à détourner l’attention des services de sécurité égyptiens et à semer le trouble à l’intérieur du pays, en suggérant une résurgence de l’activité terroriste. La vidéo fait également écho aux avertissements répétés des autorités quant à des tentatives de cibler la sécurité nationale à travers différentes frontières.

Le journaliste Nashaat El-Dihy a réagi à la vidéo dans son émission télévisée, soulignant qu’un tel message filmé n’est pas anodin, mais témoigne d’efforts pour réactiver des cellules terroristes dormantes qui misent sur la peur et la confusion politique pour renforcer leur influence. Il a déclaré : « Le retour du discours sur Hasm à ce moment précis suscite de forts soupçons quant à l’existence d’un soutien extérieur à ce mouvement, qu’il soit politique ou logistique », appelant les autorités à révéler qui est à l’origine de cette vidéo et où elle a été filmée.

De son côté, le chercheur spécialiste des mouvements islamistes, Maher Farghaly, estime que la vidéo a davantage une portée politique qu’elle ne prouve une capacité opérationnelle réelle du groupe. Selon lui, l’objectif serait plutôt d’exercer une pression médiatique et psychologique pour exiger la libération de dirigeants de la confrérie des Frères musulmans, ou d’envoyer des messages implicites en lien avec des négociations ou des tractations menées en secret.

Farghaly a ajouté que le groupe est conscient de la difficulté de reprendre une activité armée en Égypte comme avant 2019, en raison des opérations préventives menées par les services de sécurité et des pressions régionales et internationales sur les organisations extrémistes.

Le groupe « Hasm » est l’un des bras armés les plus marquants apparus après la destitution des Frères musulmans en 2013. Il s’est fait connaître en 2015 en revendiquant plusieurs attaques contre des responsables de la sécurité, dont l’assassinat d’un officier des services nationaux de sécurité, une tentative d’assassinat contre l’ancien mufti d’Égypte, Ali Gomaa, ainsi qu’un attentat à la voiture piégée devant l’Institut national du cancer au Caire en 2019, ayant fait plus de 20 morts et 30 blessés.

Le groupe a été désigné organisation terroriste par les États-Unis en janvier 2018, et par le Royaume-Uni en décembre 2017, une désignation impliquant le gel des avoirs et la surveillance des flux financiers liés à l’organisation.

À la lumière de cette nouvelle vidéo, la sécurité nationale égyptienne fait face à un double défi : la nécessité de sécuriser le territoire contre toute infiltration armée ou exploitation de l’instabilité régionale, et la pression croissante sur les frontières orientales et occidentales du pays, notamment à cause du conflit à Gaza, et des tensions au Soudan et en Libye.

Des sources sécuritaires ont confirmé que les services concernés traitent cette vidéo avec le plus grand sérieux et travaillent à identifier sa provenance et à en analyser le contenu technique pour en tirer d’éventuelles indications géographiques ou renseignement utiles.

Malgré l’effet alarmiste provoqué par la diffusion de la vidéo, des analystes estiment qu’elle ne traduit pas nécessairement une capacité réelle à mener de nouvelles attaques, mais pourrait faire partie d’une guerre psychologique menée par des acteurs cherchant à maintenir un climat de tension ou à faire pression dans le cadre de négociations.

Cela dit, ce type de propagande reste un rappel constant que la menace sécuritaire, même réduite sur le terrain, subsiste à travers la communication et l’incitation, et qu’il est impératif de maintenir une vigilance constante et d’agir de manière préventive face à tout signal similaire.

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